SCOOP: Un collectif de militaires, gendarmes et policiers appelle à l'insurrection et reconnaît Issa Tchiroma Bakari

Recrutement Armee Cameroun Image illustrative

Wed, 29 Oct 2025 Source: www.camerounweb.com

Dans un développement sans précédent de la crise post-électorale camerounaise, un collectif composé de membres des forces de défense et de sécurité a publié ce mercredi 28 octobre une "Déclaration solennelle" appelant à l'insurrection populaire et reconnaissant la victoire d'Issa Tchiroma Bakari à l'élection présidentielle du 12 octobre 2025.

Le document de quatre pages, signé par plusieurs militaires, sapeurs-pompiers, gendarmes, policiers et corps associés, marque une fracture inédite au sein de l'appareil sécuritaire camerounais. Le collectif, qui se fait appeler "Collectif de Défense et de Sécurité pour la Libération du Peuple Camerounais et le Respect de la Volonté Réelle du Peuple", invoque l'article 39 du Code de justice militaire camerounais pour justifier sa démarche. Cette disposition légale, issue de la loi du 12 juillet 2017, leur permet selon eux de refuser d'obéir à des ordres qu'ils jugent contraires à l'éthique et à la loi.

Les signataires du document affirment être "pleinement conscients que l'obéissance à un ordre manifestement illégal, tel que défini par les règlements, engage la responsabilité pénale du subordonné". Ils refusent catégoriquement de qualifier le peuple camerounais de "rebelles" ou d'"émeutiers", arguant que les revendications portées par le peuple sont "entièrement légitimes et légales au regard du droit international et des principes fondamentaux de la démocratie". Le Haut Commandement et les autorités administratives actuelles exigent d'eux une soumission à des instructions qu'ils considèrent contraires à l'éthique et à la loi, ce qu'ils rejettent fermement.

Dans leur déclaration datée du 28 octobre 2025, les signataires affirment reconnaître "la victoire du Président élu Issa Tchiroma Bakari à l'élection présidentielle du 12 Octobre 2025". Selon eux, Issa Tchiroma Bakari est "le seul candidat, parmi les douze en compétition, à avoir rendu publics les résultats du scrutin par une méthode qu'ils estiment transparente et vérifiable à 100%". Ils contestent frontalement les résultats proclamés par le Conseil Constitutionnel le 27 octobre, qu'ils qualifient de "forfaiture, en contradiction flagrante avec la vérité des urnes et la volonté clairement exprimée par le peuple".

Le collectif va plus loin en appelant à ce que le serment du Président élu Issa Tchiroma Bakari soit respecté, le désignant comme "troisième Président de la République du Cameroun". Ils soutiennent que le gouvernement actuel et toutes les institutions de l'État qui valident les résultats proclamés s'inscrivent dans la forfaiture.

Le document contient un appel explicite à l'action civique et populaire, s'appuyant sur ce que les signataires présentent comme les leçons de l'histoire. Ils déclarent que "l'unité et la détermination populaires sont des forces irrésistibles" et affirment avec force que si seulement cinquante mille à cent mille personnes sortent dans chaque région, dans les villages, les quartiers et les villes, chaque jour, en trois jours au maximum, le régime de Monsieur Paul Biya tombera.

Les signataires affirment que l'effectif cumulé de toutes les forces de défense et de sécurité, y compris la garde présidentielle, est clairement inférieur à cent quarante mille personnes. Face à une marée humaine pacifique et déterminée, leur capacité d'action sera neutralisée, selon leur analyse. Le collectif lance alors un appel solennel : "Unissons-nous dès maintenant pour libérer le Cameroun de ce régime totalitaire et illégitime !"

Le collectif a élaboré une stratégie de résistance civile en plusieurs volets. Premièrement, ils appellent à bloquer systématiquement le pays en établissant des barrages pacifiques dans chaque village, chaque quartier, chaque carrefour et chaque ville, afin qu'aucun véhicule blindé ne puisse circuler. Ils proposent également de mettre en place un système de surveillance permanente par équipes de jour et de nuit, fonctionnant par cycles de huit heures, pour maintenir la pression.

Les signataires insistent sur la nécessité de neutraliser les moyens de répression. Les caméras de surveillance publique doivent être rendues inopérantes, selon eux. Une action déterminée et ciblée sur les commissariats, postes de police et brigades de gendarmerie est nécessaire pour paralyser la machine répressive et permettre au peuple de disposer de moyens de défense. Ils appellent aussi à fabriquer des boucliers en bois pour se protéger et à rester solidaires.

Dans un message d'encouragement aux populations, le collectif déclare : "N'ayez pas peur, chers compatriotes. Le changement est amorcé et la victoire est proche si nous restons fermes, persévérants, disciplinés et déterminés. Votre courage est le socle de notre avenir commun."

Les signataires proposent une tactique qu'ils nomment "Multi-Pronged Attack" ou "Attaque Multi-Axes". Cette stratégie consiste à attaquer impérativement en même temps chaque coin dans chaque village, quartier, et ville du pays afin de fatiguer l'appareil du régime oppresseur. Leur seul vrai ennemi, précisent-ils, est Paul Biya, pour l'évincement et rapidement en venir à bout.

Ces actions doivent se dérouler de jour comme de nuit, par des unités de volontaires se remplaçant en continu. Selon leur analyse, les forces loyalistes au régime illégitime ne pourront pas les contenir face à une telle mobilisation. Ils concluent ce volet stratégique par un ultimatum : "Arrêtons donc de simplement encadrer le mouvement du Peuple et passons à l'action. C'est maintenant ou jamais. Soit nous agissons et sauvons notre pays, soit nous serons complices de la tyrannie du régime dictatorial de Monsieur Paul Biya, le président déchu."

Le document contient un appel direct et pressant aux membres des forces armées restés loyaux au régime. Les signataires s'adressent à leurs camarades en ces termes : "Vous qui êtes encore l'instrument armé d'un régime illégitime, il est temps de revenir à la raison. Il est temps de vous ranger du côté de la justice, de la vérité et du peuple. La souffrance du peuple et ses revendications sont aussi les nôtres. Levons-nous pour la bonne cause, car cette lutte est aussi celle pour l'amélioration de nos conditions de vie et de travail. Rejoignez la légitimité !"

Ils osent croire que leurs camarades reconnaîtront leurs codes de communications militaires à travers ce message et qu'ils répondront à l'appel républicain de vérité, de justice et de légitimité en faveur de la volonté souveraine du peuple camerounais.

Le collectif invite tous les citoyens à prendre simultanément le contrôle de chaque village, de chaque quartier, de chaque ville, en prenant possession de tous les moyens de transport disponibles. Cela inclut les télévisions, radios, aéroports, ports et bases aériennes, ainsi que les véhicules et matériaux nécessaires pour l'atteinte de leur objectif final : le départ du dictateur et la prestation de serment du président élu Son Excellence Issa Tchiroma Bakari. Les dates cruciales mentionnées sont : "Au plus tard le 31 Octobre 2025" comme point de départ initial, et "ITB. Time" qui renvoie au 28 Octobre 2025.

Ensuite, ils appellent à marcher sur Yaoundé et chasser le dictateur, avec comme échéance "D'ici Vendredi le 31 Octobre 2025". Enfin, ils demandent de faire reconnaître et proclamer les vrais résultats de l'élection présidentielle du 12 octobre 2025, en accord avec la volonté du peuple souverain, avec comme date butoir "D'ici le 02 Novembre 2025".

Pour l'atteinte ultime de la victoire, chaque unité de déploiement peut être dirigée par un homme en tenue guerrière ou par une personne civile éclairée et déterminée. Pour l'ensemble de ces instructions, la réponse attendue est "Wilco", terme militaire signifiant "Exécute".

La déclaration se termine par une proclamation solennelle : "Vive le peuple du Changement Camerounais ! Vive la République du Cameroun !" suivie du mot de code "Oui" et de multiples signatures paraphées.

Cette déclaration représente une escalade majeure dans la crise post-électorale qui a déjà fait plusieurs morts au Cameroun. Elle révèle une fracture profonde au sein même des forces de défense et de sécurité, traditionnellement considérées comme le socle du régime de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.

Le document est signé de plusieurs paraphes et comporte les logos de cinq partis politiques d'opposition, dont "People Power", "Tous Ensemble", "People du Changement", "Change ou Rebellion" et "Cameroun Insoumis". La présence de ces logos suggère une coordination entre une faction des forces armées et les partis d'opposition.

Cette situation intervient alors que le gouverneur de la région du Centre, Naseri Paul Bea, réaffirmait plus tôt dans la journée que "Yaoundé ne cédera pas" face aux appels à l'insurrection, lors d'une réunion sécuritaire stratégique. La capitale camerounaise, siège des institutions de la République, se trouve désormais au centre d'une confrontation aux contours imprévisibles.

Par ailleurs, le lanceur d'alerte Paul Chouta a également dénoncé dans un direct vidéo les tensions qui opposeraient le Bataillon d'Intervention Rapide et l'armée régulière camerounaise, accusant le Secrétaire général de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, de déployer le BIR pour contrer les militaires réticents à réprimer les manifestants.

À l'heure où nous publions cet article, ni la Présidence de la République, ni le Ministère de la Défense, ni l'État-major des armées n'ont officiellement réagi à cette déclaration explosive. Le silence des autorités contraste avec la gravité de la situation et pourrait traduire soit une volonté de ne pas donner d'ampleur à ce document, soit une difficulté à évaluer son authenticité et l'ampleur réelle du ralliement au sein des forces armées.

La situation sécuritaire au Cameroun est désormais extrêmement imprévisible, avec le risque d'un affrontement entre factions loyalistes et dissidentes au sein même de l'appareil militaire et sécuritaire. Les prochaines heures seront déterminantes pour l'avenir du pays, alors que les échéances fixées par le collectif arrivent à grands pas.

La communauté internationale observe avec une inquiétude croissante l'évolution de cette crise qui pourrait basculer dans un conflit armé interne si les tensions ne sont pas rapidement apaisées. Les organisations de défense des droits humains appellent toutes les parties à la retenue et au dialogue.

Source: www.camerounweb.com