Sécession du Cameroun : les USA ne cachent plus leur ambition

Les USA ne cachent plus leur ambition

Mon, 11 Oct 2021 Source: Le Messager

Un tweet du 8 octobre 2021 rend publique cette nouvelle au moment où le Premier ministre camerounais était sur le terrain de la paix dans les deux régions du pays. Une grande première venant des Etats-Unis.

« Nous savons tous comment la crise du Cameroun occidental va se terminer. Les anglophones gagneront leurs droits soit dans une véritable fédération, soit dans un Etat de rupture. Qu'il s'agisse de semaines, de mois, d'années ou de décennies, cela viendra. Le gouvernement camerounais devrait reprendre ses esprits », lit-on sur la toile. Pour une fois, celui qui était le Sous-secrétaire d’Etat américain pour les Affaires africaines de Donald Trump se fait plus que précis et dit clairement les deux options à la fin de la crise. Dans un premier temps, le respect des droits des anglophones pour lesquels ils ont pris les armes, se soldera de toute évidence par un retour à la Fédération, certainement comme celle en cours entre octobre 1961 et 20 mai 1972. Au moment où le pouvoir a opté définitivement pour la forme unitaire décentralisée de l’Etat, il devient difficile de voir comment le pouvoir peut encore faire marche-arrière dans sa démarche de la résolution du conflit.

C’est précisément pour cela que le même Tibor Nagy, toujours au courant de la semaine, s’inquiétait vivement au moment où Paul Biya envoyait Dion Ngute sur le terrain pour dialoguer avec les anglophones. « La crise anglophone du Cameroun a cinq ans. Mais le problème fondamental remonte au colonialisme. Je ne comprends pas pourquoi la France ne voit pas que son intérêt à long terme est d'aider les anglophones à faire valoir leurs droits plutôt que de soutenir la politique de la terre brûlée de Yaoundé qui ne peut pas gagner ! », lançait-il dans une publication précédente, convaincu que la France soutient le pouvoir de Yaoundé à ne pas céder à quelque autre forme de l’Etat. Pour rappel, on se soutient que la diplomatie américaine a été toujours constante pour rappeler à Yaoundé dès le début de la crise qu’il sera impossible de faire la paix par la voie militaire.

On se souvient aussi, que les Etats-Unis ont déjà déclaré par le passé que la sécession n’était pas une option au Cameroun. La dernière sortie du diplomate américain en livrant la deuxième option qui est la partition pure et simple du pays, livre une grande première, faut-il le reconnaître.Tibor Nagy n’est pas un nouveau venu sur ce dossier. Il est parti de Yaoundé en 1993 comme ambassadeur de son pays. On peut donc estimer qu’il est écouté sur ce dossier.

Une probable partition du Cameroun ?

Les nouvelles venant du terrain du conflit dans les deux régions troublées du pays, montrent les séparatistes en possession des armes sophistiquées de guerre à l’instar des lance-roquettes. Après avoir en deux attaques perfides, causé la mort d’une quinzaine de soldats au mois de septembre et dès le 1er octobre, posté des vidéos sur la toile, présentant des bandes armées en tenue militaire à Bali et ailleurs en pleine démonstration, l’opinion est avisée que de nouveaux acteurs sont entrés en jeu ou ont activé des réseaux dormants pour une grande nuisance. Toute chose qui montre que le conflit dans le Noso semble peu à peu sortir de la guerre asymétrique pour entrer dans le champ conventionnel. Avec une armée qui se construit et s’équipe au jour le jour, avec des soutiens multiformes en interne comme à l’extérieur du pays, on craint aussi que l’option de la séparation avec le temps ne s’impose à tous comme une réalité. C’est d’ailleurs là tout le sens de la sortie de Tibor Nagy. Plus le temps passe, plus l’unité du Cameroun est menacée avec le conflit anglophone en cours.

Les choses ne s’améliorent pas non plus pour le pays au moment où les rapports entre le France et les Etats-Unis ne sont pas au beau fixe. En évoquant la « politique de la terre brûlée » qu’il impute à la France, le diplomate questionne la dimension de l’influence que l’Elysée exerce auprès des autorités de Yaoundé. Emmanuel Macron en visite au Nigeria en 2019 avait déjà déclaré sans ambages qu’il faut que les dirigeants camerounais implémentent rapidement la décentralisation. Le Grand dialogue est venu avec le statut spécial accordé aux deux régions, sans changer grand-chose à la nature du conflit. Il faut bien noter que le diplomate américain parle du respect des droits des anglophones. La solution proposée est soit une « véritable fédération » au moment où la décentralisation n’est même pas encore un acquis. Un Etat indépendant, séparé de l’Etat du Cameroun est l’autre option, la pire. Au moment où toutes les volontés sont favorables au dialogue, n’est-il pas temps de se mettre à nouveau autour de la table au Cameroun, en y associant les acteurs de la colonisation, dont la Grande Bretagne, la France et les Nations Unies au premier chef ? Ces acteurs, à suivre les tweets de Tibor Nagy ont une des clés pour la fin des tourments du pays dans les deux régions anglophones.

Source: Le Messager