Paul Biya est protégé par Chantal
Ces derniers temps, quantité de légendes pesantes courent sur l’image de la Première dame du Cameroun aux côtés de son époux.
Carrousel magistralement pensé par la musique principale des armées, «pas de Reine» très applaudi du Groupement para-commando des forces spéciales congolaises, voix qui annonce le début du défilé civil, des militants des partis politiques qui paradent sous la pluie, le départ du chef de l’État échappant au zoom des caméras de la télévision nationale (contrairement aux habitudes)… En vrac, c’est à cela que ressemble la rubrique «Insolites» du cinquantenaire de l’Unité du Cameroun célébré vendredi dernier au Boulevard du 20 mai. Si la présence du couple présidentiel en ce lieu symbolique n’a pas surpris, l’image de Chantal Biya invariablement très proche de son époux pendant le défilé militaire a néanmoins permis à plus d’un commentateur de conduire un récit.
«Soutien»
«Parce qu’il a mis en scène un geste inhabituel lors de pareilles occasions, le personnage de l’épouse du président de la République a décentré le regard et induit des interrogations qu’il serait regrettable de négliger», postule Crynchia Bollanga. De l’avis de cette spécialiste de la communication politique, «ce cliché peut être compris comme un signe évident d’un nouvel état physique ou moral du chef de l’État». Vu sous cet angle, l’on voit se profiler l’image de Chantal Biya, «soutien» de Paul Biya.
Gestion des contradictions
En reconnaissant que les critères d’appréciation qu’offre ce regard s’avèrent un peu exagérés, Omer Essoungou pense qu’«ils s’ordonnent beaucoup plus comme une sorte de précipité ou de condensation chimique des angoisses populaires propagées volontairement par des rumeurs et des histoires graveleuses de luttes de clans». En tout cas, nuance-t-il, ils peuvent aussi s’ordonner autour de l’image de Chantal Biya… à la fois près de son époux et prête pour lui. «Elle doit contribuer au bien-être de son mari et là, elle répond à la vocation traditionnelle de toute femme: être au service de son mari», dit-il. Selon le sémiologue, depuis peu, l’épouse du chef de l’État donne à voir et légitime l’image du couple présidentiel se prêtant au jeu de la communication politique. «Il est indéniable que certaines postures récentes de Mme Chantal Biya ont permis à son époux et à elle-même de gérer des contradictions sur la base du schéma 1+1 qui renverrait à deux individualités, mais plutôt que l’ensemble doit ne faire qu’un. Et dans cette logique, le président de la République et sa femme sont associés dans un projet commun, celui de la gestion des contradictions générées par leurs âges respectifs (89 et 51 ans, NDLR) et les niveaux de sollicitation quotidienne», analyse Omer Essoungou. Sur le coup, l’universitaire s’inspire d’un exemple. «Souvenez-vous, dit-il, de l’empressement avec lequel la Première dame a tenu à être aux côtés de son mari lors de la revue des troupes au Stade d’Olembe en janvier dernier».
