Le cyberactiviste et lanceur d'alertes camerounais Sébastien Ebala a été interpellé par les éléments du Secrétariat d'État à la défense (SED) pour répondre du motif d'"outrage à la tribu ou à l'ethnie et autres". Il avait insulté les taximen, les femmes ressortissantes des communautés des zones anglophones et les femmes Bamoun dans une vidéo en direct sur sa page Facebook officielle dénommée "Le dénonciateur". Il risque une condamnation en vertu de l'article 241 du Code pénal camerounais. Serge Aimé Bikoi livre des détails
Sébastien Ebala a été interpellé, très tôt en matinée, par les éléments du Secrétariat d'État à la défense (Sed).
Sébastien Ebala a été convoqué, le 9 mai 2023, "pour outrage à la tribu ou à l'ethnie et autres" par le lieutenant-colonel, Dieudonné Bialo, chef du service central des recherches judiciaires de la gendarmerie nationale de Yaoundé. Il n'a pas déféré à sa convocation le jeudi, 11 mai 2023 au Service central des recherches judiciaires(Scrj) de la gendarmerie nationale de Yaoundé. Il était, en effet, prévu que ce cyberactiviste et lanceur d'alertes s'y rende ce lundi, 11 mai, mais depuis qu'il a été notifié, il était à la recherche des avocats qui doivent l'assister de manière à s'y rendre. Mais en vain ! Cinq jours après, Ebala a été happé par les éléments du Sed. Selon des sources concordantes, il est, en ce moment, devant le procureur de la République pour répondre du motif qui lui est reproché.
En rappel, S. Ebala avait fait un direct d'une quarantaine de minutes sur sa page Facebook officielle dénommée "Le dénonciateur" le dimanche, 6 mai, au cours duquel il a insulté les taximen, les femmes ressortissant des communautés des zones anglophones, ainsi que les femmes Bamoun. Il les taxe de "femmes sales qui puent ayant la mauvaise haleine et qui, selon lui, doivent rentrer dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest parce que faisait partie des gens responsables de crise sécuritaire". C'est, sans doute, un propos d'un tel acabit qui l'épingle aujourd'hui au point d'être convoqué et, finalement, aux arrêts. Rappelons, dans la même veine, que Ebala risque une condamnation en jetant un regard holistique sur le code pénal amendé de 2019 au parlement. Concernant le motif "Outrage à l'ethnie ou à la tribu", l'article 241-nouveau- dispose: "Est puni d'un emprisonnement d'un an à deux ans d'une amende de 300.000 à 3.000.000 de Fcfa celui qui, par quelque moyen que ce soit, tient des discours de haine ou procède à l'incitation des violences contre des personnes en raison de leur appartenance tribale ou ethnique".
Serge Aimé Bikoi