Le ministre des Mines, de l'Industrie et du Développement Technologique, Fuh Calistus, fait l'objet d'accusations graves concernant la perception d'un montant d'environ un milliard de francs CFA dans le cadre du retrait d'un permis d'exploitation minière détenu par des opérateurs chinois dans la région de l'Est, au profit d'Assam Bonivan, neveu du président Paul Biya.
Selon nos sources, le ministre Fuh Calistus aurait orchestré le retrait du permis d'exploitation minière accordé à des investisseurs chinois dans la région de l'Est du Cameroun, en contrepartie d'une somme colossale estimée à près d'un milliard de francs CFA. Cette opération aurait eu pour objectif de faciliter l'octroi du permis à Assam Bonivan, présenté comme le neveu du chef de l'État.
Ces révélations interviennent dans un contexte de tensions autour de l'exploitation minière dans la localité de Batouri, où des manifestations ont récemment éclaté, opposant différents acteurs du secteur minier local.
La région de Batouri, dans le département de la Kadey, est devenue l'épicentre d'un conflit minier complexe impliquant plusieurs acteurs. D'un côté, la société Jambs Avenir SARL, héritière du patrimoine du défunt sénateur Jean Mboundjo (décédé en 2024), détient légalement un permis de recherche pour l'or et substances connexes sur une superficie de 67 kilomètres carrés.
De l'autre côté, des sociétés comme Zhengguo SARL (appartenant à un expatrié nommé Wang) et Solidarité Minière (dirigée par sieur Deconka) se seraient installées illégalement sur ce permis, créant une situation de conflit juridique et économique.
Pour développer son projet minier, Jambs Avenir a signé un partenariat technico-financier avec l'entreprise Codias, dirigée par Bonaventure Assam Mvondo, identifié comme le neveu du président Paul Biya. Ce partenariat, présenté comme visant "à promouvoir le développement économique de la région de l'Est", suscite des interrogations sur les conditions de sa mise en œuvre.
Les accusations portées contre le ministre Fuh Calistus suggèrent que ce partenariat aurait été facilité par des manœuvres frauduleuses visant à écarter les concurrents chinois du secteur.
Une bataille judiciaire révélatrice
Les documents officiels révèlent une série de décisions judiciaires favorables à Jambs Avenir :
Le 7 février 2024, le Tribunal de première instance de Batouri ordonne l'arrêt des travaux des sociétés illégalement installées
Le 22 mai 2024, la Cour d'Appel de l'Est confirme cette décision par l'arrêt n°15/CIV/REF
Le 13 août 2024, la Cour Suprême rejette définitivement les recours par l'ordonnance n°428
Malgré ces décisions, les tensions persistent sur le terrain, alimentées par des enjeux économiques considérables.
Le projet minier de Batouri représente des enjeux économiques importants avec un potentiel estimé à 1 000 emplois directs et 2 000 emplois indirects. Cette perspective d'emploi massive dans une région économiquement fragile explique en partie l'intensité des rivalités autour du contrôle de cette concession.
Les implications politiques d'un scandale
Ces accusations contre le ministre Fuh Calistus s'inscrivent dans un contexte politique sensible, à l'approche d'échéances électorales importantes. L'implication présumée du neveu du président Paul Biya ajoute une dimension politique explosive à cette affaire.
La famille Mboundjo, dans son communiqué officiel, dénonce "des discours de haine et des messages à forte connotation tribaliste" véhiculés lors des manifestations, suggérant une instrumentalisation politique du conflit minier.
Cette affaire met en lumière les défis persistants de la gouvernance dans le secteur minier camerounais, où se mêlent intérêts économiques, influences politiques et rivalités entre opérateurs locaux et internationaux.
Les accusations portées contre le ministre soulèvent des questions cruciales sur la transparence des processus d'attribution des permis miniers et sur les mécanismes de contrôle mis en place pour prévenir la corruption dans ce secteur stratégique.
Face à la gravité de ces accusations, les autorités compétentes sont attendues pour apporter des clarifications sur les conditions d'attribution et de retrait des permis miniers dans la région de l'Est. Cette affaire pourrait également relancer le débat sur la nécessité de renforcer les mécanismes de transparence dans la gestion du patrimoine minier national.