On a frôlé le pire dimanche 27 décembre 2015 à la prison centrale de Bertoua, capitale régionale de l’Est. En effet, les détenus ont créé un soulèvement pour s’insurger contre l’instauration par le régisseur d’un permis de visite, payant à 1 000 F CFA, pour chaque membre de leur famille ou amis.
«Des visiteurs affirment avoir déboursé chacun la somme de 1 000 F CFA avec ou sans permis de communiqué signé par le procureur de la République», révèle le quotidien Mutations n°4051 en kiosque lundi 28 décembre 2015.
Cette situation qui a fait en sorte que les détenus ne soient pas alimentés comme d’habitude par leur famille depuis le 25 décembre, a créé le courroux au sein du pénitencier. Selon le journal, «la journée [du dimanche 27 décembre] a été très mouvementée ici avec une réunion entre les prisonniers et Ngang Joh Lamya, le régisseur».
Face à la colère des prisonniers, le régisseur a voulu calmer les esprits surchauffés en organisant une réunion de crise avec quelques représentants des prisonniers. En vain. Car, au cours de ces assises, d’autres problèmes liés à la maltraitance ambiante ont ressurgis. Face au flot de récriminations, le régisseur s’est retrouvé submergé et a fait appel aux autorités de la ville.
Ainsi, le Délégué régional de l’Administration pénitentiaire de l’Est a fait le déplacement, accompagné d’une escouade de l’Equipe Spéciale d’Intervention Rapide (ESIR) de la police, des sapeurs-pompiers, et un détachement des éléments de la compagnie de gendarmerie de Bertoua.
Le Procureur de la République était également présent, ainsi que l’avocat général, le Co-légion et le Délégué régional de la Sûreté nationale.
Leur présence a eu pour effet de calmer l’explosion imminente de la situation. Un calme précaire est revenu au sein du pénitencier, construit en 1930 pour 100 places, et qui compte à ce jour plus de 500 pensionnaires. La promiscuité du fait de l’entassement, parfois de plus de 50 détenus dans des locaux prévus pour 20, a conduit au décès de 15 prisonniers en trois mois en 2012.
Depuis lors, pas grand-chose n’a été fait pour résoudre le problème de surpopulation à la prison centrale de Bertoua. La faute à un système judiciaire qui n’a pas toujours intégré l’objectif principal du code de procédure pénale dont l’application devait permettre une décongestion des prisons au Cameroun.