Une leçon qu’administre par le seul parti au Cameroun qui se plie à cette exigence démocratique. Après 2004, le Social Democratic Front (SDF) organisera pour la seconde fois depuis sa naissance en 1990 des primaires en vue de la désignation de son candidat à la présidentielle prévue en octobre prochain. Ce sera au cours des congrès ordinaire et extraordinaire prévus du 22 au 24 février 2018 à Bamenda. Autre chose inédite, cette sélection interne se fera sans Ni John Fru Ndi, l’inamovible Chairman contraint d’abandonner la course. Parmi les trois candidats en lice, figure en bonne place Simon Fobi Nchinda.
Le député de Bamenda-Bali avait marqué les esprits en 2011 en saisissant la justice afin de faire respecter les statuts du SDF qui prévoient des primaires pour la présidentielle. « Ma saisine de la Cour d’appel du Nord-Ouest risquait de déchirer le parti au regard de la détermination du chairman à s’imposer. Mais je ne souhaitais pas que le parti se déchire », confie le vice-président de la Commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale. Qui cède finalement aux pressions en retirant sa plainte. Le fait d’avoir ainsi bravé le chairman ne l’empêche pas de renouveler son mandat de député en 2013. Une démarche qui traduit son engagement en faveur du peuple pour lequel il revendique toutes ses réalisations. Dans sa profession de foi, celui qui se présente comme « un bâtisseur à l’assaut d’Etoudi » dit se démarquer par sa vision et son parcours, atouts dont pourraient difficilement, d’après lui, se targuer Joshua Osih et Joseph Mbah Ndam, ses adversaires.
Après ses études supérieures aux Etats-Unis (architecture en 1972 à l’université de l’Oregon, Eugene et M.sc. en ingénierie architecturale en 1974 à l’université de l’Illinois), l’architecte ingénieur se met à pied d’œuvre dès 1975. En plus de ses cours à l’Ecole nationale supérieure polytechnique de Yaoundé, il s’investit dans la conception de nombreuses infrastructures. Le nouveau siège du Conseil économique et social, l’hôtel Hilton de Yaoundé, l’hôpital général de Douala, les camps SIC de la Cité Verte, de Mendong ou d’Akwa-nord à Douala, le campus de l’université de Maroua, entre autres, portent sa marque.
A bientôt 71 ans, il entend désormais bâtir tout le Cameroun et veut saisir « le vent du changement qui souffle sur notre pays ». « Le problème n’est pas Paul Biya, mais le Camerounais ordinaire, pas très heureux et qui doit donc opérer un choix. Toute son existence milite pour un changement », se convainc celui qui ne redoute pas le soutien de Ni John Fru Ndi à Joshua Osih, actuel vice-président du SDF. « Le chairman n’a qu’une voix parmi les 2500 voix qui sont prises en compte. Il est influent, mais dans l’urne chaque électeur est face à sa conscience et sait qui est le plus à même de conduire le Cameroun », soutient-il. Convaincu de ses chances, il fait cette promesse : « Fobi candidat, je ferai tout pour amener Akere Muna à rejoindre l’équipe du SDF ».