Samuel Eto'o triomphe à Kousseri : quand la popularité répond aux critiques

Le président de la FECAFOOT a bénéficié d'un accueil exceptionnel dans l'Extrême-Nord, suscitant une réflexion sur sa légitimité contestée au Cameroun.

Kousseri, Extrême-Nord - La scène restera gravée dans les mémoires. Hier, Samuel Eto'o Fils, président de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), a fait une entrée remarquée à Kousseri, dans la région de l'Extrême-Nord. Ce qui devait être une visite s'est transformé en véritable triomphe populaire, soulevant des questions sur les critiques dont fait l'objet l'ancien international camerounais.

L'accueil réservé au président de la FECAFOOT a dépassé les standards habituels. De N'Djamena à Kousseri, l'ancien capitaine des Lions Indomptables a bénéficié d'une escorte mixte composée des forces de l'ordre tchadiennes et camerounaises, témoignant de la dimension transfrontalière de sa notoriété.

Un détail particulièrement significatif : un véhicule officiel de la Présidence de la République du Tchad avait été spécialement mis à sa disposition. Cette marque de considération diplomatique souligne le statut exceptionnel qu'Eto'o conserve dans la sous-région.

Mais c'est surtout l'accueil populaire qui a marqué les esprits. Une foule immense s'était rassemblée pour acclamer l'ancien buteur du FC Barcelone et de l'Inter Milan, avec l'enthousiasme généralement réservé aux personnalités politiques de premier plan.

Cette démonstration de popularité intervient dans un contexte particulier au Cameroun, où certains acteurs du milieu footballistique remettent en question la gestion d'Eto'o à la tête de la fédération. Selon l'analyse du journaliste Georges Mbimbè de RSI, témoin de la scène, ce contraste révèle une "absurdité" et une "cécité volontaire" de la part des détracteurs.

"Ce n'est pas Eto'o qui a besoin de la FECAFOOT, c'est la FECAFOOT qui respire encore grâce à Eto'o", souligne le journaliste dans son analyse, pointant l'importance symbolique et pratique du quadruple Ballon d'Or africain pour l'institution qu'il dirige.

L'analyse de Georges Mbimbè adopte une approche nuancée, reconnaissant les imperfections possibles du président de la FECAFOOT : "Il peut trébucher, se tromper, parfois même décevoir." Cependant, le journaliste plaide pour une critique constructive plutôt que destructrice.

Cette position reflète un débat plus large sur l'évaluation des performances d'Eto'o depuis sa prise de fonction à la tête de la fédération camerounaise. Ses supporters mettent en avant la dynamique nouvelle insufflée au football camerounais, tandis que ses détracteurs pointent certaines décisions controversées.

Au-delà des enjeux administratifs, l'épisode de Kousseri rappelle une réalité incontournable : Samuel Eto'o demeure avant tout une légende vivante du football africain et mondial. Ses quatre Ballons d'Or africains, ses succès avec le Cameroun (deux Coupes d'Afrique des Nations, médaille d'or olympique) et ses palmarès européens en font une personnalité transcendant les clivages sportifs.

"Des piqûres de rappel comme celles d'hier à Kousseri feront toujours irruption dans nos esprits pour nous rappeler qu'il est d'abord une légende, avant d'être président de fédération", conclut Georges Mbimbè dans son analyse.

Cette démonstration de popularité à Kousseri pose la question de la légitimité d'Eto'o au-delà des critiques internes. Si son statut de légende lui confère une aura indéniable, la gestion effective de la fédération reste l'enjeu principal de son mandat.

L'accueil exceptionnel reçu dans l'Extrême-Nord témoigne néanmoins de la persistance de son capital sympathie, particulièrement dans une région frontalière où les populations apprécient les symboles de réussite et de reconnaissance internationale.