Les exaltés du maintien du système prévaricateur, au pouvoir depuis près de 40 ans au Cameroun, sont désespérément à court d’arguments et ne savent plus à quel épouvantail s’accrocher.
Fridolin Nké, le philosophe antisystème qui donne des insomnies aux élites pouvoiristes de sa Lékié natale, s’est récemment attaqué à l’initiative loufoque de Henri Eyebé Ayissi, l’auteur de «l’appel» précipité à la candidature de Paul Biya pour l’élection présidentielle prévue en octobre 2025.
Il a demandé à l’actuel ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf) s’il lui était interdit, à lui-même, d’avoir une ambition présidentielle au point de déballer des trésors d’énergie et de ridicule pour appeler à la candidature d’un chef de l’Etat visiblement à bout de souffle. Que dirait-il de l’autre farce, plus burlesque encore, d’une nébuleuse qui se fait appeler «Groupe des franquistes» et qui, de son côté, dans une confusion qui donne la nausée, appelle à la candidature de Frank Biya, le fils aîné du chef de l’Etat, pour succéder à ce dernier à la tête de l’Etat ?
Henri Eyebe Ayissi a les moyens de sa politique d’équation personnelle. Et il a pour cela convoqué une réunion, fort courue, du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) le 31 octobre pour débiter sa trouvaille. Après tout, avec 16 ans pleins au gouvernement sous le Renouveau, dont les 14 dernières sans discontinuer, n’importe quel ministre égoïste au Cameroun peut voir venir et utiliser son matelas financier pour tisser de nouvelles entourloupes politiques.
Les «franquistes», quant à eux, sillonnent les arcanes du système pour vendre leur camelote et amasser un petit butin de guerre au passage. En attendant, ils inondent les réseaux sociaux avec leurs messages désopilants, mettant en exergue le choix de Frank Emmanuel Biya comme futur président de la République. Mais il n’y a pas seulement les moyens financiers qui leur font défaut : ils sont en déficit inquiétant de culture politique et dépourvus de bon sens.
Dessiner le diable sur le mur
Dans leur courageuse logorrhée et leur racolage politique, l’ignoble «groupe des franquistes» fait parfois référence au scénario qui s’est déroulé au Tchad, à la mort du maréchat Idriss Déby Itno remplacé par son général de fils, Mahamat Idriss Déby Itno. Ou encore à celui semblable survenu, des années plus tôt au Togo après la mort de Gnassignbé Eyadéma, remplacé par son fils alors ministre Faure Gnassingbé. Il n’y a que la foi du lépreux qui peut guider de tels fantasmes, car même les Témoins de Jéhovah ont cessé de prendre le risque d’annoncer une date pour la fin du monde…
Ces vuvuzelateurs du régime en place, qu’ils s’appellent Eyebe Ayissi ou «franquistes», ont-ils perdu de vue l’avertissement sec de leur propre champion, Paul Biya, qui a déclaré un jour que «le Cameroun c’est le Cameroun» ? Eh bien ! rappelons-leur que le Cameroun n’est donc ni le Togo ni le Tchad. Rien n’est impossible, mais le Cameroun n’a jamais été dirigé par un militaire ne serait-ce que pendant 24 heures.
Puisqu’ils aiment les comparaisons, rappelons aussi que la Côte d’ivoire était dans la même situation jusqu’à ce jour de décembre 1999 où le général Robert Guéï a pensé qu’il devait en être autrement. Et on sait ce que cette audace a, par la suite, provoqué comme conflits armés et bain de sang dans l’ex-«pays de paix et de stabilité». Espérons que les «franquistes», dans leur délire, ne rêvent pas d’un scénario funeste pour leur pays.
En l’état présent des institutions de la République du Cameroun, on ne voit pas autrement comment est-ce possible une éventuelle candidature de Frank Biya à l’élection présidentielle du Cameroun, lui qui n’a jamais rien été dans l’appareil de l’Etat, ni dans celui du parti-Etat Rdpc de son père, même comme conseiller dans la sous-section du parti de Meyomessala…