L'Assemblée de l'État de Californie vote en faveur de l'interdiction du retrait non consensuel du préservatif, le fait de retirer un préservatif à l'insu de son partenaire ou sans son consentement.
"Il est maintenant clair en Californie que c'est un crime", rapportew< Cristina Garcia, membre démocrate de l'assemblée qui a parrainé le projet de loi. "Cette loi est la première du genre dans la nation, mais j'exhorte les autres États à suivre la direction de la Californie et à dire clairement que le retrait non consensuel du préservatif n'est pas seulement immoral mais illégal."
Elle travaille sur le retrait non consensuel du préservatif depuis 2017, date à laquelle un rapport d'Alexandra Brodsky, alors étudiante, est paru dans le Columbia Journal of Gender and Law, ce qui est crédité d'une sensibilisation à cet acte.
Cependant, le retrait non consensuel du préservatif n'est pas un phénomène nouveau.
La même année, des chercheurs de l'université Monash, en Australie, constatent qu'une femme sur trois et un homme sur cinq ayant des relations sexuelles avec des hommes ont été soumis à cette pratique.
Et une autre étude de 2019 révèle que près de 10 % des hommes disent avoir retiré un préservatif sans consentement lors de rapports sexuels .
Dans son article de 2017, Alexandra Brodsky a cité un célèbre blogueur spécialisé dans le retrait non consensuel du préservatif, qui utilisait son site, aujourd'hui disparu, pour donner des conseils à d'autres hommes sur la manière de retirer secrètement des préservatifs sans attirer l'attention.
C'est le devoir de la femme d'écarter les jambes, écrivaient les commentateurs, et le droit de l'homme de "répandre sa semence".
Mais si la sensibilisation à la pratique du retrait non consensuel du préservatif s'est accrue, la réponse législative a pris du retard.
À l'échelle mondiale, il n'y a eu qu'une poignée de poursuites réussies, dont la gravité varie de l'agression sexuelle au viol.
En Allemagne, un officier de police a été reconnu coupable d'agression sexuelle pour avoir retiré un préservatif sans le consentement de son partenaire.
Le tribunal l'a condamné à huit mois de prison avec sursis et lui a infligé une amende de 3 000 euros (3 470 dollars) de dommages et intérêts, ainsi qu'une amende de 96 euros (111 dollars) pour payer un test de santé sexuelle à la victime.
En Nouvelle-Zélande, l'approche est plus sévère.
Au début de cette année, un homme a été condamné à une peine de prison de trois ans et neuf mois après avoir été reconnu coupable de viol après avoir retiré son préservatif sans le consentement d'une travailleuse du sexe.
De même, au Royaume-Uni, le retrait non consensuel du préservatif est considéré comme un viol, bien qu'il n'existe pas de législation spécifique. En 2019, un homme a été reconnu coupable de viol pour retrait non consensuel du préservatif avec une travailleuse du sexe qui lui avait spécifiquement demandé de mettre un préservatif.
Le fait qu'il ait retiré le préservatif avait annulé son consentement conditionnel.
Des poursuites pour agression sexuelle ont également abouti au Canada en 2014 et en Suisse en 2017, bien que plus récemment, la Cour suprême cantonale de Zurich ait déclaré que le retrait non consensuel du préservatif n'était pas illégal, bien qu'avec des regrets.
L'une des affaires de retrait non consensuel du préservatif les plus médiatisées est celle de Julian Assange, accusé d'avoir retiré le préservatif par deux femmes distinctes lors d'un voyage d'affaires en Suède en 2010.
Il n'a toutefois été reconnu coupable d'aucun crime, car il a refusé de retourner en Suède, craignant d'être extradé vers les États-Unis, où il était accusé d'espionnage. Les procureurs suédois ont depuis abandonné l'affaire.
Des pays comme les Pays-Bas, la Finlande, la Suisse et la Slovénie envisagent de mettre à jour leur législation, tandis que l'année dernière, le gouvernement espagnol a annoncé un projet de loi visant à lutter contre les violences sexuelles et comprenant une réforme de la définition juridique du viol.
Le Territoire de la capitale australienne (ACT) rejoint la Californie cette semaine et est devenu le premier État australien à interdire le retrait non consensuel du préservatif. Cet acte était déjà couvert par les lois existantes, mais il existe désormais une législation spécifique définissant le retrait non consensuel du préservatif comme une agression sexuelle.
Le projet de loi est présenté par le leader de l'opposition, Elizabeth Lee, qui dit : "le retrait non consensuel du préservatif est une chose traumatisante pour toute personne et je suis très fière que l'ACT ait adopté des réformes à l'avant-garde du pays pour criminaliser spécifiquement cet acte odieux".