Les choses se précisent pour le potentiel remplaçant du chef de l’État Paul Biya au palais de l’unité à Etoudi. L’homme maintenant âgé de quatre-vingt-dix (90) ans ne va pas pouvoir continuer pendant longtemps encore. Il est fatigué. Depuis un moment, on annonce qu’il peut vouloir faire confiance à son fils Emmanuel Franck Biya pour reprendre le flambeau.
Le journaliste exilé Rémy Ngono croit que c’est vers cette décision que nous nous tendons : « Gré à gré. Emmanuel Franck Biya présenté officiellement comme successeur de son père Paul Biya ».
Rémy Ngono prend le soin d’expliquer qu’à l’occasion du quinzième sommet des chefs d’États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), « on a vécu une scène qui devient finalement normale parce qu’on nous prépare déjà à ce qui va arriver ».
S’agissant de la scène, c’est qu’avant l’entrée des chefs d’États, « c’est Emmanuel Franck Biya qui quelques secondes avant est rentré, suivi de Chantal Biya. Les deux personnes s’attendaient très bien. Cette attente cordiale devant les caméras est un signal parce qu’au moment où Paul Biya est en train de perdre des forces et ses capacités intellectuelles, son entourage sait que s’il tombe, il va falloir être uni pour prendre ».
Mais encore, « Paul Biya devant ses pairs présente son fils comme étant son plus proche conseiller. Même quand on nomme son fils, il faut le dire à la radio, le publier au journal officiel pour qu’on sache. Mais on suppose, on murmure qu’il serait le conseil du Paul Biya ou un super ministre », déplore Rémy Ngono qui regrette que Paul Biya et son entourage ne jouent pas franc-jeu.
En réalité, « si Paul Biya veut recevoir maintenant quelqu’un, c’est avec Emmanuel Franck Biya. On se rappelle que le président français Emmanuel Macron, avant même de rencontrer Paul Biya, avait rencontré Emmanuel Franck Biya à Hilton. Ce n’était pas une visite de courtoisie mais une visite d’État. Je ne sais pas pourquoi il ne présente pas les autres enfants et que c’est seulement Emmanuel Franck Biya ».
Les prochains mois seront décisifs, si on se fie aux analyses de Rémy Ngono : « Ceci nous amène à croire qu’après les sénatoriales, il peut y avoir du mouvement. Ceci nous amène encore à bien réfléchir sur ce que je disais déjà que le fils Emmanuel Franck Biya a commencé par faire des sorties et à aller chez les lamido. Il y a quelque chose qui est en train de se préparer et qui risque de nous surprendre ».
Paul veut prolonger la suprématie Biya en imposant à la Constitution son fils, comme ça l’a été au Tchad et dans d’autres pays africains : « Pendant ce sommet, nous avons vu ce qui s’est passé. Paul Biya a prêté une attention particulière à un jeune qu’il dépasse avec cinquante et un (51) ans à savoir Mahamat Idriss Déby ».
Rémy Ngono sait qu’il « l’a reçu au moins pendant une heure et quand on sait comment Idriss Déby est arrivé au pouvoir (après assassinat de son père, ndlr) et au lieu de respecter la Constitution qui veut que ce soit le président de l’Assemblée nationale qui prenne le pouvoir, ils vont créer ce qu’ils ont appelé le Conseil militaire de la transition, donc un véritable coup d’État ».