Nos confrères du journal Kalara ont publié en exclusivité une interview du fonctionnaire du ministère des Finances du Cameroun qui est accusé d'avoir détourné 1,8 milliards FCFA par mois pendant 10 bonnes années.
Ce dont est accusé Lebou
L'argent qu'aurait amassé Emmanuel Lebou pendant les 10 dernières années avant la découverte de son système de détournements, dont il est accusé d'être le cerveau, représente une fortune colossale qu'aucun autre fonctionnaire camerounais, ne pourra amasser toute sa vie. Le procureur spécial parle d’un coup d’Etat économique. Il aurait été détenteur de 2601 matricules fictifs représentant environ 1 800 000 000 de Fcfa par mois pendant 10 ans.
La thèse d'un complot
Mais ces faits, Lebou ne le reconnait pas. Dans l'interview qu'il a accordée à Kalara, l'ancien fonctionnaire condamné en juin 2009, à 150 ans de prison pour une escroquerie savamment orchestrée, accuse un réseau plus puissant que lui. Il accuse ce réseau d'avoir cherché à le faire taire lorsqu'il a découvert leurs magouille; réseau qui lui a fait porter le chapeau des crimes économiques dont il est accusé.
Lebou révèle également que quelques jours avant son arrestation, des homme armés et en cagoule, ont défoncé la porte à la maison et de son bureau, afin d'emporter plusieurs documents.
"A mon avis, ils savaient que j’allais être placé sous mandat de dépôt et il fallait me dépouiller de tous mes moyens de défense. Ils ont emporté deux disques durs externes contenant les sauvegardes que j’effectuais tous les mois après le calcul consolidé de la solde de janvier 2015, date de ma nomination, à avril 2018, date de la dernière solde que j’ai traitée. En plus, ils ont emporté une chemise contenant des « demandes de travail » qui me parvenaient de la sous-direction de la gestion. Une autre chemise contenant des demandes de travail qui me parvenaient de la Paierie générale du Trésor a été emportée. Une troisième chemise contenant les rapports mensuels que j’adressais au ministre des Finances pour lui rendre compte du déroulement de la campagne solde en faisant ressortir les résultats obtenus, les difficultés rencontrées, les incidents survenus et les mesures prises pour y remédier. Cette chemise a été aussi emportée ainsi que beaucoup d’autres documents que je ne peux citer, d’autant que je n’ai pas assisté à l’ouverture de mon bureau", a déclaré Emmanuel Lebou à nos confrères du journal Kalara.
"Je pense que j’étais gênant, car trois jours après, deux individus cagoulés profitant de l’absence de mon épouse se sont introduits dans mon domicile à Nkolfoulou et ont passé la maison au peigne fin. Ils étaient à la recherche des documents et ils l’ont dit à la ménagère. Ils ont emporté des documents dont je ne saurais dresser la liste. Pour préparer ma défense, j’ai pu retrouver avec beaucoup de peines quelques photocopies à la Direction de la police judiciaire. Les demandes de certification que j’ai adressées au ministère des Finances sont restées lettres mortes. J’ai l’impression de m’être attaqué à un réseau beaucoup plus puissant que moi (Il transmet aux juges trois demandes de certification des 9 mars et 15 octobre 2020 et le 3 mars 2022 admises comme pièces à conviction au dossier de procédure)", ajoute t-il entre autres.