Symptômes aigus : la fille de la République annonce qu'elle développe une pathologie rare

Toujours être le premier de la classe

Tue, 2 May 2023 Source: www.camerounweb.com

Tout le monde a une histoire à raconter. La "fille de la République" aussi. La Dr a vidé son sac, parlant principalement d’un « syndrome » qu’elle a toujours développé depuis qu’elle était petite et qu’elle fréquentait avec ses camarades. La compatriote s’en vante d’ailleurs, elle que tout le monde catalogue comme une narcissique.

« Je souffre du syndrome du premier de la classe. S’il y a bien une pathologie donc je suis consciente de souffrir, c’est celle du "premier de la classe". Entraînant avec elle l'angoisse de ne pas être à la hauteur, une imagination fertile sur ce qui serait supposé plaire, l'attitude de premier de la classe est aussi l'antichambre du burn out. Elle met l'individu sous pression, ses critères personnels d'exigence étant bien supérieurs à ceux qui lui sont fixés.

En effet, durant tout mon cursus scolaire, j’étais toujours première. Mes anciens camarades d’écoles qui me suivent ici peuvent en témoigner. En classe, je m’asseyais toujours au premier banc et ce depuis l’école primaire. Un peu comme guidée par mon subconscient qui me poussait toujours à vouloir être au-devant de toute chose.

C’est aussi sans doute pour cette raison que j’ai "involontairement" conçu ma première fille à l’âge de 14 ans, car déjà inscrit dans mon ADN depuis ma naissance que je dois toujours être première dans tout, lol. Disais-je donc, à l’école, quand j’avais par exemple 15/20 en mathématique, je pleurais car dans ma tête, ça symbolisait l’échec…

Mes camarades qui célébraient d’avoir même seulement 10/20 ne comprenant jamais ce qui m’arrivait. Quand je remonte dans mes souvenirs, ceci sans doute est la résultante du fait que mon cher papa de regrettée mémoire aimait à me dire dès ma tendre enfance que j’étais la plus belle et la plus intelligente de toutes les femmes, mais, de faire fi de mon physique pour travailler mon intellect.

De moi, il n’attendait que la perfection et ne m’accordait aucune tolérance à la deuxième place. Cet esprit va me guider le reste de ma vie durant au point où je n’ai jamais redoublé de classe, et ai obtenu mon diplôme de maîtrise à seulement l’âge de 22 ans, et mon premier diplôme de troisième cycle DEA à l’âge de 23 ans, au point où les membres de jury lors de ma soutenance ont fait de mon âge un objet de fixation.

"Mlle Yonzou, pourquoi courir autant avec l’école ?". Me demandèrent-ils. Ceci va même pousser mon chef de département de l’époque à rejeter ma demande d’inscription en thèse de doctorat au Cameroun à l’âge de 23 ans sous prétexte que j’étais trop jeune. "Va d’abord te reposer, le temps de grandir un peu avant de revenir faire le doctorat", me lancera-t-il.

C’est pour cette raison que je pars du Cameroun pour aller faire ma thèse sous d’autre cieux, notamment en France, là où les êtres humains sont jugés par leurs capacités et mérites et non sous le prisme de l’âge. Là où le Cameroun me refusa l’opportunité de faire ma thèse parce que trop jeune, la France va m’ouvrir ses portes avec en prime un contrat doctoral (contrat qui te permet d’enseigner à l’université en poursuivant ta thèse.

Quelqu’un a dit : "Le Cameroun tue le génie". Chez nous, on n’accorde aucune place de choix à la jeunesse, encore moins aux femmes. Bref… Dans notre pays et dans l’inconscient collectif, on a un problème avec la réussite des autres. Les gens raffolent d’ailleurs de voir les autres étaler leurs souffrances et misères que leurs réussites.

On acclame la médiocrité et piétine l’excellence. On vous piétine et crache sur vous quand vous parlez de votre parcours et achèvements, en se cachant derrière des citations fantasmagoriques du genre : "Le porc ne se dit pas gras" et bla-bla-bla… Comment serait-il d’ailleurs en être autrement si le porc ne parle pas ? Qui mieux que moi pour parler de moi ? Comment connaîtrez-vous mon histoire, mon parcours, etc. si je ne les partage avec vous ?

La vérité voyez-vous, c’est que chez nous, tout le monde te souhaitera succès et réussite, mais en réalité, personne ne tolère la réussite de l’autre. D’où cet instinct primaire qui pousse les nôtres à vous piétiner quand vous élevez la tête, quand vous vous distinguer de la masse. Voilà l’une des raisons pourquoi la société africaine piétine, les femmes encore plus. Disais-je donc, je souffre du syndrome du premier de la classe qui me pousse toujours à rechercher l’excellence.

Quoi qu’il en soit, il est important que vous sachiez que mon objectif en partageant ma vie, mon parcours et mon expérience avec vous n’est nullement pour me vanter comme certains aiment à le penser. Très loin de là, ma tête est déjà assez grosse pour mes épaules. Il est purement question ici pour moi d’inspirer la jeunesse africaine, tout particulièrement la jeunesse féminine.

Si la société a déjà suffisamment construit dans l’inconscient collectif des jeunes filles qu’elles ne sont rien d’autres que des objets de plaisirs pour les hommes en échange de quelques pécules, avec l’avènement des réseaux sociaux, le phénomène s’empire avec les coaches en tout genre qui renforcent dans leurs imaginaires que le meilleur moyen de réussite c’est de développer les stratégies de séduction pour bénéficier des largesses des hommes.

Il est temps de leur faire entendre un autre son de cloche. Le chemin de la réussite par le travail acharné. Il est temps pour les femmes intelligentes d’Afrique d’élever la voix pour montrer un autre chemin à nos jeunes filles pour que vive l’Afrique féminine digne.

J’ai bonne conscience qu’à moi toute seule, je ne peux changer l’Afrique, mais, comme le petit Colibri qui transportait quelques gouttes d’eau dans son bec pour essayer d’étreindre le feu de brousse pendant que les autres animaux se terraient dans leurs coins, je fais ma part. Mes chers amis, voyez-vous, la vie est un voyage. Le voyage est court. Essayons de le faire en première classe », des propos de Dr Carole Modestine Yonzou qui résonnent fort.

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