Nouvelle escalade dans la crise électorale camerounaise. Le Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (MANIDEM) a publié un communiqué incendiaire ce lundi 28 juillet 2025, dénonçant un véritable « état de siège » autour de son siège social. Le parti de Maurice Kamto accuse les forces de défense et de sécurité d'entraver illégalement l'accès à ses locaux depuis le samedi 26 juillet au matin.
Cette dénonciation intervient dans un contexte particulièrement tendu, alors que la candidature de Maurice Kamto à la présidentielle d'octobre 2025 n'apparaît pas sur la liste provisoire des candidats retenus par ELECAM, publiée le 26 juillet dernier.
Selon le communiqué signé par BEDIMO KOUO, chargé de communication du bureau politique du MANIDEM, le siège du parti serait littéralement « pris d'assaut par les forces de défense et de sécurité » depuis samedi matin. Le document précise qu'une « escouade de policiers et de gendarmes largement renforcée vers 14h au moment de la lecture officielle des candidatures retenues par ELECAM » empêche désormais « tout accès au siège du parti ».
Cette mobilisation des forces de l'ordre coïncide étrangement avec l'annonce officielle de l'exclusion de Maurice Kamto de la course présidentielle, soulevant des interrogations sur les motivations réelles de cette mesure sécuritaire.
Le MANIDEM révèle un système de contrôle strict mis en place par les autorités. Seuls les militants du parti parviennent à obtenir « le permis de pénétrer dans leur permanence », tandis que « les hommes de médias sont strictement éloignés, écartés de la zone du siège à une distance de plus de 100 mètres ». Cette restriction rend « impossible de faire le moindre reportage ou de prendre des photos », dénonce le parti.
Cette limitation de l'accès des journalistes soulève des questions sur la liberté de la presse et le droit à l'information dans un contexte électoral déjà controversé.
Le communiqué du MANIDEM révèle un détail troublant : dimanche matin, les forces de sécurité étaient « également présentes sans aucun document, en toute illégalité ». Le parti qualifie d' « INCROYABLE » la justification fournie par le Sous-préfet, qui se serait rendu sur les lieux en fin d'après-midi de samedi et n'aurait « justifié cette présence massive des forces de défense et de sécurité que par le désir d'assurer la sécurité du Président du MANIDEM ».
Cette explication officielle ne convainc manifestement pas le parti, qui y voit plutôt une tentative d'intimidation politique.
Face à cette situation, le MANIDEM adopte une posture de fermeté. Le parti « dénonce avec la plus grande énergie cette séquestration » de son siège et annonce qu'il « va évidemment s'opposer à cette mesure à partir de lundi 28 juillet 2025 ».
Le communiqué précise que le MANIDEM n'acceptera plus que « les autorités filtrent les personnes qui accèdent à notre siège qui est ouvert à nos militants et aux kamerounais désireux d'adhérer au MANIDEM et de s'informer sur la position du MANIDEM ».
Le parti anticipe que cette présence policière pourrait se prolonger « plusieurs jours, peut-être jusqu'à la fin de proclamation de la décision du Conseil Constitutionnel ». Cette perspective laisse présager un bras de fer durable entre le MANIDEM et les autorités camerounaises.
Cette situation s'inscrit dans un contexte électoral déjà très tendu, marqué par l'exclusion de plusieurs candidatures d'opposition et les contestations qui s'ensuivent.
Le communiqué se termine par une formule devenue emblématique du parti : « LE MANIDEM DIT TOUJOURS CE QU'IL FAIT ET FAIT CE QU'IL DIT », suivie de la devise « La vérité finit toujours par triompher ». Ces phrases résonnent comme un défi lancé aux autorités et un message de persévérance adressé aux militants.
Cette « séquestration » du siège du MANIDEM, si elle se confirme, pourrait avoir des répercussions importantes sur le climat politique camerounais. Elle risque d'alimenter les tensions déjà vives autour du processus électoral et de renforcer les critiques concernant la liberté d'expression et de manifestation politique au Cameroun.
L'affaire soulève également des questions sur la proportionnalité des mesures sécuritaires et leur conformité avec les principes démocratiques, dans un pays qui se présente comme un État de droit.
La suite des événements sera scrutée de près par les observateurs politiques, alors que le Cameroun se dirige vers une élection présidentielle déjà marquée par de nombreuses controverses.