Alors que la Fédération Camerounaise de Football (Fécafoot) a démenti ce lundi toute accusation de détournement de fonds impliquant son président, Samuel Eto’o, des voix s’élèvent pour affirmer que le Tribunal Criminel Spécial (TCS) aurait compétence pour juger l’ancienne star du football en cas de preuves avérées. Cette controverse prend source dans des allégations persistantes sur la gestion des fonds de la fédération, notamment ceux liés au match amical Russie-Cameroun d’octobre 2023.
Les détracteurs du président Eto’o s’appuient sur l’article 82 des statuts de la Fécafoot (édition novembre 2024), qui stipule que les fonds de la fédération doivent être déposés sur des comptes bancaires ouverts à son nom, et interdit formellement toute mise à disposition personnelle au profit des membres du Comité Exécutif. Plus grave encore, le texte précise que les biens de la Fécafoot sont considérés comme des biens sociaux, et qu’en cas de malversations, les gestionnaires concernés peuvent être poursuivis devant les « juridictions ordinaires compétentes » – une dérogation à la compétence exclusive normalement réservée à la fédération (article 74).
Or, selon des sources anonymes relayées par des activistes, 371 millions de FCFA, versés par la Fédération Russe de Football pour le match de 2023, auraient été virés sur un compte personnel de Samuel Eto’o à la National Bank of Qatar, plutôt que sur les comptes officiels de la Fécafoot. Une pratique qui, si elle était confirmée, violerait directement les dispositions statutaires et pourrait justifier une saisine du TCS, réputé pour son rôle dans la lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics.
La Fécafoot a réagi vigoureusement, dénonçant une « campagne de diffamation » et menaçant de poursuites judiciaires ceux qui propagent ces accusations. Cependant, cette sortie officielle ne semble pas avoir étouffé la polémique. Certains observateurs soulignent que l’article 83 des statuts impose à la Fécafoot de « rendre compte à l’État » des subventions perçues, renforçant ainsi l’idée d’un possible recours à la justice pénale en cas de manquement.
Si le TCS devait être saisi, Samuel Eto’o pourrait théoriquement encourir une peine allant jusqu’à 25 ans de prison, selon les dispositions camerounaises sur le détournement de biens sociaux. Mais pour l’heure, aucune plainte formelle n’a été rendue publique, et le président de la Fécafoot conserve le soutien d’une partie de l’écosystème footballistique.