Sacrifices humains et des trafics d'organes : les sales secrets de Paul Biya révélées, témoignage explosifs

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Fri, 14 Jul 2023 Source: www.camerounweb.com

Dans son ouvrage intitulé "Au Cameroun de Paul Biya", Fanny Pigeaud met en évidence les pratiques occultes qui se déroulent à la présidence de la République. Ces pratiques malsaines, encouragées par les stratégies de Biya pour se maintenir au pouvoir, ont créé des fractures au sein du régime et alimenté de nombreuses croyances mystiques.

Une grande partie de l'élite politique et administrative se livre à des rituels magiques dans le but d'obtenir ou de conserver un poste, mais également de nuire à leurs rivaux. Par exemple, Abel Eyinga, opposant et historien, a rapporté qu'après avoir annoncé sa candidature à la mairie d'Ébolowa pour les élections municipales de 1996, des séances de sorcellerie et de magie noire étaient organisées chaque semaine dans le camp du pouvoir pour décider du sort qui lui serait jeté.

Certains membres du gouvernement ont été associés à ces pratiques occultes. Fame Ndongo, ministre, aurait été considéré comme le principal conseiller de Biya en matière de sorcellerie et de pratiques occultes secrètes. Des personnalités politiques ont été arrêtées, soupçonnées d'avoir recours à des sorciers pour obtenir des fétiches ou des sorts visant à obtenir des postes gouvernementaux.

Les pratiques occultes se sont également infiltrées dans le domaine du sport. En 2010, lors de la participation de l'équipe nationale de football du Cameroun à la Coupe du monde en Afrique du Sud, douze marabouts ont été intégrés à la délégation officielle dans l'espoir d'améliorer les performances de l'équipe. Cependant, malgré leurs promesses, l'équipe a été éliminée dès le premier tour. Les responsables ont alors renvoyé les sorciers au Cameroun, attribuant les mauvais résultats à des problèmes de clans et de pratiques ésotériques.

Ces pratiques occultes sont largement répandues en raison de croyances populaires liant pouvoir et sorcellerie, ainsi que richesse et ascension sociale. Les sectes secrètes, telles que la Rose-Croix et la Franc-maçonnerie, sont devenues des réseaux d'influence importants au sein de la classe politique et des affaires camerounaises. Certains sectes pratiquent des actes criminels, notamment des sacrifices humains et des trafics d'organes.

Ces pratiques irrationnelles sont également encouragées par le fonctionnement arbitraire et incompréhensible du régime de Biya. Les promotions et nominations ne sont pas basées sur le mérite et les compétences, ce qui pousse les individus à chercher d'autres moyens pour réussir socialement. Ainsi, des cercles mystico-magiques sont devenus des voies privilégiées pour obtenir des postes de responsabilité et accéder au pouvoir et à la richesse.

Cependant, ces pratiques occultes ont des conséquences néfastes sur la société camerounaise. Elles contribuent à la corruption, à l'opacité dans les processus de recrutement et à l'instauration d'un climat de peur et de méfiance. Les Camerounais sont confrontés à une gouvernance basée sur des logiques occultes et des compromissions douteuses, ce qui renforce le désarroi et le désespoir de la population.

Malgré les rumeurs persistantes et les accusations de pratiques immorales, le pouvoir en place ne cherche pas à faire taire ces spéculations. Au contraire, il semble se nourrir de l'image effrayante et mystérieuse qui entoure le régime, renforçant ainsi son emprise sur la population.



Des pratiques malsaines

Les stratégies de Biya pour se maintenir au pouvoir n’ont pas seulement accentué les fractures au sein du régime: elles ont aussi encouragé le développement de nombreuses pratiques occultes. Une grande partie de l’élite politique et administrative se livre en effet à des rites magiques censés les aider à conquérir ou à garder un poste, mais aussi à mettre à mal leurs concurrents. En 2006, l’opposant et historien Abel Eyinga a ainsi raconté que, peu après avoir annoncé son projet de se présenter à la mairie d’Ébolowa (sud) pour les municipales de 1996, il lui avait été « rapporté que des séances de sorcellerie et de magie noire se tenaient chaque semaine (dans le camp du pouvoir, ndlr) pour décider du genre de sort à (lui) jeter. » Eyinga précisait que le ministre Fame Ndongo avait « la réputation d’être le principal conseiller du président Biya en matière de sorcellerie, de sectes secrètes étrangères et des autres pratiques occultes utilisées en haut lieu. Il nous a avoué, un jour à Ébolowa, publiquement, que sans les sectes Biya ne serait plus au pouvoir depuis belle lurette » 8 . L’ancien ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances (1996-2002), Jean Marie Gankou,apour sa part été arrêté et détenu en mai 2008 pendant plusieurs jours, soupçonné d’avoir commandé auprès d’un sorcier un fétiche contre une forte somme d’argent. Selon la presse, il cherchait par ce procédé à retrouver un poste gouvernemental. Autre exemple : en 2010, les responsables du football camerounais (ministère des Sports et Fédération camerounaise de football- Fécafoot) ont intégré dans la délégation officielle du pays, partie à la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, douze marabouts: ils avaient pour mission d’augmenter les chances des « Lions indomptables » dans la compétition. Mais bien qu’ils aient promis de faire aller l’équipe nationale au moins jusqu’en demifinale, celle¬ci a été éliminée au premier tour. Les sorciers ont alors été priés par les responsables de la délégation de rentrer immédiatement au Cameroun alors qu’il restait encore un match à jouer pour les Lions. Pour expliquer les mauvais résultats de ces derniers au Mondial, le ministre des Sports, Michel Zoah, aévoqué « des problèmes de clans et de pratiques ésotériques ». En prenant en août 2010 ses fonctions de directeur technique national adjoint à la Fécafoot, Robert Atah a constaté : « Les dirigeants ne comptent pas sur le travail d’un entraîneur et de leurs joueurs, ils comptent sur les gris-gris. (...) Quand j’arrive dans une équipe et que peut-être on arrive aux barrages, au lieu de s’occuper des joueurs, on dit qu’on va chercher un marabout qui va préparer l’équipe » . Le prêtre exorciste Meinrad Pierre Hebga, régulièrement consulté pour désenvoûter des victimes d’actes de sorcellerie, expliquait le phénomène en 2005 : « Actuellement, il yades nominations: vraiment, c’est la catastrophe. (...) Tous les jours, je reçois des gens que le président de la République a nommés à de hauts postes de responsabilités: colonels, ministres, commandants, commissaires de police... Les autres réagissent souvent par la jalousie. Au Cameroun, la sorcellerie se déploie quand il doit y avoir des élections ou quand on doit nommer des gens, même à l’université. C’est incroyable. L’université est pourtant le domaine par excellence de la science » .

À la question de savoir pourquoi les Camerounais se livraient à la sorcellerie, il avait répondu : « C’est la recherche de l’argent, la richesse. Depuis que Paul Biya a relancé les nominations, il yades gens qui viennent chez moi. Il yaun ancien commandant, qui est venu aujourd’hui, ainsi que deux colonels. Un ministre était ici il yatrois ou quatre jours. Il y a des gens qui veulent avoir des postes, et qui veulent aussi empêcher les autres d’avoir des postes. Donc, ça se situe autour de l’amour de l’argent. Il y en a même qui le font ouvertement. Une dame a ainsi dit à son mari: “Tu es un médecin, donc un scientifique, et tu immoles des moutons aux esprits!” Et le monsieur a répondu : “Toi et les enfants, vous n’êtes pas des millions, moi je veux des millions”. Elle a demandé : “Tu peux répéter ça devant la famille ?” ; il a répondu “oui” et il l’a répété devant les deux familles, et même devant un commissaire de police, que si les esprits lui demandent de tuer sa femme, il la tue. » L’importance de l’ésotérisme dans les arcanes du pouvoir s’explique en partie par les croyances populaires qui lient souvent pouvoir et sorcellerie. Dans plusieurs ethnies camerounaises existent des sociétés secrètes qui sont en relation avec les ancêtres et le monde invisible de la sorcellerie. Puissantes, elles jouaient et jouent encore un rôle important de régulation sociale. Richesse et ascension sociale sont aussi associées à la sorcellerie. Il arrive par exemple que les habitants des grandes villes craignent de retourner dans leur village d’origine : ils redoutent d’y être victimes d’actes de sorcellerie hostiles de la part de villageois jaloux de leur réussite « à la ville ». À l’inverse, ceux qui deviennent rapidement riches sont soupçonnés par les autres d’avoir eu recours à des pratiques magiques, comme celle du kong (chez les Beti), appelé famla (Bamiléké), ekong (Duala) ou djambe (Maka). Cette pratique de sorcellerie consiste, selon la pensée populaire, à tuer des gens pour faire ensuite travailler leur corps ranimés sous forme de zombis, ou leur âme comme esclaves dans la vie réelle pour le corps et dans l’au-delà pour l’âme. C’est cette mise en esclavage qui permettrait de s’enrichir. « Prendre quelqu’un dans le kong signifie le faire mourir après une maladie plus ou moins longue. Après sa mort, la victime est supposée aller travailler dans un pays lointain au service d’un patron à qui il a été vendu par son meurtrier, lequel perçoit pour cela une certaine somme d’argent. Une personne qui s’enrichit trop vite est accusée de vendre les siens de cette manière, surtout si le taux de mortalité semble anormalement élevé dans son entourage », ont expliqué l’anthropologue Séverin Cécile Abéga et le sociologue Claude Abé 11 . Les pratiques irrationnelles des responsables camerounais sont cependant aussi encouragées par le fonctionnement arbitraire et la stratégie souvent incompréhensible de Biya : l’impossibilité de se fier à son mérite et à ses compétences pour avoir un poste de responsabilité, ou tout simplement « réussir » socialement, oblige à imaginer d’autres voies et logiques. Des groupuscules ésotériques se sont ainsi constitués et sont devenus, pour certains, d’importants réseaux d’influence et de recrutement pour le pouvoir. « Vous voulez un poste de responsabilité dans la fonction publique ? Vous voulez entrer au gouvernement ou alors devenir un grand directeur général d’une société ? Désormais auCameroun, pour avoir un haut poste de responsabilité, accéder au pouvoir social et devenir riche, la voie connue de tous est celle des cercles mystico-magiques », constatait le quotidien Le Messager en 200512. Franc-maçonnerie, Rose-Croix, Ordre des rameaux, Éboka figurent aujourd’hui parmi les sectes les plus connues. Biya a lui-même particulièrement favorisé l’ordre de la Rose-Croix (Amorc), dont on le disait membre : Raymond Bernard, secrétaire général de cette secte, a séjourné à plusieurs reprises au Cameroun et a bénéficié d’importants financements de Biya. Il a ainsi reçu 3,6 millions de francs nets d’impôt, en 1988, de la Société nationale des hydrocarbures (SNH)13. En 1990, le président camerounais lui a également acheté pour 5,3 millions de francs un tableau de Bernard Buffet et a fait, toujours via la SNH, un don de 5,6 millions de francs puis un autre de 2 millions en 1989 au Centre international de recherches culturelles et spirituelles (Circes), une association créée par R. Bernard en 1988. La présidence camerounaise a vraisemblablement effectué aussi un virement de 20 millions de francs au même Circes. Enfin, Biya a prêté 40 millions de francs sans intérêt et remboursables en 99 ans à l’Ordre souverain du Temple initiatique (Osti), dont Raymond Bernard a été le grand maître jusqu’en 199714. Ainsi patronnée, la Rose-Croix a pris beaucoup d’ampleur au Cameroun au cours des années 1980 et des années 1990. La rumeur disait alors à Yaoundé qu’il fallait être rosicrucien pour avoir des chances de devenir ministre. Titus Édzoa a été un membre important de l’ordre, tout comme le général Serge Benaé Mpeké (1930-2007), chef d’état-major particulier de Biya. Depuis la fin des années 1990, la Franc¬maçonnerie semble être à son tour devenue l’un des premiers réseaux d’influence et de recrutement au sein de la classe politique et d’affaires du pays. Ces groupes ésotériques pratiquent la magie, la géomancie, le satanisme mais se livrent aussi à des actes criminels, constatés dès le début des années 1990. Certains de leurs cultes « exigent par exemple l’offrande de sacrifices humains ou de certainesparts de l’organisme humain – cas du cerveau, des organes sexuels, du cœur. D’autres vont jusqu’à l’élimination physique des gens et à leur démembrement. Dans les deux cas prévaut l’idée selon laquelle le “pouvoir se mange”, la manducation de certains organes humains permettant de capter la puissance invisible, de se l’approprier et de la déployer contre les ennemis, dans la lutte pour le contrôle de l’État et de ses ressources », ont écrit en 1995 l’historien Achille Mbembe, l’économiste Célestin Monga et le sociologue Yao Assogba15. Le théologien et sociologue Jean-Marc Éla, estimant que le pouvoir était « tombé entre les mains des magiciens », a également affirmé que ces derniers faisaient du trafic d’organes humains et des sacrifices humains. Le cerveau du père jésuite et intellectuel Engelbert Mveng retrouvé assassiné, le crâne fracassé, à son domicile à Yaoundé le 23 avril 1995 « a fait l’objet de convoitise et de marchandage »,a témoigné Éla. Il a fait partie de ceux qui ont vu l’ombre du pouvoir et de ses sectes derrière le meurtre du père Mveng, resté officiellement non élucidé. Le religieux, qui avait ses entrées au palais d’Étoudi, aurait été éliminé, selon l’hypothèse la plus souvent évoquée, en raison de son opposition aux pratiques ésotériques dont il était le témoin à la présidence. Parce qu’il dénonçait à son tour les agissements du pouvoir, Jean-Marc Éla a été menacé de mort et obligé de partir en exil peu de temps après l’assassinat du père Mveng. Avant son départ, il avait dans une prédication mis implicitement en cause la présidence dans la mort du père Mveng : « Qu’as-tu fait de ton frère ? », avait-il dit en référence à l’Évangile. Tout le monde avait compris qu’il s’adressait à l’ancien camarade de séminaire du père Mveng : Paul Biya. Quelques années plus tard, Éla a déclaré : « Biya sait qui a assassiné le père Mveng et doit le dire aux Camerounais. Biya a toutes les preuves, tous les faits pour dire qui a assassiné le père Mveng ». « Parce qu’il avait permis à ces réseaux et sociétés secrètes (vouées au culte des fétiches et à la pratique des sacrifices humains) de coloniser l’État et parce qu’il tenait une grande partie de son pouvoir de son instrumentalisation de ces dispositifs de l’ombre, Éla tint Paul Biya, président dela République, directement responsable du sang d’Engelbert Mveng »,arappelé Mbembe dans un hommage au théologien, décédé en décembre 2008 au Canada16. Avant Mveng, plusieurs autres religieux avaient été assassinés dans des circonstances extrêmement troubles, dont le père Joseph Mbassi, rédacteur en chef de l’hebdomadaire catholique L’Effort camerounais, retrouvé mort à son domicile à Douala le 25 octobre 1988 ; Mgr Yves Plumey tué à Ngaoundéré (nord) le 3 septembre 1991 ; deux religieuses, responsables du dispensaire de la mission catholique de Djoum (sud-est) violées et tuées le 2 août 1992. Dans son homélie du 25 décembre 2005, l’archevêque de Yaoundé, Mgr Victor Tonye Bakot, pourtant plutôt favorable au régime, s’est alarmé à son tour de la prolifération des pratiques occultes: « Il ne faut pas que l’assassinat des jeunes enfants pour boire leur sang et manger leurs organes devienne une valeur dans notre société. Ne cédons pas à la dictature du pouvoir et des richesses. Comment expliquer que, pour accéder aux postes de responsabilités, des parents pratiquent l’inceste sur leurs propres enfants ? De plus, accéder à un bureau après une nomination devient difficile. Ceci parce que beaucoup de hauts responsables se livrent au satanisme »,adit le prélat. L’affaire des listes « d’homosexuels présumés » publiées par une partie de la presse en 2006 pourrait avoir aussi un lien avec les coutumes malsaines des dirigeants camerounais. Bien qu’elles aient été établies dans le cadre des batailles internes au RDPC, elles ont remporté un vif succès chez l’ensemble des citoyens qui se sont arraché les journaux les diffusant. Cet engouement a montré « l’idée que l’homme ordinaire se fait du pouvoir politique : il le voit comme un pouvoir criminalisé, sorcier et qui ne peut se maintenir que par une sorte de délinquance et de sacrilège »,aestimé à l’époque le philosophe Fabien Éboussi Boulaga. D’autres ont vu dans le succès de ces listes la preuve du profond désarroi des Camerounais, pour qui les modalités de promotion apparaissent de plus en plus obscures. « D’après ce que les gens voient, ce ne sont pas ceux qui ont des compétences ou des idées qui accèdent au pouvoir ou à un poste de responsabilité. C’est donc qu’il y a d’autres méthodes de recrutement: ceux qui réussissent sont, aux yeux des autres, forcément passés par une compromission honteuse »,a commenté le politologue Fred Éboko.

Cependant, il n’est pas invraisemblable que ces listes reposent sur un fond de vérité : selon plusieurs témoignages, certaines des sectes liées au pouvoir utilisent la sodomie en guise de rite passage pour humilier et soumettre le nouvel initié ou dans le cadre de croyances mystiques. « L’homosexualité existe dans la haute administration camerounaise depuis les années 50. Mais cela n’a jamais atteint le niveau de ces dernières années. Ceux qui nous gouvernent ne sont pas sans reproche dans ce qui se passe. Dans les administrations, par exemple dans la police, pour avoir un poste, on vous demande de baisser le pantalon. On me l’a demandé à moi, sans succès. On me proposait un poste à la présidence de la République, à condition que j’accepte de baisser la culotte. C’était quelqu’un dans ma haute hiérarchie qui faisait cette proposition. (...) C’est un malaise réel au Cameroun. Cela est vrai dans l’administration comme dans les entreprises privées. Sous d’autres cieux, les homosexuels cohabitent avec les hétéros sans problème. Mais chez nous, cela se passe par contrainte, dans les rapports sociaux », expliquait en 2010 un ancien commissaire de police, en exil en France, Albert Léopold Ébéné 17 . « Pour un poste de travail, une entrée dans une grande école, on contraint nos jeunes à l’homosexualité »,adit aussi Mgr Tonye Bakot lors de son homélie du 25 décembre 2005. En 2006, le meurtre d’un Camerounais de 30 ans a également laissé entrevoir une possible implication de cercles ésotériques proches du pouvoir et pratiquant des rites sataniques: le 21 août, Narcisse Olivier Djomo Pokam, jeune homme sans histoire, a été en pleine journée sodomisé, flagellé, brûlé au fer à repasser, tué et défenestré depuis le 8è étage de l’hôtel Hilton de Yaoundé, situé en centre-ville. « Comment peut-on, en plein jour, dans une chambre du Hilton hôtel, le plus grand de la capitale camerounaise, torturer, violer, tuer un être humain et jeter son corps (...) comme un vulgaire déchet ? », s’est interrogée sa famille. Les enquêtes de la police ont été longues et fastidieuses. Elles se sont tout particulièrement intéressées au président de la Chambre de commerce Claude Juimo Monthé et à Martin Belinga Éboutou, alors ambassadeur du Cameroun à l’ONU, qui séjournaient dans l’hôtel au moment de l’assassinat. Ce sont cinq employés de l’établissement qui ont finalement été inculpés et condamnés en avril 2010 à de très lourdes peines. Le procès et le verdict n’ont cependant pas convaincu la famille de la victime : « Le sentiment de la famille Djomo (...) est que justice n’a pas été rendue et que les véritables meurtriers de Djomo Pokam courent toujours », a-t-elle déclaré dans une lettre ouverte. « Chaque fois que des membres de la famille Djomo ont demandé que justice soit faite dans l’affaire Djomo Pokam, ils ont été intimidés et ont reçu des menaces de mort. Il leur est reproché de faire beaucoup de bruit (...). Depuis le prononcé du verdict (...), une énorme pression est maintenue sur les membres de la famille », a-t-elle ajouté. L’histoire d’un certain Daniel Ébale Angounou, qui se présentait au début des années 1990 comme un ancien membre du « cercle des amis intimes de Paul Biya », est aussi entourée de beaucoup de zones d’ombre. En juin 1991, le journal Le Messager a voulu publier « la toute première interview » de ce jeune homme, surnommé « le petit ami » du président, qui « faisait des révélations troublantes sur ses relations avec Paul Biya et les pratiques mystico-exotériques au cœur du régime du Renouveau » 18. Les autorités ont saisi l’édition, qui n’est du coup jamais sortie sur le marché. L’année suivante, le Messager a publié un petit ouvrage écrit par Ébale et intitulé « Paul Biya, le cauchemar de ma vie ». La vente et la circulation de ce livre ont été aussi interdites. En 2001, Ébale a de nouveau fait éditer un autre opuscule, « Sang pour sang », dans lequel il décrivait l’univers occulte dans lequel vit Biya, selon lui. Quelques années plus tard, en 2009, le directeur d’un hebdomadaire a été arrêté et condamné à un an de prison avec sursis pour avoir publié un extrait de ce petit texte .

Nombreuses sont ainsi les affaires troubles qui entourent le pouvoir de Biya et nombreuses sont les accusations de pratiques immorales portées contre lui. En dehors de l’histoire d’Ébale, qui semble tabou, le pouvoir ne cherche cependant pas vraiment à faire taire les rumeurs, qu’elles soient folles ou fondées. Probablement parce qu’il se nourrit de l’idée effrayante que les citoyens se font de lui: « N’attaque et ne renverse pas qui veut un régime qui semble se maintenir grâce à des procédés mystiques », souligne un universitaire camerounais.

Extrait du livre

Source: www.camerounweb.com