Trois mois, déjà! On se souvient encore de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. C’était le 17 janvier qu’il a été porté disparu. Puis, ensuite son corps en état de décomposition avait été découvert le 22 janvier 2023 aux environs de la localité de Soa, à la périphérie nord de Yaoundé.
Depuis, l’enquête a révélé bien de choses. Tout d’abord elle a conduit à l’arrestation puis l’inculpation de Jean Pierre Amougou Belinga, du directeur de la Dgre, Maxie Eko Eko ainsi que du Lieutenant-Colonel Justin Danwe. Ensuite, dans les déclarations de ce dernier, le nom du ministre de la Justice, garde des sceaux, Laurent Esso a été cité comme étant l’un des commanditaires de l’opération d’assassinat du Chef de chaine d’Amplitude FM Martinez Zogo.
Alors que toutes les personnes citées dans l’affaire ont fait un tour chez les enquêteurs pour répondre à de diverses questions, le cas du ministre n’a toujours pas été évoqué. Il est resté bien silencieux et le Chef d’Etat Paul Biya n’a pas lui non plus donné son accord pour qu’il soit interrogé.
Intervenant sur cette affaire sur les antennes de Radio France Internationale (Rfi), l’avocat inscrit au Barreau du Cameroun Claude Assira a affirmé qu’en restant silencieux alors que son nom a été associé à cet odieux assassinat qui a ému le monde entier, le ministre commet une bien belle erreur.
«Alors ce qui peut juste nous interpeller nous autres de l’extérieur, c’est que nous n’ayons jamais eu un communiqué officiel de la personne concernée, soit en tant qu’individu, soit éventuellement en tant que membre du gouvernement. Dans un crime qui n’est pas banal, qui n’est pas rien, je pense qu’un communiqué eut été le minimum qu’on puisse faire pour permettre au peuple de comprendre, d’autant que ce ne sont pas des fonctions banales qui sont occupées par ce membre du gouvernement, ça aurait été le minimum», a déclaré Me Claude Assira.
Outre le silence du ministre de la Justice, la qualification de l'assassinat retenue par le Tribunal militaire de Yaoundé suscite également des interrogations chez l'avocat. En effet, rappelons que le 4 mars 2023, Jean-Pierre Amougou Belinga et ses acolytes ont été inculpés pour enlèvement, torture, complicité de torture par aide.
Ainsi, Me Claude Assira s'interroge sur la qualification retenue de simple torture qui donne à penser que ce n'étaient que des menaces qui étaient envisagées et que les tortures utilisées en vue de ces menaces ont accidentellement conduit à la mort. Cependant, il est connu de tous que la torture peut amener le cœur d'une personne à lâcher et causer la mort. C'est pourquoi, selon l'avocat, la qualification de torture retenue paraît pour le moins curieuse.