Les relations sécuritaires entre les États-Unis et le Cameroun connaissent un tournant majeur, marqué par une intensification sans précédent de la coopération bilatérale, révèle une enquête exclusive de Jeune Afrique.
Selon les révélations de Jeune Afrique, Washington a récemment renforcé son soutien sécuritaire au Cameroun, tant sur le territoire national qu'à l'international. Cette coopération renouvelée s'inscrit dans une logique géostratégique claire : "Les Américains sont dans une logique de séduction vis-à-vis du Cameroun, considéré comme la porte d'entrée du golfe de Guinée", confie une source proche du dossier au magazine panafricain.
Cette approche marque une rupture avec la période de tensions qui avait caractérisé les relations bilatérales, notamment après 2019, lorsque Washington avait suspendu certains aspects de sa coopération en raison d'allégations de violations des droits humains dans les régions anglophones et l'Extrême-Nord du Cameroun.
L'un des aspects les plus significatifs de cette coopération renouvelée concerne la lutte contre le séparatisme anglophone. Jeune Afrique révèle que Washington a mené "des opérations ciblées contre des leaders séparatistes ambazoniens", facilitant l'arrestation d'au moins trois dirigeants de ce mouvement aux États-Unis et en Norvège.
Ces interventions américaines démontrent un changement d'approche de l'administration Biden vis-à-vis de la crise anglophone, privilégiant désormais une coopération active avec Yaoundé plutôt qu'une posture critique.
La normalisation des relations a été officiellement consacrée par la visite récente du général Michael Anderson, nouveau commandant d'Africom, reçu par Paul Biya le 19 septembre dernier. Selon Jeune Afrique, cette rencontre intervient "dix ans après la visite du général David Rodriguez en 2015", marquant ainsi la reprise d'un dialogue militaire de haut niveau.
Le commandant Anderson a également rencontré plusieurs responsables sécuritaires camerounais, notamment le ministre délégué à la Défense Joseph Beti Assomo et le général François Pelene, chef du Bataillon d'intervention rapide (BIR). Il s'est même rendu sur une base du BIR à Maroua, dans l'Extrême-Nord, témoignant de l'ampleur de cette coopération.
Jeune Afrique souligne également le rôle clé de l'ambassadeur américain Christopher Lamora dans ce rapprochement. Décrit comme "réputé proche du chef de l'État camerounais", le diplomate américain aurait joué un rôle déterminant dans la relance de ce partenariat stratégique.
Ce renforcement de la coopération s'explique par les enjeux géopolitiques majeurs de la région du golfe de Guinée. Face à la montée de l'influence chinoise et russe en Afrique centrale, Washington cherche à consolider ses positions en s'appuyant sur des partenaires régionaux stables comme le Cameroun.
La position géographique stratégique du Cameroun, à la fois en Afrique centrale et occidentale, en fait un allié précieux pour les États-Unis dans leur stratégie de containment des influences rivales sur le continent.
Cette évolution des relations américano-camerounaises suggère une volonté de Washington d'établir un partenariat durable avec Yaoundé, dépassant les contingences politiques internes. Pour le Cameroun, cette coopération représente un atout majeur dans la gestion de ses défis sécuritaires, notamment la lutte contre Boko Haram dans l'Extrême-Nord et la crise anglophone.
Les révélations de Jeune Afrique témoignent ainsi d'un changement paradigmatique dans les relations bilatérales, ouvrant la voie à une coopération sécuritaire renforcée entre les deux pays.