Sud : les dessous du pacte que Fame Ndongo a tenté de signer avec les siens

Les dessous du pacte que Fame Ndongo a tenté de signer avec les siens

Wed, 20 Oct 2021 Source: Mutations

L'élite du Sud s'engage à contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations de cette partie du pays.

En dehors des institutions étatiques, le développement de la région du Sud passera également par la contribution de son élite. Laquelle vient officiellement de s'engager à s'investir dans le vaste chantier de l'amélioration des conditions de vie des citoyens vivant dans cette partie du pays. Un nouveau jour s'est donc levé dans la région du Sud, classée dernière au plan national économiquement et démographiquement parlant.

Le « pays organisateur » était face à un miroir pour voir le reflet de ses « paradoxes » dont parlait l’écrivain Charles Ateba Eyene (de regrettée mémoire). Une région où l'enclavement, la vie chère et le difficile accès aux services sociaux de base font ramper les populations dans la misère sans oser soulever le petit doigt. La raison étant que ces populations ont été formatées depuis des lustres à ne rien revendiquer au nom de la résilience, et surtout des liens fraternels et ombilicaux qu'elles entretiennent avec le chef de l'État. Paul Biya à qui le Sud a toujours été fidèle à travers les plébiscites à lui accordés à chaque échéance électorale.

La patience ayant ses limites, les mouvements de révoltes enregistrés ces dernières semaines à Bengbis, Sangmelima et Njong Ngôtô, (route Ebolowa-Akom2-Kribi), sont révélateurs, non seulement du malaise que vivent les populations, mais aussi et surtout de la dégradation du climat de confiance entre l'élite du Sud à sa base. Cette élite qualifiée de nombriliste et d’égoïste, est accusée d'avoir passé une quarantaine d'années à réciter et ventiler des slogans laudateurs tels que : « le Sud est le bastion imprenable de Paul Biya, le socle granitique et inoxydable du RDPC », au lieu d'accompagner les populations dans leur sempiternel combat contre la pauvreté ambiante.

Clivages

Après des interminables « jérémiades » ruminées sous cape, et fort de la pertinence des revendications, traduisant peut-être le début d’un réveil brutal, qui d'après certaines analyses, était sur le point de se généraliser, c’est dans ce contexte que le ministre d'État, ministre de l'Enseignement supérieur (MINESUP), Jacques Fame Ndongo, saisissant la profondeur du mal, a initié la toute première Rencontres fraternelles du Sud (REFRAS).

« Les filles et fils du Sud se sont réunis ici à Ebolowa le 16 octobre 2021, en transcendant leurs clivages politiques, ethniques, linguistiques, religieux, philosophiques, socio professionnels et générationnels, à l'effet d'évoquer ensemble les problèmes que rencontrent les populations et d'en esquisser des solutions », indiquera le ministre d’État, par ailleurs chef de la délégation permanente régional du comité central du RDPC dans cette partie du pays. Concrètement, les participants, venus des quatre départements de la région (Dja et Lobo, Mvila, Océan et Vallée du Ntem), se sont appesantis sur : le retard de la région du Sud relativement au développement des infrastructures ; le retard dans le développement infrastructurel en eau, électricité, routes et TIC ; les difficultés d’accès des jeunes aux élites ; la faiblesse des structures d’entrepreneurship dans la région ; les problèmes d’emploi auxquels les jeunes sont confrontés.

Aveu d’échec

Cette rencontre a connu la présence de plusieurs membres du gouvernement originaires du Sud dont Minette Libom Li Likeng (ministre des Postes et Télécommunications) ; Louis Paul Motaze (ministre des Finances). D’autres ministres non originaires de la région y ont également pris part. L’on peut mentionner ainsi le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi ; le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba ; le ministre des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo. Des directeurs généraux et directeurs d’entreprises publiques étaient également de la partie, à l’instar du directeur général du Fonds national de l’emploi, Camille Moute A Bidias. Leur présence a été indiquée à titre d’« experts », selon le modérateur, afin de « nous informer à bonne source sûre que l’État a fait, fait et fera pour nous », a fait savoir Jacques Fame Ndongo à l’assistance.

Bien que considérée par certains observateurs comme un aveu d'échec, cette rencontre a permis, après autopsie des problèmes diagnostiqués, d'adopter un certain nombre de résolutions visant à sortir le Sud de la paupérisation actuelle. Les fruits de cette initiative qui se tiendra désormais annuellement, viendront en appui au conseil régional qui pourra dans une moindre mesure, traduire en actes concrets, idées issues de ces assises. Au demeurant, ces concertations placent davantage le président du conseil régional du Sud, Emmanuel Mve Elemva, devant ses responsabilités. Lui qui est, d’après la loi, le premier ouvrier de la matérialisation de la décentralisation dans cette région.

Recommandations des REFRAS

1. Les rencontres fraternelles du Sud s’inscrivent dans une perspective de pérennité, avec une périodicité annuelle ;

2. Un comité de suivi, présidé par le président du conseil régional du Sud et chargé du suivi-évaluation des recommandations des rencontres, soit mis sur pied ;

3. Le comité de suivi élabore une matrice d’actions de développement à mettre à court et à moyen termes pour permettre à la région du Sud de rattraper les autres régions dans les domaines où elle est en retard ;

4. Les informations pertinentes recueillies lors des divers exposés de cette rencontre soient disséminées dans les quatre départements de la région du Sud via les canaux de communication habituels ;

5. Lesdites rencontres soient reconfigurées sous-forme d’atelier ;

Source: Mutations