Silence très bruissant de Maurice Kamto: ils ne savent pas ce qu'il pense et en ont peur

Silence Kamto.png Prof Maurice Kamto

Thu, 7 Aug 2025 Source: www.camerounweb.com

On peut tout reprocher au professeur Maurice Kamto, mais au grand jamais, on ne peut pas lui nier son pouvoir de mettre le régime Biya hors de lui.

Oui, Kamto a fait des erreurs politiques, mais actuellement il semble avoir tourné la situation créée par le RDPC contre lui.

Selon le Dr Claudel Noubissie, Maurice Kamto est en train de faire cela par son silence stoïque, mais très bruissant.

Lisons le médecin entrepreneurs camerounais qui salut la stratégie de son aîné.



"Depuis son exclusion officielle, Maurice Kamto ne s’est pas exprimé une seule fois sur ses canaux habituels. Beaucoup s’en étonnent; les plus impatients y voient un signe de désorganisation, d’autres un aveu d’impuissance.

En politique, pourtant, l’absence de paroles n’est jamais un simple mutisme; c’est déjà une stratégie.

D’abord, il faut comprendre que le temps n’est pas le même pour un tribun que pour un juriste. Pour Kamto, l’étape qui suit le rejet peut encore se jouer devant des instances extérieures, Commission Africaine ou Comités Onusiens.

Tant que ses avocats n’ont pas verrouillé la ligne de défense, parler serait se lier les mains. Ce temps juridique est donc un sas de décompression indispensable.

Vient ensuite le temps stratégique.

Un opposant fraîchement disqualifié qui vocifère aussitôt offre une cible parfaite à la répression ; en laissant ses militants s’exprimer librement, il mesure la température de base, observe où la colère fleurit, où elle retombe.

À la faveur du silence, il collecte une cartographie émotionnelle de son mouvant électorat.

Le troisième ressort est le temps de négociation.

Tant que Kamto ne prononce ni appel à la rue ni mot d’ordre d’abstention, il conserve sa monnaie d’échange. Dans l’ombre, chacun sait qu’un silence prolongé peut s’acheter sous forme d'un poste clef, un quota futur de députés, une réforme symbolique.

Plus il retarde sa prise de parole, plus son prix monte dans les tractations de coulisses.

À ces trois tempos s’ajoute la mécanique médiatique. L’actualité est un fleuve torrentiel et se jeter dedans au mauvais moment, c’est disparaître dans l’écume.

Kamto attend que les douze candidats validés aient épuisé leur première semaine de couverture pour revenir, certain que les projecteurs se braqueront de nouveau sur lui au moindre signe de vie.

Enfin, il y a l’humain. Il est clair que perdre une présidentielle avant de la commencer est un séisme intérieur. Se taire permet de reconsolider son cercle rapproché, de réécrire son récit, non pas celui d’un battu, mais d’un champion que l’on a sorti du jeu.

Sans cette cure de silence, aucun rebond n’est possible.

Que peut-il faire quand il brisera la glace ?

Plusieurs portes lui restent ouvertes.

Il peut rallier, sous conditions, un autre prétendant en jouant le rôle de faiseur de roi ; il peut au contraire appeler à l’abstention active et tenter de délégitimer le scrutin ; il peut se replier sur les législatives et municipales en 2026 pour transformer ses bastions en couloirs parlementaires ; il peut internationaliser la querelle, écumer plateaux et chancelleries ; ou, variante plus froide, il peut prolonger sa retraite médiatique afin de réapparaître, intact, après la tempête.

Reste un faisceau d’options que seuls les stratèges les plus aguerris mentionnent à demi-mot.

L’une consiste à prêter son réseau et ses moyens à un candidat avatar, déjà en lice mais discret, afin de rester dans la course sans attirer l'attention, et surgir à la fin pour un effet de surprise spectaculaire.

La dernière, plus radicale, serait d’infiltrer massivement les bureaux de vote et ainsi devenir l’œil silencieux qui collectera les procès-verbaux dès le dépouillement pour nourrir une contestation future.

Dans les semaines à venir, le pays surveillera trois signaux. Un premier petit éclat de communication, vidéo ou lettre ouverte, indiquera que la base est prête à recevoir des consignes.

Des voyages éclairs à Paris, Bruxelles ou Addis-Abeba signaleront l’option internationale.

Un silence prolongé au-delà de trente jours, enfin, démontrera que Kamto mise sur l’usure du futur vainqueur. Il se réserve alors pour la saison suivante, en 2026, et entend redevenir la seule figure de recours moral.

Le silence, on le voit, n’est pas l’absence de stratégie ; c’est la matrice où toutes les stratégies sont encore possibles.

Au jeu d’échecs électoral, se taire, c’est parfois tenir la main sur l’horloge tandis que l’adversaire dépense son temps.

Pendant ce temps, les douze prétendants encore en lice avancent leurs pions dans le secret des états-majors ; le RDPC a déjà dévoilé son bataillon national, les autres dressent silencieusement leurs propres échiquiers.

Les pièces s’alignent, les premières manœuvres ont lieu loin des caméras.

Restons aux aguets, heure après heure, l’actualité politique change de couleur. Dans la Chronique 8, je reviendrai pour lever le voile sur la prochaine combinaison".

Source: www.camerounweb.com