Pendant la Coupe des Confédérations en 2003, il y a un type qui m’avait dragué à Yaoundé, jusqu’à m’emmener manger la viande de soya là-bas à la Briquetterie. Et j’avais accepté hein ! Mais c’est parce que je ne savais pas qu’il y avait déjà les homosexuels et les lesbiennes ici au Cameroun…
Il y a les homosexuelles
À l’époque j’étais naïf comme un adolescent qui vient d’avoir sa puberté. Et si j’ignorais encore l’existence des homosexuels, qu’est-ce que c’était pour les homosexuelles ? Parce que pour vous dire vrai hein, il y a beaucoup-beaucoup-beaucoup de lesbiennes ici au Cameroun…
Elles ont leurs secteurs, si tu entres là-bas pour commencer à dire que tu vas baratiner une fille, c’est ta malchance ! Elles ont leurs habillements aussi : quand moi je vois une fille qui met des dreadlocks et qui baisse toujours son pantalon comme si elle avait oublié sa ceinture, je commence déjà à la soupçonner. Elles ont leurs sports favoris, aussi, comme le football sur gazon et l’haltérophilie gréco-romaine, mais ne partez pas répéter que c’est moi qui vous ai raconté tout ceci. Puisque ce qui me fait mal dans cette histoire, c’est que j’ai perdu une jolie brunette qui avait les fesses et qui avait les formes, mais qui m’a quitté parce qu’elle a préféré aller sortir avec une autre lesbienne !
Il y a les homosexuels
En dehors du jour où le gars-là m’avait offert quelques brochettes de soya alors que je ne m’imaginais même pas qu’il me baratinait, j’ai rencontré plusieurs autres homosexuels. J’ai même eu un rendez-vous avec l’un de mes lecteurs et il était très gai (je comprends maintenant pourquoi). Mais ce qui m’a quand même surpris, c’est qu’il n’utilisait pas son vrai prénom sur Internet. Et il regardait toujours autour de lui par méfiance, parce que les homosexuels sont encore véritablement stigmatisés et menacés ici au Cameroun !
Bref, ils ont aussi leurs secteurs. Ils ont leur façon de marcher comme s’ils étaient assis sur un vélo alors qu’ils sont pourtant normalement debout. Ils ont leurs puissants réseaux que si on « t’introduit » là-bas dedans hein, hum, tu vas sauf que te retrouver milliardaire comme dans les blagues. Ils ont leurs supermarchés où ils achètent facilement leurs lubrifiants et leurs couches jetables. Ils ont un aspect androgyne pour certains, et c’est pour ça que tu ne sauras jamais celui qui joue le rôle de l’homme et tu ne sauras jamais celui qui joue le rôle de la femme…un homme Noir qui se maquille
Il y a les métrosexuels
C’est un mot que je viens de découvrir. Auparavant je croyais que c’est un gars qui aime faire l’amour dans les métros, mais ce n’est pas ça. J’ai aussi cru que c’est un gars qui était performant au lit jusqu’à on le comparait déjà à un métronome sexuel, mais ce n’est pas cela non plus. Car un métrosexuel, c’est tout simplement un hétérosexuel qui a du goût !
Concrètement, ça veut dire que si ton voisin pratique le maquillage comme la plupart des hommes qui vivent au Congo, c’est un métrosexuel ! S’il marche toujours avec son miroir et ses gels de douche dans son « sac à main », c’est un métrosexuel ! Si ton cousin vient pour t’aider à choisir la robe de mariage de ta future épouse, c’est un métrosexuel ! Si tu as des amis qui sont coiffeurs dans des salons de coiffure pour dames, ou alors qui sont des décorateurs ou bien des fleuristes, eh bien ce sont des métrosexuels !
Mais par contre si un Camerounais s’intéresse à la manucure-pédicure alors là c’est tout simplement un chômeur !
Il y a les transgenres
Les transgenres sont un peu des Docteur Jekyll et Mister Hyde. Ce sont des gens qui ont une double corporalité personnalité. Ce sont des garçons qui se sont retrouvés coincés dans le corps d’une fille, ou vice-versa. Ce sont des gens qui ont la morphologie d’une femme avec la mentalité d’un homme. Ou vice-versa. Parfois ce sont des personnes qui ne se reconnaissent dans aucun sexe ni dans aucun genre, comme la fille (ou bien le monsieur, je ne sais pas quoi dire) qui m’avait dit un jour que « Monsieur Deudjui, appelez-moi tout simplement par mon prénom et ne mettez rien devant ! Ni Monsieur, ni Madame. »
D’accord madame !
Ici au Cameroun il n’y a plus seulement les homosexuels avec les lesbiennes…
Donc le jeudi 26 juin 2003 avant le décès du Lion Marc-Vivien Foé, moi j’étais à la Briquetterie en train de déguster de merveilleuses brochettes de viande de brousse. Le type qui m’avait dragué m’avait payé deux bières, il m’avait payé le taxi et puis je lui avais finalement filé mon numéro de téléphone.
Est-ce que moi je savais alors que c’était un homosexuel ?
Ici au Cameroun, il y a aussi les hermaphrodites. C’est-à-dire que tu vois un individu qui a le sexe d’un homme et qui a aussi le sexe de la femme en même endroit.
Ici dans les rues de Douala, il y a également les travestis. C’est-à-dire que tu vois une prostituée qui a les pamplemousses et qui te sourit avec un joli visage, mais au milieu de ses jambes elle possède un gros-gros bangala !
Ici dans le Cameroun de Pierre La Paix Ndamè, j’ai constaté qu’il n’y a plus seulement les homosexuels et les lesbiennes : car il y a également les homophobes !
Puisque quand je veux parler de ce sujet avec certains voisins de mon quartier, ils me disent toujours que « Il faut les tuer ! » (sic) Quand j’explique que l’homosexualité n’est pas une maladie et que ce n’est pas non plus une malédiction, certains Camerounais me demandent de fermer ma large sale bouche. Quand j’essaie de dire aux gens que je ne suis pas pour la légalisation mais que je suis 200 % contre la pénalisation, certains blogueurs me menacent publiquement et d’autres personnes me bloquent aussi sur Facebook : « Je demande hein, Ecclésio. Donc tu es déjà dedans ? »
Et pourtant c’est parce qu’il y a déjà trop de misanthropie et de discrimination ici au Cameroun…