TCS: deux journalistes Camerounais risquent la prison à vie

SCC TCS Special Criminal Court Ils ont comparu pour la première fois devant le TCS le 2 mars dernier

Tue, 6 Mar 2018 Source: hurinews.com

Harris Mintya Meka et Jean René Biwole, journalistes et membres d’une association de journalistes sont poursuivis pour « détournements de deniers publics » au Tribunal criminel spécial (TCS) devant lequel ils ont comparu pour la première fois le 2 mars dernier.

C’est pourtant leur association qui a saisi ledit tribunal pour des faits de détournements dans le cadre de l’indemnisation des populations riveraines du chantier de construction du barrage de Memve’ele, au sud du pays. Mais le TCS a fait passer le chef du projet du statut d’accusé à celui de témoin de l’accusation. Plusieurs autres pontes du régime de Paul Biya sont impliqués dans ce scandale financier.

Harris Robert Mintya Meka et Jean René Biwole sont attendus à nouveau les 4 et 5 avril prochain au Tribunal criminel spécial (TCS) à Yaoundé.

Après la première audience tenue le 2 mars dernier. Les journalistes, membres d’une association de journalistes active au sud du Cameroun doivent y répondre des faits de détournements de deniers publics dans le cadre de l’indemnisation des riverains du chantier de construction du barrage hydroélectrique de Memve’ele, au sud du Cameroun.

Mais en réalité, les rôles ont été inversés. Puisque c’est Dieudonné Bisso, chef de projet dudit chantier qui est au centre d’une plainte du journaliste pour malversations financières. Le parquet du TCS en a même fait son témoin ! (voir fac similé). Les accusés risquent la prison à vie.

Tout commence le 10 décembre 2015. Dans une correspondance adressée à cette date au président de l’Association des journalistes et éditeurs de la région du Sud (AJERR-SUD), Harrys Mintya, le comité de développement du canton mvae ouest accuse le directeur du projet de construction du barrage, Dieudonné Bisso d’avoir détourné 1 697 467 715 F CFA sur les 5 milliards de F CFA qui devait bénéficier aux populations à déguerpir des environs du chantier.

Harrys Mintya a d’ailleurs accusé Dominique Bisso d’avoir tenté d’acheter son silence avec une somme de 50 millions de F CFA. Notre tentative de contacter ce dernier pour avoir sa version des faits a été vaine.

L’AJERR-SUD va quelques mois plus tard se mettre en branle. Le 4 avril 2016, un huissier de justice saisi par l’association somme le directeur du projet de payer un montant 1 782 377 101 F CFA aux populations et institutions lésées dans la procédure d’indemnisation. Puis suivra une plainte de l’AJERR-Sud au secrétariat d’Etat à la Défense (gendarmerie) à Yaoundé le 25 avril 2016, une autre à la division des officiers de police judiciaire et au parquet général du TCS courant mars 2017.

Mais le TCS a réussi le coup du génie de transformer le plaignant en accusé. Y a-t-il des mains hautement puissantes que ce tribunal essaye de protéger au-delà de la personne de Dominique Bisso ? Dans une correspondance adressée au ministre de la Justice, Laurent Esso le 25 juillet 2017, Harrys Mintya accuse Basile Atangana Kouna et Louis Paul Motaze, respectivement ministre de l’Eau et de l’Energie et ministre de l’Economie de l’époque (le premier est sorti du gouvernement récemment, le second est passé ministre des Finances), d’être également au centre de ce scandale financier. Le président de l’AJERR-Sud reproche à Laurent Esso de vouloir protéger ces pontes du régime.

Harry Mintya fait partie des journalistes interpellés et jetés en prison en mars 2010 sur ordre de Laurent Esso, alors secrétaire général à la présidence. L’un d’eux, Bibi Ngota, a rendu l’âme en prison quelques semaines plus tard.

Les journalistes enquêtaient sur une affaire de commissions versées par Laurent Esso à des directeurs généraux de sociétés publiques qui ont participé à l’achat d’un bateau pour l’armée.

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