Paul Biya briguera-t-il un énième mandat ? C’est la question que se posent plusieurs Camerounais. Le chef de l’Etat Camerounais, n’a pas affiché clairement ses intentions, malgré l’insistance de la journaliste française de la chaîne RFI, qui accompagnait le président français, Monsieur Emmanuel Macron, lors de sa dernière visite en terre Camerounaise.
A 90 ans, il est encore en droit de briguer un nouveau septennat, car la loi fondamentale le lui autorise. Mais Monsieur Paul Biya n’est visiblement pas au mieux de sa forme.
Ses égarements lors du récent sommet Etats-Unis-Afrique, tout comme ses rares apparitions en public amènent à s’interroger sur sa capacité à pouvoir continuer à assurer les lourdes charges de l’Etat.
Ses proches collaborateurs l’ont bien compris. C’est justement pour cette raison qu’on assiste depuis un moment à une guerre ouverte des clans au sein de la majorité présidentielle. Dans cette guerre de succession les noms de potentiels « dauphins » émergent du lot.
Franck Biya ou la pérennisation de la France-Afrique
La photo de Monsieur Biya présentant officiellement son fils Franck Biya à son homologue français au palais de l’Unité le 26 juillet 2022, a fait le tour du monde.
Ce cliché, a vivement été commenté sur les différents plateaux de télévisons par les analystes politiques et membres de l’opposition. Pour ces derniers, les signes précurseurs d’une transmission du pouvoir de gré à gré à Monsieur Franck Biya, comme cela fut le cas au Togo, au Gabon et récemment au Tchad, se profilerait à l’horizon.
La création de son mouvement, les « Franckistes », et ses deux grands premiers bains de foule au Nord du Cameroun et en pays Bamoun ont été interprétés comme les signes annonciateurs d’une éventuelle candidature de ce dernier à la prochaine présidentielle.
Sa dernière apparition en public remonte au 13 février 2023, jour du 90-ème anniversaire de son père. S’affichant aux côtés de l’actuel président, Monsieur Franck Biya avait pourtant fière allure, contrairement aux rumeurs de son empoisonnement, qui circulaient sur les réseaux sociaux.
A 50 ans, il est le « candidat idéal » pour succéder à son père, selon plusieurs pontes du régime. Bien que ces derniers ne laissent, pour le moment, pas transparaître leur soutien au fils du président, ils abattent néanmoins un travail dans l’ombre.
Monsieur Franck Biya pourra compter, en plus du soutien de certains proches collaborateurs de son père, sur son électorat fidèle et sur une grande partie de l’armée acquise à sa cause.
Sa côte de popularité au sein du système inquiète d’autres proches du régime ayant eux aussi des ambitions présidentielles.
Louis Paul Motaze, un adversaire redoutable
Il y a quelques mois, le magazine français, « Jeune Afrique », consacrait un article sur Monsieur Louis Paul Motaze. L’article présentait ce dernier comme le digne successeur de Monsieur Biya, pour son riche parcours académique et professionnelle.
Originaire de la même région que le Président Biya, Monsieur Motaze contrairement au fils de l’actuel président, connait bien le système. Il fait ses premiers pas dans l’appareil étatique en 1983 à la Division des Affaires Economiques de la présidence de la République.
Le diplômé de l’Ecole Nationale d’Administration et de la Magistrature (ENAM) est en outre nanti d’un DEA (diplôme d’études approfondies) en droit public et d’un DESS (diplôme d’études supérieures spécialisées) en Transport international.
Occupant depuis 2018 le poste de ministre des Finances, Monsieur Motaze est considéré comme l’argentier du pays.
Pour certains observateurs de la vie politique camerounaise, ses chances de faire l’unanimité au sein des siens se seraient amoindries à cause de ses accointances avec le sulfureux homme d’affaires, Jean-Pierre Amougou Belinga. Monsieur Amougou Belinga est mis en cause dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo.
A ce jour, plusieurs réclament sa tête après les révélations des nombreux détournements des fonds de « la ligne 94 ». Mais lui aussi pourra compter sur le soutien de ses proches et peut-être aussi sur celui du grand Nord, région d’origine de son épouse.
Ferdinand Ngoh Ngoh, le renard des surfaces
Malgré les nombreuses attaques orchestrées par ses détracteurs, Ferdinand Ngoh Ngoh est celui-là qui semble avoir su garder son calme. Ce discret Secrétaire général de la présidence de la république du Cameroun parle peu et s’affiche rarement en public. « L’homme à la punk », comme aiment à l’appeler les Camerounais, jouit de la confiance du chef de l’Etat en raison de sa proximité avec la première Dame, Mme Chantal Biya.
Le 5 février 2019, le président Biya lui a attribué une « délégation permanente de signature ». Ce pouvoir est depuis lors un atout considérable pour Monsieur Ngoh Ngoh. Car il a pu placer plusieurs de ses proches à des postes stratégiques.
A ce jour il est l’un des hommes les plus craints du système pour sa proximité avec certains responsables services sécuritaires à l’instar de la gendarmerie Nationale et du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR).
L’assassinat du journaliste Martinez Zogo lui a permis de régler ses comptes avec ses détracteurs. Si stratégiquement Monsieur Ngoh Ngoh dispose d’énormes atouts, il n’en demeure pas moins qu’il puisse faire face au clan opposé, plus nombreux et plus puissant financièrement.
Laurent Esso, le monstre froid ?
De mémoire des Camerounais, Laurent Esso n’a jamais été aussi vulnérable. Ce magistrat hors hiérarchie, aux côtés de Monsieur Biya depuis des années, a été ébranlé par le scandale qui secoue actuellement la République : L’assassinat crapuleux du journaliste Zogo.
Il est le seul ministre en fonction ayant battu le record de la longévité au sein des différents gouvernements du président Biya.
Son nom, cité dans plusieurs assassinats et emprisonnement arbitraires, font de lui l’un des hommes les plus craints du système.
Avec l’appareil judiciaire entre ses mains, Monsieur Esso a su étendre ses tentacules dans le système. Du ministère de l’Administration territoriale au ministère des Finances en passant par celui de la Communication, il dispose d’un important réseau de fidèles.
A 81 ans, l’homme reste très évasif sur ses intentions, quitte à afficher sa loyauté au président Biya à toutes les occasions. Certains voient en lui, un candidat idéal à la succession de Paul Biya.
Mais pour y arriver, il faudra redorer son blason terni par les nombreux scandales auxquels son nom est associé. En plus de cela, il devra faire face au ministre Ngo Ngo qui lui voue une inimitié.
Pour ses détracteurs, Monsieur Esso aspire au pouvoir depuis des lustres. Ces derniers, dans des diatribes quasi-quotidiennes, l’accusent de vouloir fomenter un coup d’état contre le président Biya. Des accusations qui n’ont jusqu’à ce jour pas été prouvées.