Des faits répétitifs montrent les incapacités de certains à partager avec le peuple souve- rain les temps de vaches maigres. Le cas le plus récent est celui du président de la commission des Finances et du budget du Sénat qui le confes- se dans une lettre qui ne finit pas de soulever des vagues sur la toile.
Les Camerounais connaissent-ils vraiment ceux des leurs à qui ils donnent leurs voix pour les représenter au sein des différentes institutions politiques tant au niveau national que local ? Savent-ils au moins que leurs malheurs se multiplient au fil des ans avec les mauvais choix dans les urnes ? Ont-ils conscience qu’il y a des élus qui se présentent comme des agneaux mais une fois en poste, se muent en loups ravisseurs ? On peut se demander au regard du niveau de vie toujours un peu plus princier de ces derniers, en parfaite rupture avec le peuple dans son ensemble frappé par la pauvreté, s’ils se préoccupent encore des électeurs une fois confortablement installés. Comment comprendre qu’au moment où l’opinion publique est chauffée à blanc sur le rôle réel joué par certaines institutions pour améliorer le quotidien des citoyens, la lettre de Laurent Nkodo adressée au président du Sénat se retrouve sur la place publique ? Qu’importe, cette communication pose sur la table la question de la recherche prioritaire du bien-être des élus au détriment des populations. C’est une tendance lourde désormais qu’on se fait élire d’abord et avant tout pour améliorer la qualité de sa vie et celle de ses proches. Il n’est donc pas question de se focaliser sur le contenu de la lettre du sénateur, mais de relever quelques aspects pour éclairer la préoccupation première de la majorité de nos élus. S’il est dans ses droits de réclamer le paiement des arriérés de ses avantages en tant que vice-président du Sénat, on peut s’interroger sur le fait que ce haut commis de l’Etat parle de « sa précarité financière résultant du changement brusque de sa qualité au sein du Sénat ». La perte de quelques privilèges personnels suffit-elle à fragiliser à ce point un dignitaire de la République ? « Vous avez sauvé la scolarité 2023 de mes fils. Aussi, vous m’avez épargné d’un Avc », écrit-il en remerciant Marcel Niat Njifendi qui a répondu favorablement à sa requête le 7 juin 2023. « Je m’étais engagé à inscrire mes enfants dans des formations scolaires à l’étranger avec un parcours académique sélectif qui offrent beaucoup de chance pour l’emploi avec des coûts conséquents.. », confesse-il in extenso. Cela aurait été peu de chose si cette situation était isolée. Que non ! Il y a quelques jours encore, le débat était houleux sur le montant de 2 milliards alloués à la construction de la phase 2 de la résidence du président du Conseil économique et social.
Croissance et la récession économiques
Dans la foulée, l’opinion éberluée apprenait qu’il avait en sus demandé une voiture d’apparat d’un montant de 120 millions de Fcfa. On se rappelle toujours qu’au sein du Sénat, un fonctionnaire de cette administration exigeait au président de l’institution un avion médicalisé pour lui permettre de rallier Yaoundé en toute quiétude, quittant un hôpital européen vers son pays. Il n’est pas dit que les élus du peuple, à quelque niveau que ce soit, doivent vivre dans l’indigence et la précarité. Il est dit qu’il est juste et indiqué que la population et les dirigeants partagent solidairement la croissance et la récession économiques. Il est dit qu’il est temps que nos municipalités, à l’heure où il est établi que la décentralisation effective est le passage obligé, soient tenues par des femmes et des hommes au leadership avéré et à la probité au-dessus de tout soupçon. Les Jeicom 2023, chapeautées par les Communes et villes unies du Cameroun (Cvuc), ont montré combien l’engagement des élus pour le bien-être des populations devient un impératif. Ils sont tenus de cravacher pour trouver des financements des projets communautaires à valeur ajoutée. Pendant ce temps, on ne le dit pas aussi assez, ceux de nos élus aventuriers qui se font élire pour jouir des avantages, on n’en veut plus. C’est dire combien les partis politiques qui investissent les candidatures devraient être assez regardants sur la capacité des uns et des autres à travailler pour le bien-être des populations. Le tout politique n’a plus de sens. C’est même une incongruité qui enfante des élus gâtés, des invétérés jouisseurs qui narguent la pauvreté des électeurs, déconnectés et distraits sur les impératifs au quotidien sur le chemin de la longue marche de l’émergence du pays.