Sérail : ces stratèges qui évitent une fin humiliante à Biya

Ces stratèges qui évitent une fin humiliantes à Biya

Wed, 5 Jan 2022 Source: Le Messager

Hommes de pouvoir, hommes du système, technocrates, confidents et autres collaborateurs loyaux et fidèles, ils constituent une espèce de bouclier au président de la République qui cumule une quarantaine d’années de règne au trône sans jamais lâcher du lest.

Sous les feux des projecteurs en 2021, ils sont tout aussi attendus en 2022. Revue des troupes ! Veste sombre, boutonnée jusqu’au col, cravate bleue, lunettes noires sur le nez, Joseph Beti Assomo se tient droit, les pieds bien à l’intérieur du cercle blanc tracé sur le sol terreux pour lui indiquer sa place. Devant lui, des gradés aux bérets rouges, verts et bleus, des porte-étendards et des joueurs de cuivres. Ce 31 décembre 2021, c’est à Dschang, au cœur des convulsions sécessionnistes, que le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense (Mindef), a décidé de passer son réveillon de Saint Sylvestre. Loin des traditionnelles agapes prévues en pareilles circonstance, l’homme a choisi de faire d’une pierre deux coups : booster le moral des troupes et mettre la pression tous azimuts sur les bandes armées séparatistes qui font la pluie et le beau temps dans cette contrée.

Au-delà de la cérémonie de remise des épaulettes aux personnels des Forces de défense promus de la garnison de Dschang qu’il préside, pour le patron de la Défense que certains observateurs présentent comme le joker gagnant de Paul Biya, il est question de montrer à ces soldats qu’en dépit de ses absences si souvent remarquées, le président de la République, Chef des Armées, ne les oublie pas. Ce réveillon en famille, entouré de ses troupes, Beti Assomo en as fait une tradition depuis son arrivée au Mindef. Homme de stratégies, rigoureux, efficace, attentif aux sollicitations de ses hommes et très porté sur les résultats, l’ancien chef-terre a mis l’armée en confiance et ne boude jamais l’occasion d’aller sur le terrain. Beaucoup disent de lui qu’il est l’œil et l’oreille de Paul Biya au sein de la Grande muette. Un autre homme de pouvoir qui a le privilège de murmurer dans l’oreille du « capitaine du navire des Grandes opportunités », c’est bien Samuel Mvondo Ayolo.

C’est que la relation qui lie les deux hommes est avant tout, celle d’un père et de sa progéniture. Fils d’un riche exportateur de cacao de la région du Sud, le Directeur du Cabinet civil de la présidence de la République est aussi un des nombreux « fils » du Chef de l’Etat. Selon plusieurs sources concordantes, « ce diplômé de Sciences Po Paris avait déjà été adopté par la famille du chef de l’État alors que ce dernier était encore secrétaire général de la présidence de la République. Samuel Mvondo Ayolo a remplacé à la tête du Cabinet civil l’immense Martin Belinga Eboutou qui aura donné à ce poste une envergure encore jamais atteinte jusque-là », rapportent nos confrères de stopblablacam. D’après l’article 38 du décret du 9 décembre 2011 portant réorganisation de la présidence de la République, le directeur du Cabinet civil a trois domaines de compétences principaux : le protocole d’État, la communication et les affaires réservées du président de la République. Toutefois, dans la pratique, le ministre Samuel Mvondo Ayolo instruit d’autres ministres au nom du chef de l’État, il a la maitrise de l’agenda du président et est une source d’information pour ce dernier.

« Toutes choses qui font de ce diplomate affable et réservé une personnalité dont la sphère d’influence et de pouvoir dépasse largement les limites du décret du 11 décembre 2011 pour s’étendre aux affaires politiques domestiques et internationales du Cameroun ». Que dire de Louis Paul Motaze ? Lui qui a inscrit la date du 29 juillet 2021 dans les annales de l’histoire du Cameroun. Le pays sous sa conduite, a négocié et conclu avec succès un nouveau programme économique et financier appuyé par le Fonds monétaire international (Fmi) et couvrant la période 2021-2024. Grâce au ministre des Finances qui a reçu l’onction de Paul Biya pour conduire de bout en bout ce dossier délicat, la mise en œuvre de ce nouveau programme va permettre d’amorcer la reprise économique, d’atteindre une croissance forte, soutenue et inclusive adossée à des financements adéquats et une politique budgétaire compatible avec la lutte contre l’expansion de la pandémie à coronavirus (Covid-19). Mieux,la signature de ce nouveau programme avec le Fmi s’ouvre sur la mise en œuvre de la stratégie camerounaise de développement. Même si pour le Cameroun les défis économiques et financiers restent certes nombreux, l’on peut féliciter les efforts du Minfi dans la négociation entreprise. La confiance que le Fmi et les investisseurs dans les marchés internationaux manifestent à l’égard du label Cameroun ne constitue-t-il pas un motif d’encouragement, pour la poursuite des réformes menées par le Cameroun en vue de l’émergence économique et sociale du Cameroun à l’horizon 2035 ?

Idem pour Modeste Mopa Fatoing qui aime bosser dans la discrétion. Fervent adepte de la politique des résultats, il a placé son magistère à la tête de la Direction générale des impôts (Dgi) sous le signe des performances. Présenté comme le plus jeune directeur général des impôts nommé au Cameroun, Mopa Fatoing débarque à la tête de cette administration très stratégique en 2013, alors qu’il n’avait que 38 ans. Excellent agent au sein de l’administration fiscale qu’il maîtrise plutôt bien, il n’a pas perdu de temps pour faire remonter la courbe des recettes alors déclinante. Et depuis lors, les recettes fiscales du pays ne cessent de progresser, au fil des années. Tel est le résultat des nombreuses réformes mises en place par cet ancien conseiller en administration fiscale au Centre régional d’assistance technique pour l’Afrique de l’Ouest (Afritac Ouest) du Fonds monétaire international (Fmi).Parmi ces réformes, l’on peut citer la digitalisation des services, qui réduit au maximum le contact entre les agents du fisc et les contribuables, rencontre qui a souvent fait le lit de la corruption. La création ou la réorganisation des structures spécialisées pour le suivi des Pme et grandes entreprises a également permis un suivi plus serré des entreprises. Des réformes permettant au fisc de mieux renflouer les caisses de l’État.

Une trajectoire semblable à celle de Fongod Edwin Nuvaga, le Directeur général des Douanes dont les fruits de son dur labeur sont perceptibles six ans après sa nomination à ce poste par le Chef de l’Etat. Entre la modernisation du système d’information douanière et l’extension dans certaines régions de l’Application Sydonia ++, la consolidation de la démarche partenariale qui a produit d’excellents résultats, la signature de nouveaux contrats d’opérateurs agréés, le renforcement du dispositif de gestion du risque afin d’améliorer l’efficacité des contrôles douaniers en passant par la lutte contre la contrebande, la contrefaçon et les trafics illicites, l’homme a permis aux Douanes camerounaises d’être plus performantes et arrimées aux standards internationaux. Comment ignorer ses efforts en vue de la réduction des délais de passage des marchandises au Port de Douala, la gestion avec soin du transit des marchandises, la rationalisation des régimes et procédures dérogatoires et l’utilisation rationnel des personnels de la douane dont le redéploiement était l’une des attentes fortes à sa nomination ? S’il faut y greffer la réalisation des objectifs budgétaires de l’Etat, c’est le must.

Alain Noël Olivier Mekulu Mvondo Akame fait également partie de ces hommes clés du système Biya. Rigoureux ! L’expression revient lorsqu’on interroge le personnel de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) sur la gestion du directeur général de la Cnps depuis le 7 avril 2008, on en repart avec moins de doute, tellement le phénotype de l’homme dégage l’ascèse. Et les résultats de l’entreprise finissent de convaincre. En une dizaine d’années, les dépenses annuelles de fonctionnement (hors salaires) ont été réduites de 76%, passant de 17 à moins de 4 milliards de Fcfa ; et le portefeuille d’actifs a bondi de près de 85 milliards en 2015 à plus de 320 milliards en 2019, dont près de 221 milliards d’actifs liquides (près de 180 milliards de dépôts à terme et 41 milliards d’obligations).

Lorsque cet ancien inspecteur d’État arrive à la tête de cette entreprise publique, les réserves de trésorerie sont de seulement 13 milliards de Fcfa. Le fonds de retraite accumule même à cette époque une dette sociale et bancaire de 20 milliards de Fcfa. « Nous sommes partis pour les cinquante prochaines années sans difficultés particulières », affirmait-il récemment à nos confrères de investir au Cameroun. La Cnps assure, depuis le 03 novembre 2014, la protection sociale des travailleurs indépendants, qui peuvent s’immatriculer dans le cadre de l’assurance volontaire. Ce processus d’extension de la couverture sociale permet de s’immatriculer dans l’un des 38 centres de prévoyance sociale de l’organisme à titre volontaire dès l’âge de 14 ans, sous réserve de l’accord parental évidemment. A la Cnps, le souci est de soutenir le présent, tout en confortant l’avenir des assurés sociaux, nos véritables patrons.

On dit de Léopold Maxime Eko Eko qu’il est très écouté de Paul Biya puisqu’il est une source intarissable en matière de renseignements vrais. Présenté hier comme un monstre froid, la Direction générale des recherches extérieures (Dgre) a pour priorité aujourd’hui de mener la guerre contre le terrorisme, de soutenir la lutte contre le grand banditisme, de veiller à la protection du patrimoine économique et industriel du pays, et de lutter contre la corruption. La structure a toujours mauvaise réputation, mais la nomination, en 2010, de Eko Eko au poste de directeur général a été plutôt bien accueillie.

« Ce commissaire divisionnaire diplômé en intelligence économique, fervent chrétien qui connaît parfaitement la maison pour y avoir passé près de trente ans, est notamment connu pour avoir négocié la libération des neuf marins du Bourbon Sagitta, enlevés au large du Cameroun en novembre 2008. Il s’applique aujourd’hui à faire de la DGRE une unité d’intelligence géostratégique et de réflexion au service de l’État. Ainsi, ces dernières années, le service a-t-il considérablement investi dans le renseignement électronique », rapportent nos confrères de Jeune Afrique. Mieux, il a acquis du matériel dernier cri d’écoute et d’interception des communications. Ces moyens lui ont permis de déjouer plusieurs attentats terroristes. La Dgre a également acquis des drones d’observation affectés à la guerre contre Boko Haram.

Source: Le Messager