Scandale au Consulat général du Cameroun: La Conac aux trousses des diplomates camerounais à Paris suite aux fulgurances de faux au Consulat
Après des dénonciations anonymes, la Conac (Commission nationale anti-corruption) travaille actuellement sur un épais dossier de malversations financières et des accusations d’enrichissement de certains personnels diplomatiques en poste dans la capitale française.
L’annonce est aussi discrète que l’affaire sensible. Dans son édition du 05 octobre 2017, l’hebdomadaire Jeune Afrique avait annoncé que la représentation diplomatique camerounaise à Paris fait, depuis septembre de l’année en cours, l’objet d’une enquête anti-corruption de la Conac. Le journal ne révélera aucune information supplémentaire. A peine apprend-on, par le truchement d’une source, qu’en raison de graves soupçons de malversations financières et des accusations d’enrichissement personnel dont fait l’objet le consul général du Cameroun à Paris, Paul Biya, le chef de l’État camerounais a dépêché, à la mi-septembre, une importante mission coiffée par Garga Haman Adji. Une autre source confie qu’après avoir passé au crible la comptabilité de l’institution diplomatique, les manquements sont nombreux.
Scandale
On s’alarme, on s’effare. Le travail de la mission de la Conac a permis, selon nos informations d’entrer dans les cuisines du Consulat général du Cameroun à Paris.
L’on parle des décaissements sans aucune pièce comptable (notamment la prise en charge de la progéniture d’Alamine Ousmane Mey); de la surfacturation des services (prix des passeports, timbres, évacuations sanitaires et visas); de l’irrespect des normes des hiérarchies (le cas de Ketchankeu); du népotisme (recrutement d’une parente de Lejeune Mbella Mbella)…
Autre élément qui a alimenté la base de données de la mission de la Conac : la gestion opaque du compte spécial. L’équipe conduite par Garga Haman Adji ont, à en croire nos sources, voulu savoir où exactement sont logés les revenus immobiliers du Cameroun en France. Une piste a conduit les « visiteurs » au compte N° 000 37 29 38 71-(31) logé à la Société Générale, Avenue Kleber. Dans ce compte, sont versés chaque mois 5 470 euros représentant les charges d’eau, de ménage, d’électricité, de loyer et d’assurance.
L’on parle aussi d’une escroquerie financière qui a duré presque dix ans. Dans une lettre datée du 19 juillet 2017, dame Laure Minkue Owona (1ère Vice-Consul du Cameroun à Paris) réclame au total 180 000 euros (soit environ 119 millions de francs CFA) au titre de ses primes mensuelles « volées » pendant dix ans par Raphaël Galega Gana, le consul général.
Dérobade
«C’est hélas devenu une habitude, des adversaires colportent des ragots, diffament, cherchent à me calomnier en me qualifiant de tout » . Les mots sont ceux de Raphaël Galega Gana, joint au téléphone dans l’après-midi du 16 octobre dernier. Sans autre procédé, l’homme fait valoir une leçon de vie. « Je vous suggère d’aller à la Conac, votre informateur », lance-t-il véhément au bout du fil. Dans cette ligne de défense qui n’a rien de remarquable, il est loisible de souligner la logique du consul général : ne rien dire pour l’instant.
Entendu ailleurs…
Des faits, comme ceux évoqués plus haut, viennent rappeler ceux mis à la disposition de la Conac par le Mouvement «Solidarité diaspora» en décembre 2012. En ces temps-là, l’association dénonçait «la modification substantielle et unilatérale des tarifs de timbres et autres formalités préalables au service public dans les missions diplomatiques et postes consulaires en France».
Les rédacteurs de cette correspondance, abordaient aussi le service public des visas. L’on apprenait alors que les fonctionnaires du ministère des Finances et les ressources dirigeantes des missions consulaires de Paris et Marseille requièrent le versement d’une somme de 65 596 francs cfa (10 euros) à l’usager, or la réglementation fixe le timbre pour le visa à 50 000 francs cfa (76,23 euros) pour les usagers sollicitant un visa de un à 90 jours au Cameroun.
De même, s’agissant du service public du passeport à Paris, «Solidarité diaspora» rapportait qu’au lieu de 50 000 francs cfa, le requérant déboursait 65 596 francs cfa.