La guerre ouverte entre les deux camps désormais irréconciliables au sein du Sdf est à son pic. A l’exigence de la démission immédiate du Chairman samedi dernier par Jean Michel Nintcheu, a retenti une salve dans le Moungo, méprisée au G27.
C’est connu, le Groupe des 27 cadres du Sdf (G27) réuni à Mbouda le 22 juin 2022 autour de Jean Michel Nintcheu pour exiger principalement le retour du parti à l’orthodoxie à sa création (Sdf originelle), marque chaque jour un peu plus son terrain. Au fil des réunions, ce G27 s’émancipe de John Fru Ndi au point où Jean Michel Nintcheu, à la réunion extraordinaire du comité exécutif régional du Littoral le 17 décembre dernier, a exigé ni plus ni moins que la démission du Chairman. C’est là le summum de la défiance. On s’attendait à une réaction massive de protestations venant des rangs du Sdf pour rappeler Nintcheu et les siens à l’ordre. Rien ! Tout juste une mièvre lettre de protestation signée la veille de la réunion, c’est-à-dire le 16 décembre 2022 à Mbanga, défraie la chronique. « Transmettons notre sincère et indéfectible soutien à notre Chairman S.E. Ni John Fri Ndi ; nous nous mettons à la disposition de la Commission Mochiggle en charge du Littoral pour parachever le processus de renouvellement dans un esprit de franche camaraderie » , lit-on in extenso dans cette déclaration. D’aucuns voient directement la main du Chairman en action, pour essayer de neutraliser celui qui ne fait plus mystère de ses intentions de s’emparer de la tête du Sdf.Un peu comme pour verser du fuel sur le feu de la défiance, cette sortie portée par Gabriel Ngomsi (le secrétaire à la Coordination départementale du Moungo sud), porte-parole d’un Collectif des membres statutaires du Comité exécutif régional du Littoral, suscite l’ire dans les coulisses du G27. « Celui-ci représente qui? Où est le nom des membres de ce « collectif »? Chacun peut s'asseoir et pondre un chiffon pareil. C'est du bluff. De l'utopie grandeur nature » , assène méprisant un cadre du parti. « Que le soit disant porte-parole raconte la triste histoire de l’échec de sa cellule à Dibombari en mettant l’accent sur les agissements de la cohorte de ses supposés militants. Pour des raisons de gombo, cet individu à la vénalité inscrite dans son Adn est devenu le sacrifié par qui les corrompus à la tête du parti veulent faire entrer le diable dans la maison Sdf littoral » , réplique un autre en moquant la sortie de ce supposé collectif. Plus loin, un autre cadre confie que tous les militants connaissent « son passé répugnant ». Il rassure aussi que tous les cupides à la moralité douteuse ont déjà été démasqués par les militants restés fidèles aux idéaux du parti. « Sa manipulation à deux balles restera évidemment dans sa propre cervelle. Qu'il vide d'abord l'esprit vénal inscrit dans son Adn pour commencer à être crédible dans le moindre acte politique qu'il pose. Le concernant, c'est peine perdue » , conclut-il. Un autre dignitaire, appelé à commenter sur la sortie de ce Collectif des membres statutaires du Comité exécutif régional du Littoral, va indiquer que « c’est la preuve que le Sdf est dans la rue sans capitaine » . Tout porte à croire que le but de cette communication est de dénier à Jean Michel Nintcheu toute légitimité et toute légalité dans le Sdf. Et si d’aventure le cas était avéré, avec le G27 en pole position, la question est désormais de savoir qui restera avec le logo du Sdf. En sera-t-il comme il en a été en Côte d’Ivoire où Gbagbo en quittant le Fpi, le parti qu’il avait créé dans les années 1990, a déclaré récemment qu’il laissait à ses adversaires une coquille vide ? Pour terminer, Emmanuel Ntonga s’est donné à cœur ouvert, à bâtons rompus, à Le Messager sur les enjeux et défis au sein du Sdf.
Interview
Emmanuel Ntonga, président régional du Sdf du Centre
« Ce sont là les dernières cartouches d’Osih dans le Littoral »
Quel commentaire faites-vous d’entame sur la sortie de Gabriel Ngomsi ?
C'est juste un soutien de Joshua Osih. Ce Monsieur est seul mais parle de collectif sans aucun autre nom. Ce sont là les dernières cartouches d’Osih dans le Littoral. Nintcheu à toute la base entre ses mains.
Les dernières cartouches d’Osih ?
Effectivement. Son but est de passer aux primaires dans le Littoral comme candidat à la présidence du parti. Voilà donc le combat du Littoral. Osih sait que Nintcheu est très populaire à la base. Donc il faut absolument l’éliminer du jeu régional. Le 2ème point est le tribalisme qui règne dans notre parti. Certains leaders anglophones, Fru Ndi en tête, ne veulent pas entendre parler d'un Bamiléké à la tête du parti a la Convention qui normalement doit se tenir en février 2023, dans moins de 2 mois. Tout ceci pour deux raisons. La première est l'argent. Leurs amis du régime Biya ne leur donneront plus d'argent et quelques petits postes au pouvoir. La deuxième raison est que ce petit groupuscule anglophone pense qu'avec un Bamiléké à la tête du parti, il y aura une grande coopération avec Le Mrc du Professeur Kamto. Ils disent que ça fera un grand village. Il est à rappeler aujourd'hui que Fru Ndi vit de l'argent que ses amis du Rdpc lui donnent. Et aussi de certains qu'il a placés comme Osih au poste de questeur de l'Assemblée nationale. Et Mocchigle comme vice-président du sénat. Mais malheureusement, le mandat des sénateurs arrive à échéance en fin février.
Il faut éclairer l’opinion. Le Littoral n’est-il pas isolé ? Le Centre se trouve dans quel camp ?
Concernant le Centre, nous sommes dans le camp du changement, au regard de ma participation au sein du groupe des G27 de Mbouda. Et surtout de tout mon soutien à l'honorable jean Michel Nintcheu. A ce jour 9 présidents régionaux sur 12 sont contre Fru Ndi et sa petite bande qui ne pensent qu'à l'argent. Il est à rappeler que les 90 millions de dotation de l'Etat destinés cette année à notre parti sont aujourd'hui bloqués à la banque. Le trésorier national, le sénateur Étienne Sonkin ayant refusé de signer le chèque. Malgré quelques tentatives d’Osih et de Fru Ndi à vouloir frauder auprès de notre banque Uba, le G27 de Mbouda a envoyé un courrier à la direction de cette banque pour une mise en garde. Les immeubles que Fru Ndi possédait à Bamenda ne sont plus louer à cause de la guerre là-bas. Donc sa seule source de revenue reste aujourd'hui le parti et ses quelques élus qui lui obéissent ou alors l'argent de ses amis du Rdpc. Par exemple, Osih et Fru Ndi ont reçu chacun 50 millions de Fcfa pour que le Sdf participe au dernier défilé du 20 mai à Yaoundé. Pour moi le régional et responsable du Centre, ce fut le divorce total avec Osih et Fru Ndi. Depuis ce 17 mai 2022, on ne se parle plus, ni même se saluer parce que je considère cela comme une trahison du peuple anglophone que nous devons défendre. Bien plus cette hiérarchie tribaliste sait aujourd'hui que 3 ou 4 régions peuvent tout faire basculer en cas d'élections au Congrès ou Convention. Le Centre seul c'est 72 arrondissements x 9 délégués. Plus le Littoral 48, l'Ouest 28 et le Nord-Ouest donc le Régional fait partie du G27. Donc pour cette clique, il ne faut pas de Congrès, sinon ils perdent tout en une journée.
Interview menée par L.D.N.