Sérail: Ousmane Mey et le gouverneur de l’Adamaoua à couteaux tirés

Alamine Ousmane Mey Ousmane Mey, le ministre des Finances

Wed, 17 Jan 2018 Source: cameroon-info.net

Le ministre reproche au gouverneur d’avoir envoyé en retraite, le contrôleur financier de la Communauté Urbaine de Ngaoundéré, sans l’en informer.

En fin d’année dernière, le gouverneur de la région de l’Adamaoua a notifié à Martin Mba Forzoh, contrôleur financier de la Communauté Urbaine de Ngaoundéré, son départ à la retraite. L’Œil du Sahel, dans son numéro du 15 janvier 2018, révèle que faisant suite à cette décision, Kildadi Taguiéké Boukar a adressé un message porté au délégué régional de la Sûreté national de l’Adamaoua.

Dans la foulée, le contrôleur financier qui n’entretenait pas de bons rapports avec le gouverneur, a été délogé manu militari de son bureau par les policiers ledit bureau a été scellé. Un intérimaire a été par la suite nommé. Une attitude qui n’a vraisemblablement pas plu au ministre des Finances Alamine Ousmane Mey.

Le 10 janvier 2018, c’était jour de lancement officiel à Ngaoundéré de l’exécution du Budget d’investissement public à dans la région de l’Adamaoua. La cérémonie a permis de constater que la déchirure était sérieuse entre le gouverneur et le ministre. Notre confrère retranscrit en effet une passe d’armes entre Kildadi Boukar et Mathurin Nang, sous-directeur du contrôle financier au ministère des Finances, représentant de Ousmane Mey.

C’est le gouverneur qui a pris la parole en premier. « J’ai lu la circulaire et je n’y trouve pas un article réservé à la gestion par le ministre des Finances du statut d’un contrôleur financier spécialisé. Nous sommes dans un Etat de droits ; cela suppose que toute action ou tout concept doit être soutenue par un encadrement juridique textuel. Alors, monsieur X est fonctionnaire, affecté comme contrôleur spécialisé auprès d’une collectivité territoriale donnée, il reste, à notre sens, jusqu’à preuve du contraire, fonctionnaire et régi par le statut de la fonction publique. C’est le texte que nous avons par devers nous et que nous devons appliquer. Alors, il arrive que ce monsieur X ait atteint l’âge de la retraite, et comme tel au vu des textes, doit libérer le plancher.

Et l’autorité administrative, dépositaire du pouvoir réglementaire, représentant du gouvernent et de chacun des ministres et donc, du ministre des Finances, doit jouer son rôle en invitant ce fonctionnaire frappé par l’âge de la retraite à quitter. Nous l’avons fait et jusqu’au moment où nous parlons, nous n’avons pas eu une contradiction de la part du ministre des Finances », a expliqué le gouverneur.

Prenant la parole à son tour, le sous-directeur du contrôle financier au MINFI qui a souligné qu’il ne parlait pas en son nom propre, a déclaré : « le ministre des Finances est bel et bien respectueux des lois ainsi que des institutions de la République. Mais simplement, le ministère des Finances voudrait que l’on permette à ses agents désignés pour l’exécution de telle ou telle fonction de le faire en toute quiétude. C’est pour cette raison que le ministère des Finances voudrait que, quand une action viendrait à être menée contre un de ses agents, on réfère d’abord à lui (…) Nous ne voulons pas dire que nous sommes un ministère à part, mais de par la délicatesse nos missions, le ministre des Finances tient vraiment à ce que son personnel soit frappé ou congratulé par lui après qu’on l’ait saisi, car c’est lui qui procède à leur nomination (…) C’est l’autorité qui a nommé qui doit démettre. Il me semble que c’est ainsi en droit administratif », a répliqué Mathurin Nang.

Reprenant la parole, le gouverneur n’a pas employé un langage diplomatique pour signifier son opposition. « Ce n’est pas convainquant. Il faut systématiser. Je ne suis pas convaincu par ce que vous venez de dire. Nous connaissons des institutions où les personnels sont immunisés dans notre pays : l’Assemblée Nationale, le Sénat et autres. Mais dire aujourd’hui que les fonctionnaires du ministère des Finances doivent être traités avec beaucoup d’égard et de prudence, c’est maintenant que je l’apprends.

Les Finances, c’est un service de l’Etat comme l’Elevage, l’Agriculture etc. N’oublions néanmoins pas que nous rendons compte et assumons entièrement nos responsabilités au niveau de l’unité qu’on nous a confiée. Sur la base de nos comptes rendus, le ministre est appelé à réagir. Il a le droit de sanction, d’annulation, de réformation etc. de l’acte que nous prenons à la base. Il ne faut pas qu’on s’en réfère généralement pour ne pas avoir de réponses à nos préoccupations », a ajouté Kildadi Boukar.

Source: cameroon-info.net