Témoignage sur le fonctionnement de la police au Cameroun

Le témoignage a été fait par un citoyen qui a lu un autre témoignage d’un gardien de la paix en service dans la région en crise du Sud-Ouest qui dénonçait leurs conditions de vie et de travail. « Depuis que je suis devenu avocat, je côtoie la police judiciaire de très près », dit le nouveau narrateur, tout en précisant que « ces gens nous font des révélations incroyables ».

L'un d'eux m'a dit dernièrement que l'État ne débourse même pas 5 francs pour la police judiciaire, tout va dans la police administrative et le maintien de l'ordre, mais celle chargée de mener les enquêtes est abandonnée à elle-même. Il m'explique que dans l'esprit des gouvernants, lorsqu'un citoyen est victime d'une infraction (vol, abus de confiance...), c'est son intérêt seul qui est touché, donc il lui revient à lui seul de payer pour rentrer dans ses droits, c'est où les OPJ entrent dans la danse en devenant des spécialistes de l'extorsion en tout genre.

Je m'explique, vous êtes victime d'une infraction disons qualifiée de vol, vous vous plaignez dans une unité de police ou de gendarmerie, tant que vous ne déboursez pas ce qu'ils appellent 'frais de procédure', votre plainte restera dans les tiroirs, rien ne sera fait, car en réalité ils ne sont pas tenus de faire quelque chose, le haut commandement ne leur donne rien pour ça.

Même les chaises, bureaux, rien, ils n'ont droit d'après ses dires qu'à la formation des enquêteurs, à une arme à feu et à la salle qui leur est octroyée et qui fait office de bureau et très souvent dans une salle de 10 ou 12 mètres carrés ils sont souvent jusqu'à 5 ou 6 qui travaillent là-bas, et c'est chacun qui achète son matériel de travail : table, chaise, ordinateur, imprimante, ils se cotisent pour acheter un climatiseur.

Même les véhicules d'intervention, lorsqu'il y en a même n'ont très souvent pas de carburant. J'ai la très forte impression en tant que citoyen Camerounais et avocat que le régime en place fait tout pour pourrir la vie des populations qui est déjà exécrable. Car rien ne peut justifier que même ceux qui sont en charge de la justice et du contact avec les populations soient aussi mal traités.

J'ai été à l'étranger, dans un pays africain, le Rwanda pour ne pas le citer, là-bas, la justice est un pilier sacré sur lequel repose la fierté de la nation toute entière.