Alors que l’ouverture des débats pour l’examen des faits était attendue pour le 7 septembre 2022, un collectif d’avocats a présenté au tribunal les éléments qui militent, selon lui, à l’annulation du procès intenté contre leur cliente. Cette dernière est poursuivie pour les faits de prostitution et publication des images obscènes sur les réseaux sociaux.
Il faut encore attendre le 21 septembre 2022 pour savoir le sort que le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif réserve à l’affaire de sextape concernant Christelle Biloa Atangana connue sous le pseudonyme de Cynthia Fiangan alias «chocolat de mer». L’affaire de celle qui est devenue célèbre avec la publication sur les réseaux sociaux de ses images à caractère pornographique a été renvoyée à cette date à cause des «exceptions de nullité» soulevées par les avocats de la défense. Le collectif constitué pour la défense des intérêts de cette dernière a fustigé la qualité des documents présentés par le ministère public au soutien de l’accusation. Tour à tour, les 5 avocats ont indiqué que lesdits documents comportent de nombreuses irrégularités devant conduire à l’annulation du procès intenté à leur cliente.
En substance, dans leurs différentes interventions, Me Kouanou Claes, Me Manga Zambo Yannick et Me Eyouck et leurs autres confrères ont évoqué les points litigieux ne permettant pas, selon eux, au tribunal d’admettre les documents du parquet au dossier de procédure comme pièces à conviction. Le premier point porte sur l’identité de leur cliente qui n’est pas conforme à celle contenue dans le dossier de procédure. Sur ce point, les avocats expliquent que le procès-verbal d’authentification des communications téléphoniques dressé par l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (Antic) parle de Christelle Fiangan Atangana alors que leur cliente porte le nom de Biloa Atangana Christelle.
Ils soulignent dans le second point que les documents présentés par le parquet sont, pour certains, de simples photocopies, et pour d’autres, des photocopies certifiées conformes dont les originaux n’ont pas été présentés au tribunal. Outre ces documents, les avocats demandent au tribunal de rejeter toutes les pièces qui ont été signées alors qu’ils ne portaient pas de timbre. Les hommes en robe noire ont noté en outre que le procès-verbal de l’enquête préliminaire ne renseigne pas suffisamment sur la qualité de la personne qui l’a signé. Le dernier point décrié porte sur les disques (CD) supposés contenir les vidéos litigieuses attribuées à Christelle Biloa Atangana, Me Kouanou et ses confrères soutiennent qu’il y a un doute qui plane sur leur contenu étant donné que ces supports n’ont pas été soumis au principe du contradictoire.
Ingénieurs de Facebook…
Par ailleurs, les avocats de la défense estiment que le ministère public repose l’accusation sur les éléments qui lui ont été procurés par «les ingénieurs de Facebook» et ceux du lieudit «Cradat» situé aux alentours de l’Université de Yaoundé I. Compte tenu de tous ces manquements décriés, le collectif des avocats demande au tribunal de sanctionner la légèreté alléguée du parquet en rejetant les documents litigieux étant donné, selon la défense, qu’ils ne réunissent pas les conditions d’admission de preuves prévues par les dispositions des articles 313 et 314 du Code de procédure pénale.
En réaction, la représentante du parquet a estimé que les exceptions soulevées par la défense constituent un dilatoire parce que les avocats de la prévenue ne disent pas en quoi les irrégularités dont ils parlent constituent un handicap aux droits de la défense. Elle a ensuite indiqué au tribunal que le procès-verbal de l’enquête préliminaire critiqué par les avocats de Christelle Biloa Atangana est bel et bien signé par ordre. Le ministère public soutient aussi que c’est l’Antic qui est à l’origine de cette procédure judiciaire en dénonçant et en portant plainte contre la mise en cause. Elle explique que les originaux des documents qui ont été produits en photocopies sont détenus dans les machines de l’Antic. «Je suis formelle, les images contenues dans les CD proviennent de l’Antic à notre demande. Pour faire la lumière dans cette affaire, je sollicite une descente du tribunal dans les locaux de cette institution», a martelé le parquet.
Après avoir attentivement écouté les interventions des avocats et du magistrat du parquet, le juge en charge de l’examen du dossier compte se prononcer sur les exceptions de la défense le 21 septembre 2022.
Rappelons que Christelle Biloa Atangana alias Cynthia Fiangan alias «chocolat de mer» croupit à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis deux mois. Elle est poursuivie pour les faits de prostitution et publications obscènes. Il lui est reproché d’avoir filmé et partagé sur sa page facebook les vidéos comportant les images de sa nudité et celles de ses ébats sexuels avec un adulte. L’affaire qui a fait le buzz dans les réseaux sociaux alimente encore la controverse au sein de l’opinion nationale.