Avec 30 ans de carrière, elle est pour la deuxième fois, la première femme à occuper la fonction de procureur général.
Un œil rivé sur l’actualité de la télévision nationale qui retransmet en direct la visite du président Nigérian, l’autre sur ses dossiers, Justine Aimée Ngounou est particulièrement occupée lorsque nous la rencontrons mercredi dans ses bureaux au palais de justice de Garoua.
Il faut dire que pour celle qui est encore jusqu’à son installation prochaine, procureur général près la Cour d’appel du Nord, le travail ne manque pas, avec le contexte particulier que connaît la zone septentrionale, nous confie un collaborateur.
Peu de place donc pour l’euphorie, même si on imagine bien que parmi la foule de visiteurs qui se succèdent à son bureau et les incessants coups de fils qu’elle reçoit, beaucoup sont liés à sa promotion comme nouveau procureur général près le Tribunal criminel spécial à Yaoundé.
Il y a cinq ans tout juste, elle était déjà la première femme à occuper le poste de procureur général au Cameroun. C’est donc une nouvelle fois en « pionnière genre » que ce magistrat hors hiérarchie 2e groupe, va aborder sa nouvelle mission, au sein d’une juridiction particulièrement sensible, mais bien à la mesure de ses trente ans de carrière dans le corps judiciaire.
Née le 28 avril 1960 à Nkongsamba, Justine Aimée Ngounou y fait l’essentiel de son cycle primaire et secondaire, avant de rejoindre l’université de Yaoundé en 1979. Elle y obtient une maîtrise en Droit privé francophone avant d’intégrer en 1983 l’Enam dont elle ressort diplômée de la section Magistrature en 1985. Sa carrière professionnelle commence à l’Est comme substitut du Procureur près les tribunaux de Bertoua, puis à Mbanga comme substitut du procureur près le tribunal de première instance.
Procureur de la République dans la même juridiction de 1988 à 1994, puis près les tribunaux de Bafoussam, elle est promue en 2001 vice-présidente de la Cour d’appel du Littoral à Douala. Avant d’être nommée en 2010 procureur général près la Cour d’appel du Nord, fonction qu’elle occupait jusqu’au 28 juillet dernier. Spécialiste en Droit Ohada à la faveur de plusieurs stages et formations, ce magistrat chevronné que ses collaborateurs décrivent discrète et travailleuse semble en tout cas bien consciente de la délicatesse de la tâche qui l’attend au TCS.
Parmi les défis, éloigner tout soupçon d’imbrication politique, liée au pedigree de certains accusés de la juridiction. Nombre de cas en suspens devraient à cet égard connaître une suite, sous peine de nourrir les suspicions. De la même façon, la solidité et l’impartialité des dossiers instruits ne pourront que renforcer l’institution.