Les jours passent et le scandale du recrutement prend des tournures assez différentes. Jusqu'ici, le gouverneur refuse d'annuler le dernier concours de recrutement qui serait entaché de fraudes. Malgré les différents mouvements d'humeurs et les rappels à l'ordre, ce dernier refusa.
Sur RFI la semaine dernière, le gouverneur Abbas Mahamat Tolli avait entre autre reconnu une partie des faits. Il affirme : « Il y a deux personnes qui portent mon patronyme et qui le sont effectivement proches. Et une troisième ».
Aux dernières nouvelles, c'est le personnel de la Beac qui est monté au créneau avec une lettre ouverte pour s'indigner et prendre position.
« Chers Membres des Organes Sociaux de la BEAC,
Le temps qui passe entre la révélation du scandale du concours de recrutement des Agents d’Encadrement Supérieur 2022 et la réaction appropriée attendue du Conseil d’Administration et du Comité Ministériel de l’UMAC, suscite de réelles inquiétudes chez le personnel de la BEAC et alimente son désespoir. Le retard que prend la juste réaction des deux organes d’administration et de contrôle de la BEAC oblige le personnel à se faire entendre. C’est l’objet de cette lettre qui vous interpelle individuellement et collectivement.
Le personnel de la BEAC en général et les Agents d’Encadrement Supérieur en particulier sont complètement indignés par cette énième frasque du Gouverneur ABBAS TOLLI et les quelques âmes égarées qui lui sont inféodées. Les Agents d’Encadrement Supérieur, par ma modeste voix, témoignent que la manipulation des résultats du concours en cause est avérée, au même titre que les dysfonctionnements criards observés et dénoncés par les services internes compétents de la BEAC. Il n’y a que la dérive autoritaire, la conscience de l’absence de redevabilité et le caractère impertinent, impudent et audacieux de M. ABBAS TOLLI qui ont pu le pousser à avancer avec ce semblant de concours qui achèverait de dévaloriser la fonction d’Agent d’Encadrement Supérieur de la BEAC, s’il n’est pas purement et simplement annulé comme l’a demandé le Président du Conseil d’Administration.
Le personnel de la BEAC, presqu’unanimement, tient aussi à relever que ce scandale du concours des AES 2022 n’est que la face visible de l’iceberg. Il est de notoriété publique que M. ABBAS TOLLI a, presque solitairement, détruit systématiquement l’Institut d’Emission dont la gestion collégiale lui a été confiée dans un gouvernement à six. Il s’est attaqué à sa culture organisationnelle, à ses valeurs fondamentales séculaires et sa réputation. Il a démoli la transparence, l’adhocratie, l’égalité des chances et d’opportunités, et le respect des Autorités des Etats, pour laisser place à une dictature d’entreprise dont tout le personnel accueillerait chaleureusement une fin subite. Il a relégué au dernier rang la compétence, la rigueur et la probité qui étaient des valeurs recherchées chez un cadre de la BEAC, pour promouvoir le culte de la personnalité et l’appartenance religieuse, à un tel point que seuls ceux qui lui vouent un culte d’adoration quasi-religieux et ceux qui font partie d’une certaine religion bénéficient de sa préférence. Ses actes de gestion et ses comportements vis-à-vis des différents partenaires sociaux ternissent au quotidien la réputation de la BEAC. Vous trouverez ci-dessous quelques dossiers, vérifiables par le Comité d’Audit du Conseil d’Administration, qui confirment que M. ABBAS TOLLI est un despote qui n’a pas sa place à la tête d’une institution multinationale comme la BEAC.
1. Juste après sa prise de fonction, il a créé un poste de Directeur de Cabinet, sans que le Conseil
d’Administration ait approuvé « son » nouvel organigramme. Au surplus, il a donné à ce dernier « rang et prérogative de Directeur Central », sans daigner attendre la modification des statuts de la BEAC par les organes compétents afin de consacrer ce 13èmeposte de Directeur Central. La conséquence de ce non-respect des textes en vigueur est que les statuts de la BEAC prévoient une répartition égalitaire des postes de Directeur Central à raison de deux par Etat, alors que la réalité aujourd’hui est qu’il y a un Etat qui compte trois Directeurs Centraux,au lieu de deux. Cet Etat est l’Etat d’origine du M. ABBAS TOLLI, comme par hasard…
2. Juste après, il a manœuvré pour que le FMI pousse les Etats à accepter le principe de la nomination des Directeurs Centraux et Directeurs d’Agence par le Gouvernement de la BEAC. En fin de compte, c’est lui qui nomme seul, hors de la collégialité voulue par les statuts de la BEAC, ses fidèles à ces postes, parfois en passant par des mascarades de concours qui n’ont aucune crédibilité. Bien plus, certains de ces postes sont restés vacants pendant près de trois ans, pour des motifs inavoués, brisant ainsi le nécessaire équilibre dans la répartition des postes de responsabilité, prôné par les statuts de la BEAC. Au moment où nous rédigeons cette lettre, la Guinée Equatoriale occupe abusivement trois postes de Directeur Central alors que l’organigramme en vigueur n’en prévoit que deux par Etat. M. ABBAS TOLLI a maintenu son homme de main M. Carlos BONCANCA TABARES au poste de DRHF (le manipulateur des résultats des concours de recrutement internes et externes) alors que Mme NCHUMO MATHA Nélida (la nièce de BONCANCA), nommée à la suite d’un simulacre de concours, est déjà Directeur Central et touche déjà le salaire y lié. L’homme-dieu de la BEAC a programmé que Carlos BONCANCA TABARES fasse enfin valoir ses droits à la retraite (5 ans après l’âge réglementaire), après avoir exécuté la sale besogne de recruter ses 13 parents comme Agents d’Encadrement supérieur, sous l’habillement d’un concours auquel aucun agent en interne ne donne la moindre crédibilité… Connaissant son entêtement, il va certainement lui accorder un nouveau sursis, maintenant que les choses ne se passent pas comme elles ont été planifiées…
3. Depuis qu’il est en fonction, on dénombre plus de cinquante (50) Agents d’Encadrement Moyen de nationalité tchadienne que M. ABBAS TOLLI a recrutés aux Services Centraux à Yaoundé, au Cameroun, à l’insu des autres membres du Gouvernement de la BEAC et avec M. Carlos BONCANCA TABARES comme bras séculier. Or, il est d’usage que le personnel subalterne des organisations internationales soit local. En d’autres termes, M. ABBAS TOLLI a recruté plus de cinquante tchadiens en lieu et place des camerounais. Quand on sait que ces recrutements ont été faits en dehors de toute procédure objective de sélection, on n’est pas surpris de constater que quasiment toutes ces nouvelles recrues sont de la famille de M. ABBAS TOLLI. On pourrait aussi comprendre qu’il ait voulu implémenter ce même modèle pour le « concours de recrutement des AES 2022 » qui coince actuellement. Pendant ce temps, l’infiniment-puissant ABBAS TOLLI a interdit tout recrutement aux Chefs de Centre, dans leurs prérogatives respectives consacrées par les textes en vigueur, malgré les besoins incompressibles en personnel sans cesse exprimés et documentés.
4. M. ABBAS TOLLI a organisé un concours interne de promotion à l’encadrement supérieur…Les résultats de ce « concours » ont tellement été contestés que les services de contrôle interne de la BEAC s’en sont saisis. Ils ont ultimement établi le népotisme du duo ABBAS TOLLI-BONCANCA TABARES. Ce concours fantôme a frustré tous les Agents d’Encadrement Moyen compétents qui méritaient d’être promus…Le rapport d’audit y relatif ainsi que ses recommandations n’ont pas eu de suite…
5. M. ABBAS TOLLI a promu à l’encadrement supérieur, en violation des textes en vigueur et en dehors de tout critère de compétence et de qualification, deux dames qui se trouvent être l’une épouse d’un Ministre tchadien et l’autre, plus connue, épouse de M. Rigobert Roger ANDELY, actuel Ministre des Finances du Congo et farouche défenseur intéressé de M. ABBAS TOLLI. Vous comprendrez que ce dernier Ministre ne devrait pas participer aux débats de la session du Comité Ministériel impatiemment attendue pour délibérer sur le cas ABBAS TOLLI, parce que son indépendance de jugement est de facto altérée.
6. Alors que les statuts du personnel prévoient l’âge de la retraite à soixante (60) ans, M. ABBAS TOLLI, en violation des textes en vigueur, a maintenu des agents, pour la plupart improductifs et nocifs au bon fonctionnement de l’institution, pendant des durées parfois supérieures à 5 ans. Le Conseil d’Administration l’a plusieurs fois interpellé sans succès sur cette question. Les bénéficiaires de cette faveur se recrutent dans une certaine religion, une certaine nationalité, et dans la catégorie des satellisés et hommes de main des besognes ignobles. Carlos BONCANCA TABARES, le Directeur des Ressources Humaines et Formation (DRHF) est parmi les heureux bénéficiaires de ces libéralités indues, sur les ressources communautaires.
Mais paradoxalement, M. ABBAS TOLLI s’est permis d’humilier un Ministre des Finances qui lui suggérait d’attendre que son Etat trouve un remplaçant à un mal aimé que le tout-puissant ABBAS TOLLI voulait envoyer en retraite manu militari
7. M. ABBAS TOLLI a signé des « Contrats de Consultant » à certains des super-retraités évoqués ci-dessus, en violation des code et manuel de procédure des marchés adoptés par le Conseil d’Administration et approuvés par le Comité Ministériel. Les bénéficiaires de cette manne sont d’une même religion. Le cas de M. ABOUBACAR SALAO, dont le montant mensuel de la redevance contractuelle est de 12 millions de FCFA, est le plus irrésistible. L’attribution de gré à gré de ce marché de service de FCFA 144 millions l’an à M. ABOUBACAR SALAO relevait bel et bien du Code des Marchés et aurait dû être consécutive à un appel d’offres en bonne et due forme, conformément aux dispositions pertinentes du code des marchés en vigueur. On comprend maintenant pourquoi M. ABOUBACAR SALAO écrit des apologies en faveur de son ami ABBAS TOLLI et pousse même le culot jusqu’à publier ces impropriétés dans la messagerie interne de la BEAC. On appréhende aussi pourquoi c’est à lui (M. ABOUBACAR SALAO) que le Gouverneur ABBAS TOLLI a confié la rédaction de sa réponse ridicule au Président du Conseil d’Administration, sur une question de mal gouvernance avérée…Le contrat de M. ABOUBACAR SALAO n’est rien de moins qu’un détournement de deniers publics dont devrait se saisir l’un ministère public camerounais ou centrafricain.
8. M. ABBAS TOLLI a attribué à une entreprise tchadienne appartenant à son oncle, contre toute logique et en passant outre la proposition de la Commission ad hoc de Passation des Marchés de la BEAC, le marché de construction de l’Agence BEAC d’Ebolowa au Cameroun, d’un montant de 14 milliards de FCFA. Il s’est obstiné dans son choix cupide, malgré les contestations et les recours des soumissionnaires et nonobstant les résultats de l’enquête engagée par les services internes compétents, qui suggéraient l’annulation de la procédure.
9. M. ABBAS TOLII vient d’attribuer, presque dans la même opacité, le marché de construction de la Direction Nationale de la BEAC à Yaoundé à une société Islamo-Arabe(l’appartenance religieuse semble être un critère décisif chez lui) à concurrence de 33 milliards de FCFA, alors que des offres techniques plus solides proposaient les mêmes travaux à 29 milliards de FCFA. Une attribution cavalière qui confirme les allégations affirmant que c’est M. ABBAS TOLLI en personne qui est derrière la société libanaise en question. La majorité des attributions de marchés sous son règne est d’ailleurs systématiquement contestée, à cause de son affairisme incontrôlé. C’est cette même cupidité qui a certainement amené M. ABBAS TOLLI à frustrer la Direction de l’Emission Monétaire et de la Circulation Fiduciaire (DEMCF) ainsi que sa Direction Générale de rattachement (la DGE) de la conduite du projet d’émission d’une nouvelle gamme de billets. Ce projet est actuellement géré dans une totale occultation par le Gouverneur ABBAS TOLLI et son chargé de mission conquis, GORO Éric, ancien DEMCF auquel le Gouvernement centrafricain avait retiré sa confiance. Le personnel craint fortement que le flibustierde Gouverneur ABBAS TOLLIprofite de cette nouvelle gamme pour faire des émissions parallèles pour un enrichissement personnel et… dangereux (C’est un Général d’Armée).
10. M. ABBAS TOLLI occupe deux résidences de fonction à Yaoundé (une pour chacune de sesépouses officielles), en violation des textes qui ne lui donnent droit qu’à un seul logement de fonction. En cinq ans, les loyers théoriques de la gigantesque villa destinée au Vice-Gouverneur qu’occupe la deuxième épouse d’ABBAS TOLLI se chiffreraient à au moins 150 millions de FCFA de fonds publics détournés et passibles de poursuites judiciaires. Les actes de gestion qui se soldent par les gains personnels au profit de M. ABBAS TOLLI sont légion. Le comble est que parallèlement à cette prodigalité aux fins personnelles, ce Gouverneur luciférien a abusivement supprimé la quasi-totalité des avantages réglementaires dont bénéficiait le personnel, sous le fallacieux prétexte de redressement de la Banque, allant jusqu’à abroger les avancements statutaires des cadres séniors.
Chers Membres des Organes d’Administration et Contrôle de la BEAC,
Dans la numérologie biblique, le chiffre 10 renvoie aux maximum de quelque chose. Je me suis arrêté à 10 pour dire que M. ABBAS TOLLI est au maximum de la mal gouvernance à la BEAC. Les dix cas évoqués ne constituent guère un échantillon significatif des égarements du Gouverneur ABBAS TOLLI. La tasse est pleine et l’action urgente.
Les organes de décisions ont toujours su réagir face à des situations critiques qui menacent le poumon de la CEMAC qu’est la BEAC. Ils ont su mettre fin au règne du Gouverneur Jean Félix MAMALEPOT de très regrettée mémoire et malgré sa compétence reconnue, parce que celui-ci s’est cru,à un moment,plus fort que les Etats auxquels appartient la BEAC. Ils ont su intervenir promptement pour sanctionner la mal gouvernance du Gouverneur Philibert ANDZEMBE et son vice Rigobert Roger ANDELY, dans l’affaire du DATI. Aujourd’hui, vous êtes face à M. ABBAS TOLLI qui réunit, à la fois et au double, le désir de toute-puissancede MAMALEPOT et la mal gouvernance de Philibert ANDZEMBE et compagnie.
Les mêmes causes doivent produire les mêmes effets, toute proportion gardée. Comme Icare, la toute-puissance de M. ABBAS TOLLI l’a poussé jusqu’au soleil : il doit « fondre et s’embraser dans l’océan ». C’est le seul moyen pour faire comprendre aux futurs Gouverneurs et autres membres du Gouvernement de la BEAC qu’ils ne sont que des commis des Etats, qui ne sauraient se réfugier derrière le principe de l’indépendance des Banques Centrales pour diriger cette institution communautaire comme une entreprise familiale où ils sont des souverains.
Le personnel de la BEAC compte sur vous pour renouveler sans délai ce gouvernement de la BEAC, afin de redonner une chance de renaissance à cette Institution commune chère à nous tous. Il attend aussi que M. Carlos BONCANCA TABARES qui, au soir de sa carrière, a choisi de servir un despote au détriment de l’institution qui lui a tout donné, soit sévèrement réprimé, par un licenciement sans solde. Il ne mérite pas moins.
Pour le Personnel de la BEAC
Signé, Dr AZOMBO ANGOULA Mérimée »