Succès: des secret d'une réussite fulgurante livrés

Dans un entretien exclusif avec Jeune Afrique, Cyrus Ngo’o, directeur général du Port autonome de Douala (PAD), a partagé les clés de la transformation du principal port camerounais, tout en évoquant les défis à relever pour consolider sa position de hub en Afrique centrale.

Depuis la fin de la concession accordée à Bolloré-Maersk en 2019, le PAD a internalisé plusieurs activités, notamment le dragage, permettant des économies substantielles. « Ce poste de dépenses, chiffré à 24 milliards de F CFA en 2019, a été réduit à 5 milliards », a révélé Ngo’o.

Cette stratégie a permis au PAD de dégager un résultat net moyen de 15 milliards de F CFA sur les quatre dernières années, malgré un contexte international difficile. « On fait ainsi la démonstration qu’une société publique peut être profitable », a-t-il affirmé.

Si l’État a repris le contrôle de certaines activités, Cyrus Ngo’o insiste sur l’importance des partenariats public-privé (PPP). « Le lien entre public et privé est fondamental, ne serait-ce que parce que les États ne disposent pas des ressources suffisantes pour réaliser seuls tous les projets d’intérêt général », a-t-il expliqué.

Le directeur général a également souligné que les opérateurs portuaires, qui paient in fine les services, doivent être associés aux initiatives pour en percevoir l’intérêt.

Pour répondre à la congestion et anticiper un doublement du trafic d’ici 2035, le PAD mise sur plusieurs projets d’extension. Parmi eux, le terminal vraquier sur la rive droite du Wouri, dont les travaux doivent démarrer cette année, et le port sec de Missolè, intégré à la Zone d’activités industrialo-portuaires de la Dibamba (ZAIPD).

En parallèle, le PAD poursuit ses efforts de digitalisation, avec l’objectif d’automatiser 100 % des opérations d’ici fin 2025.

Malgré les progrès réalisés, la corruption reste un défi majeur. « Nous avons réduit de plus de 80 % la criminalité liée au trafic de drogue, aux vols et à l’immigration clandestine », a déclaré Ngo’o. Cependant, il reconnaît que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour éradiquer ce fléau.

Avec sa position géographique stratégique, le PAD reste un acteur clé pour les pays de l’hinterland, comme le Tchad et la Centrafrique. « Notre port bénéficie de plus grandes facilités d’évacuation et propose les meilleures conditions commerciales », a-t-il souligné, tout en rejetant l’idée d’une concurrence avec le port en eaux profondes de Kribi.

Cyrus Ngo’o a réaffirmé sa vision pour le PAD : « Douala doit consolider sa position de hub en Afrique centrale, et nous mettons tout en œuvre pour y parvenir. »