Sérail: voici le sapeur pompier de Paul Biya dans le gouvernement

Conseil Ministres Biya Paul BIya entouré de ses ministres

Thu, 14 Jun 2018 Source: Essigan N°94

Depuis 4 mois, Louis Paul Motaze est ministre des Finances. On se demandait bien ce que cet économiste allait faire aux Finances où trônait depuis 6 ans Alamine Ous- mane Mey présenté comme un as de la Finance.

À peine quelques mois après son arrivée aux affaires, le nouveau grand argentier national a débusqué quelques lièvres. Il a découvert que certains citoyens se servaient de l'Etat comme vache à lait.

D'aucuns bénéficiaient de multiples salaires, d'autres se sont fait fabriquer des matri- cules pour puiser abondamment dans les caisses de l'Etat. Le Cenadi, la cellule informatique, la direction de la Solde ressemblaient à des repaires de brigands à col blanc.

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Motaze n'est pas un faiseur de miracles mais un homme doué de l'élémentaire bon sens que M. Alamine, son prédécesseur semble avoir fermé à double tour dans un tiroir. Du coup, M. Motaze a ordonné un recensement physique de ceux qui émargent au budget de l'Etat. Pour voir clair. Les te- nants des réseaux mafieux se sont mis à trembler et à maudire Motaze « empêcheur de voler en paix ». Pour tenter de le décourager, on a sorti des arguments éculés et ridicules du genre il serait lui-même très riche.

Nous ne savons pas s'il est aussi riche que le soutiennent ses dé- tracteurs, mais il ne peut pas être vraiment pauvre. Il est plu- tôt de bonne famille. C'est le neveu de Jeanne Irène la première épouse du président Biya. Il grandit dans la résidence du futur président avec son frère qui deviendra aide de camp du président. Ce frère meurt tragiquement.

Au métier des armes, Louis Paul a préféré l'administration civile et les Finances. Il sort donc de l'Enam en 1984 dans une pro- motion avec des gens comme Sali Daïrou, Denis Oumarou, Jules Doret Ndongo, tous ministres ou anciens ministres.

Par Gilbert Tsala Ekani Il fait d'abord ses armes à Camship avant d'intégrer la Camair au poste de directeur commercial. Joël Didier Engo, fils de son père et ennemi juré de Motaze lui prête une fortune « colossale » dès cette époque.

Mais la vérité est que son nom n'a ja- mais été mêlé à un gros scandale. Il ira remplacer son mentor Pierre Désiré Engo au poste de DG de la caisse nationale et de prévoyance sociale (Cnps). Engo y martyrisait les vieillards, Motaze y amène un peu d'humanisme.

Il y passe près de 7 ans, y apportant un management rigoureux, loin des excentricités et des grossièretés de son prédécesseur qui finira en prison. Puis le président de la République en fait une première fois son ministre de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire (Minepat). Il a la haute main sur plein de projets et il y démontre une incroyable capacité de travail, doublée d'une parfaite connaissance des dossiers. Cela n'arrange pas quelques jaloux qui le bombardent « ministre du ciel et de la terre. »

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Motaze n'en a cure. Il potasse les dossiers et il séduit les bailleurs de fonds par son intelligence, son sens de la persuasion. Ses conférences de presse sont un délice pour les journalistes heureux de voir un ministre qui sait ce qu'il fait et où il va. Bien loin de ces excellences qui ânonnent un texte qu'ils ne comprennent pas eux-mêmes.

Monsieur Résultat

Motaze a horreur des discours creux, flagorneurs, inconsistants. Il prône l'efficacité, il veut les résultats. Lorsqu’il a été ministre de l'Economie pour la première fois, il devait mettre en route les projets dits structurants. Il connaît l'aptitude de certains fonctionnaires à faire traîner les choses pour continuer à percevoir des perdiems dans d'interminables réunions.

Il s'est donc impliqué lui-même dans ces projets. Ses détracteurs, les paresseux et les magouilleurs ont dénoncé à voix basse la boulimie, mais Motaze n'a rien voulu savoir. Il a lancé les projets. Les barrages, les ports, les routes, il a supervisé lui-même nombre de ces travaux. M. Résultat s'est dépensé sans compter. Et on a vu les résultats.

Muté au service du PM comme Secrétaire général, il a, au nom du Premier ministre coordonné l'action gouvernementale. On lui en a voulu. Par exemple quand il a organisé une importante réunion sur la télévision numérique avec des experts choisis méticuleusement pour leur compétence, Issa Tchiroma s'est souvenu brutalement qu'il était aussi ministre de la Communi- cation. Il a organisé une rencontre pour offrir des perdiems à ses amis. Une rencontre restée sans lendemain. Après un deuxième passage à l'Economie,

M. Motaze a été envoyé aux Finances. En moins de 6 mois il a découvert un énorme dossier de corruption suspendant six agents de la solde et perçant le mystère des matricules fictifs. Il a lancé l'opération de comptage physique des personnels de l'Etat. Ce que n'ont guère aimé ceux qui profitaient du flou laissé ou toléré par son prédé- cesseur Alamine Ousmane Mey.

Motaze croit avoir raison et il fonce. Le président a eu le nez creux de l'envoyer aux Finances où il doit faire face aux réseaux de l'autre. Mais l'homme a de la ténacité, du répondant. Il n'a pas les extravagances qu'on prêtait à Mebe Ngo'o autre « fils » du président. Des journaux sérieux font de lui quelqu'un qui peut aller loin, plus haut. Lui se contente de travailler à sa place.

Sans vagues ni velléité de pouvoir. Réclamant de ses collaborateurs des résultats, pas les blablas stériles et flagorneurs. Last but not least, c'est un monsieur qui sait ce qu'est le vivre ensemble. Nous apprenons que son épouse vient du Grand Nord, sa progéniture est donc du sang mêlé. Cela est un exemple vivant de brassage des peuples.

Source: Essigan N°94