Le chef Bello Missa de Sabongari a été tué par balle et à coups de machettes à son domicile dans la nuit du 26 au 27 mars dernier. C’est ce que révèle le journal L’OEIL DU SAHEL N°1633 du mercredi 30 mars 2022.
11 impacts de balle sur des murs et portes de la concession du chef du village Sabongari, sont toujours visibles ce 28 mars 2022. La population du petit village de l’arrondissement de Ngan-Ha, département de la Vina, sise à une cinquantaine de kilomètres de Ngaoundéré, est encore sous le choc et porte le deuil de son chef, Bello Missa âgé de 66 ans. C’est dans la nuit de samedi 26 au dimanche 27 mars dernier, vers 1h30, que le chef traditionnel a été assassiné avec la plus grande barbarie par des individus encore non identifiés. «Quand nous avons entendu le premier coup de feu, mon frère a voulu sortir, mais je le lui ai interdit. L’un des individus armés s’est dirigé vers notre chambre et a commencé à forcer la porte en l’arrosant de balles et criant en fulfuldé : sortez, on va vous tuer tous. Fort heureusement, personne n’a été atteint. On a entendu une voix, peut-être celle de leur guide, leur dire de laisser, que c’est la chambre des enfants. Ils se sont donc redirigés vers la maison du père. En lorgnant leur mouvement, nous avons aperçu deux personnes en tenue militaire, cagoulées et accompagnées d’un guide qui s’exprimait en fulfulde», relate Mohamadou Marafa, un des enfants du chef. Et de poursuivre : «Nous avons pu voir comment ils ont d’abord trainé notre père à l’extérieur et lui ont tiré une balle au niveau du ventre. Ensuite, ils l’ont ramené à l’intérieur de la maison et nous avons découvert qu’ils lui ont asséné trois coups de machettes sur la tête. C’est quand ces gens sont partis que nous sommes sortis et avons trouvé notre père encore vivant, mais il n’avait pas la force de parler. Nous l’avons transporté avec une voiture en direction de Gangassaou, mais il a rendu l’âme en chemin». Selon des témoignages, les assassins n’ont pas manqué de délester le défunt chef de village d’une somme d’un peu plus de 300 000 FCfa, laissant néanmoins sa carte nationale d’identité et brisant son téléphone portable. «Nous avons appelé la gendarmerie aux alentours de 2 h 20 du matin et ils sont arrivés à 5 h 15. On a essayé de joindre également le sous-préfet sans succès. Nous avons pu avoir le commissaire de Ngan-Ha qui nous a dit se trouver à Meiganga, mais a alerté la police de Ngaoundéré. A notre connaissance, le chef n’avait aucun problème avec personne. C’est la première fois qu’une scène aussi horrible se produise dans notre village», a confié Bello Hamassabo, un fils de Sabongari.
Sa majesté Bello Missa laisse deux femmes et 13 enfants consternés qui ne demandent que justice. «J’étais dans une chambre avec ma mère et mes petites sœurs, et mes frères dans l’autre chambre. Quand nous avons entendu le premier coup de feu, ma mère a dit que c’étaient des coupeurs de route. Mais, en guettant, j’ai plutôt vu deux hommes en tenue militaire et une personne en civil», a indiqué Aïssatou Oumoul, aide-soignante et première enfant du défunt chef Bello Missa, fondant en larmes avec ses sœurs et mères