Le 30 juillet 2015, Ahmed Abba, le correspondant-pigiste de RFI en langue haoussa à Maroua, au Nord-Cameroun, a été arrêté par les forces de l’ordre. Depuis, il a été transféré à Yaoundé et serait interrogé dans le cadre d’une enquête sur les activités de la secte islamiste Boko Haram au Nord-Cameroun. Aussitôt, RFI a mandaté un avocat, le bâtonnier Charles Tchoungang, pour l’assister.
Le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary a déclaré qu’au lendemain de son arrestation, il s’est entretenu avec les journalistes de RFI au sujet de leur correspondant : « Nous entretenons des relations cordiales avec RFI. Au lendemain de l’arrestation pour investigation de ce journaliste, j’ai eu à m’entretenir avec les journalistes de RFI. Cette chaîne ne saurait accepter que son nom soit associé ni de près de loin à une aventure quelconque », a-t-il laissé entendre lors de la conférence de presse.
Le 30 août dernier, RFI a demandé l’accès à son dossier. « Pour l’instant, nous nous trouvons dans la phase d’investigations. Laissons aux forces de défense et de sécurité, à la justice civile et militaire de continuer les investigations. Si ce Monsieur est reconnu innocent, il va recouvrer la liberté », a martelé le ministre de la Communication.
Me Charles Tchoungang a déclaré sur les antennes de RFI, le 30 août dernier qu’ « Il (Ahmed Abba, ndlr) est depuis tenu au secret et est enquêté par un organisme dont c’est la mission dans le cadre de l’état de guerre qui est celui du Cameroun ».
Le bâtonnier a tenu à rappeler que « le Cameroun est en guerre depuis quelques mois et cette question est très sensible au Cameroun du fait de nombreux civils assassinés, du fait de nombreux militaires tués au front. Donc, par conséquence, c’est une question qui relève de la sécurité de l’Etat (…) Quelles que soient les suspicions qui pèsent contre lui, il est normal dans un Etat de droit comme celui du Cameroun de faire en sorte que l’on puisse accéder à lui pour être tranquillisés en attendant qu’il soit déféré devant les juridictions qui devront faire la part des choses ».