Sud-Ouest et Nord-Ouest: l’exode massif des populations inquiète

Refugies270615400 Les populations des zons anglophones continuent de fuir les combats.

Mon, 17 Sep 2018 Source: L'Essentiel N°196

Le piège était grand, et certains y ont succombé, au point de céder à la tentation de la confusion, du mélange de genre, et du rejet du frère, parce que anglophone était devenu synonyme de méchant, mécréant, anti- républicain. Il n’aurait pu, du reste, en être autre- ment, tant le spectacle des lambeaux de chair, des corps déchiquetés ou des biens vandalisés, calcinés, défiait le mythe séculaire du pays de paix et de concorde, au moment même où le gouvernement multipliait des prodiges, pour apporter toutes les réponses attendues aux revendications sociales.

A la suite de cette détérioration générale de la situation, une première vague d’hémorragie humaine a conduit de nombreuses populations vers des pays voisins, d’où sont, ensuite, partis différentes accusations, attribuant aux forces de sécurité nationales des actes de boucherie inqualifiables. Sur le coup, certains esprits éclairés avaient crié à la manipulation, arguant d’une pure manœuvre de diversion, destinée à jeter l’opprobre sur le pouvoir, alors que des populations avaient simplement rejoint leur pays d’origine. Beaucoup en avaient douté, et à raison.

Sauf que depuis quelques jours, les faits semblent prendre une tournure inattendue. En même temps que différentes populations, dont les chefs traditionnels, les femmes et autres leaders d’opinion invitent le gouvernement à prendre toutes ses responsabilités pour la protection des populations, d’autres en sont à ne plus attendre. Ils prennent le strict nécessaire, pour essayer de trouver refuge au pays, en zone francophone, chez les frères, au Cameroun. Tiens, tiens ! Images poignantes et insoutenables, images d’ail- leurs, d’un lieu inconnu et perdu, où le désarroi le dispute à la misère, et où l’anéantisse- ment humain tient du lieu commun. Il s’agit pourtant du Cameroun et des camerounais, en ordre d’évacuation dans l’urgence, la panique, dans la peur, à l’intérieur de leur propre pays…

LIRE AUSSI: Ambazonie: rumeurs sur un assaut de l’armée, la population en panique

On ne va faire aucune corrélation entre ces populations paniquées qui rejoignent des localités apaisées au sein du Cameroun, avec les premières qui sont allées ailleurs. Ni d’ailleurs, ne tirer aucune conséquence de la profusion d’étrangers que les forces de sécurité interpellent tous les jours dans les rangs des sécessionnistes. Une chose est sûre, et c’est une loi commune à toute l’humanité ; en cas de crise, chacun repli toujours en priorité sur sa terre mère… Ceux qui sont du Cameroun rentreront toujours au Cameroun.

L’autre leçon de l’Histoire est dans l’appel lancé par nombres de leaders locaux au pouvoir, pour agir franchement. Il y a là, au moins, une puis- sante prise de conscience de ce que, tout ce qui brille n’est pas or, et qu’il vaut mieux se battre, à armes égales, avec son frère, plutôt qu’avec un inconnu… Au pouvoir donc d’entendre cet appel, et de passer à l’action historique, au nom de la République.

Source: L'Essentiel N°196