Saisons : des grèves : odeur du soufre au Labogénie

Ces travailleurs viennent de se fendre d’une lettre adressée au délégué régional du travail

Mon, 26 Jun 2023 Source: Le Zenith N°543

Le personnel de cette entreprise menace de descendre dans la rue dès ce 26 juin 2023. Le personnel du Laboratoire national de génie civil (Labogénie) est en ordre de bataille depuis quelque temps, après une longue attente vaine de réponse à leurs doléances formulées et adressées à leur hiérarchie.

Ces travailleurs viennent de se fendre d’une lettre adressée au délégué régional du travail et de la sécurité sociale du Centre, ayant en objet : préavis de grève, dans laquelle ils égrènent les raisons de leur ire. « Les communiqués finaux des 41ème et 44éme session du Conseil d’Administration tenues respectivement les 14 juin et 16 juin 2022, indiquent que le Labogenie a réalisé des intenses activités par des performances financières positives. Le 14 juin 2018, il est échu à cet expert du génie civil le poste de directeur général de cette structure, au cours du Conseil d’administration tenu ce jour à Yaoundé. Les bénéfices enregistrés, après impôts ont été de 380 6840893 Fcfa pour l’exercice budgétaire de 2020 et de 763 469 785 Fcfa pour celui de 2021. Ces résultats satisfaisants, renforcés par le paiement des salaires attestent que cette entreprise publique jouit d’une santé reluisante qui devrait se refléter sur la qualité du traitement accordé à son personnel et sur l’Etat de ses équipements techniques. Malheureusement, il a été constaté l’existence d’un écart très important entre la situation annoncée et les réalités vécues par l’ensemble du personnel au quotidien », liton dans la correspondance sus-évoquée.

En dépit de ces mirobolants bilans propres à rassurer le personnel, la tenue du dossier fiscal et le paiement des impôts de cette entreprise, restent sujets à caution. A en croire les auteurs de la correspondance, le Labogenie est dans l’incapacité de produire l’attestation de non redevance. Une bourde qui cause d’énormes préjudices à l’entreprise et qui, nonobstant la bonne volonté dont font preuve les maîtres d’ouvrage, ne lui permet pas d’accéder au paiement de décomptes en instance et à la signature de nouveaux contrats. Situation pernicieuse qui serait à l’origine de la stagnation généralisée des activités de l’entreprise et qui l’exposerait aux tensions de trésorerie grandissantes. Magasin de sondage Quant à l’entretien des équipements du Labogénie, c’est simplement une autre paire de manches.

Pêle-mêle, on parle d’un parc automobile en état de délabrement avancé et qui compte aujourd’hui seulement sept véhicules sur la quarantaine d’il y a moins de six ans. Toute chose qui ne permettrait pas aux équipes affectées sur les chantiers de mieux se mouvoir pour effectuer par exemple le contrôle géotechnique et qui entamerait la crédibilité de cette structure. Concernant le « magasin de sondage équipé par les fonds de restauration du Labogenie, accordé par le chef de l’Etat en 2008, qui comptait il y a au moins 5 années, 6 pénétromètres dynamiques lourd, 3 pressiomètres Menard, 3 sondeuses automatiques. De nos jours, l’entrepôt de sondage est devenu un vaste dépotoir de ferraille avec uniquement un pressiomètre et un pénétromètre dynamique rafistolé », nous informe-t-on.

Dans la même veine, on parle de l’atelier d’expertise des chaussées abandonné dans la broussaille, du radar permettant d’apprécier les épaisseurs des couches de chaussées n’ayant pas bougé d’un pouce depuis 6 ans et du déflectographe qui n’a servi que pour deux campagnes d’auscultation. Autant de raisons qui justifient la chute de production et la fuite de la clientèle du Labogénie, sans éluder de faire allusion l’inactivité qu’elles entrainent dans leur sillage d’une grande majorité du personnel qui est pourtant contraint d’être présent au bureau juste par formalité. « Tous ces manquements n’auraient pas permis de répondre aux attentes de notre tutelle technique. Face à cette grosse déception, le Mintp a pris l’initiative de mettre sur pied un laboratoire interne à son département ministériel qui devrait exécuter à terme les mêmes prestations que le Labogenie ».

Prestations dues

Quid du plan social ? Le constat fait est que les performances enregistrées pendant ces trois dernières années n’ont malheureusement pas permis à l’entreprise de mieux se porter. Ainsi dénonce-t-on la non-déclaration des salaires du personnel ; des cotisations Cnps prélevées mensuellement au personnel qui ne sont pas reversées depuis plus de 15 mois. Conséquence : le nonpaiement par cette institution de toutes les prestations dues au personnel (allocations familiales, congé de maternité, pension retraite) et les salaires des retraités. Dans le même registre on note : « les avancements du personnel sont gelés depuis plus de 4 ans et les indemnités de congés ne sont pas payées conformément à la réglementation en vigueur ; les primes du personnel affecté sur le chantier ne sont pas payées depuis plus de 3 ans. Cette violation des statuts du Labogenie délaisse les techniciens et les exposent à des tentatives de corruption ». Soit dit en passant, le budget de l’exercice 2023 du Labogénie est estimé à 12 670 312 258 Fcfa. Et cette entreprise continue d’engranger d’importants bénéfices malgré sa gestion qui est fortement décriée.

Toute chose qui amène à se questionner sur la fiabilité des informations collectées et mises à la disposition du Conseil d’administration si tant est vrai que cette structure connait tant de défaillances et de dysfonctionnements. Parmi les informations biaisées, on cite par exemple des documents de travail adossés à la prise en compte des projets pour lesquels l’implication du personnel est très incertaine, à l’exemple du projet de construction de la boucle d’Akonolinga et les projets Feicom etc…Il y a également « le prétexte fallacieux » du paiement des salaires qui n’a été possible que par le seul recouvrement des créances découlant des prestations effectuées durant la période 2014-20108.

Source: Le Zenith N°543