Dans le centre où a voté Paul Biya, un président de bureau est accusé d’avoir bourré l’urne.
Une chaude dispute a éclaté dans le bureau de vote baptisé « Ecole publique bilingue Bastos B ». L’échange verbal était vif entre le président du bureau et les représentants de deux partis politiques : l’un du parti Purs du candidat Serges Espoir Matomba et l’autre du parti Univers du candidat Cabral Libii. Les deux représentants ont exigé qu’après le comptage des enveloppes contenues dans l’urne, une vérification soit faite avec les fiches de pointage où chaque votant a signé et apposé son empreinte digitale.
Logiquement, le nombre d’enveloppes dans l’urne devrait correspondre au nombre de votants pointés sur les fiches. Pourtant, la demande des représentants du Purs et de Univers a été rejetée avec virulence par le président du bureau de vote. Sous les yeux du public, ce dernier a brandi une copie du Code électoral, en martelant que la demande formulée n’existe dans aucun article de la loi. Face à l’insistance de ses interlocuteurs, il s’est mis en colère, a menacé de les expulser du bureau et a même commencé à alerter les policiers postés dans le centre de vote de l’école publique bilingue de Bastos.
Quelque peu intimidés par les autres membres de ce bureau de vote, les deux requérants ont fini par se taire et sont même sortis de la salle. Ils y sont revenus souvent, sans véritablement suivre le déroulement du dépouillement. Tout est parti d’un incident que dénoncé par Pascal Bikim du Purs et Abdou Moktar de Univers.
Selon eux, tout a commencé plus tôt dans la journée alors que le président de le République, Paul Biya, se trouvait dans le centre de vote où il a voté dans le bureau voisin. « Quand le chef de l’Etat est arrivé, le vote a été suspendu. Nous nous sommes exécutés. Tout le monde était attiré par ce qui se passait dehors, surtout quand le chef est sorti du bureau voisin », raconte Pascal Bikim.
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Il poursuit : « Je me suis mis à la porte en ayant un œil dans la salle. J’ai alors vu le président de mon bureau de vote sortir des enveloppes d’un calepin et les mettre dans l’urne. Mon collègue de Univers a aussi vu la scène. Alors, nous avons sonné l’alerte. Mais dans le bureau de vote, tout le monde, même les observateurs, nous a dit de nous calmer et d’éviter tout scandale en présence du chef de l’Etat. Nous avons alerté les agents d’Elecam qui nous ont assurés qu’au terme de la journée, une comparaison serait faite entre le nombre d’enveloppes dans l’urne et les pointages sur les fiches. Ce qui nous confortés. Mais au moment du dépouillement, le président du bureau de vote s’est opposé à cette vérification. »
Le président du bureau de vote a rejeté ces accusations et a maintenu son refus catégorique. Les scrutateurs recrutés dans le public ont conduit le dépouillement sous les yeux de l’assistance. Puis, au terme du comptage, le président du bureau de vote a enfin sorti les fiches de pointage des votants. Le comptage a correspondu au nombre d’enveloppes sorties de l’urne précédemment, soit 210. Mais pour les contestataires, cette vérification a posteriori n’avait plus de valeur.
Ils accusent le président du bureau d’avoir ajouté des pointages avant de présenter les fiches. Finalement, les représentants du Purs et de Univers ont refusé de signer les procès-verbaux qui consacrent la victoire de Paul Biya avec un score de 141 voix sur 210 votants. Il y avait 345 inscrits, 135 n’ont pas voté. Paul Biya est vainqueur dans tous les sept bureaux de vote de l’école publique bilingue de Bastos.