La demande d’interrogatoire du Sg/Pr a bel et bien été adressée à Paul Biya par le Tribunal Criminel Spécial (TCS).
Auditionné, Ou Pas ? entre Les tenants d’une information dite «professionnelle» et le tir groupé des autres, l’opinion ne sait plus à quelle source se vouer. Et tout ça finit pas donner une impression de manipulation. Il n’est pas jusqu’à Radio France internationale (RFI), qui ne se soit hasardé sur ce terrain où l’hebdomadaire Kalara, suivi par quelques autres confrères à la recherche du sensationnel, a donné l’impression d’avoir mené une grande enquête. Sauf que le rendu final laisse sur la faim, tant il persiste des approximations dans le récit.
«C'est une affaire qui fait parler au Cameroun depuis quelques jours : l'audition de Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence de la République, l'un des hommes les plus influents du système Biya, dans une opération qui vise à faire la lumière sur la gestion des fonds alloués à la lutte contre le Covid-19, soupire ainsi RFI. C'est la première fois qu'un secrétaire général en fonction est ainsi auditionné dans une affaire présumée de détournements de fonds publics. Si l'affaire n'en est qu'à ses premiers balbutiements, l'opinion s'interroge sur son issue.»
Sauf que non seulement la radio française s’est laissée embourber par son correspondant local, via Kalara mais en plus les autres, ceux qui se sont rassemblés pour donner la réplique aux anti-Ngoh Ngoh, donnent davantage l’impression d’agir sur commande. Entre les deux versions, il reste très peu de place à la manifestation de la vérité. Votre journal est en mesure d’affirmer que le secrétaire général de la présidence de la République (Sg/Pr) n’a pas été entendu par les officiers de police judiciaire du Tribunal criminel spécial (TCS). L’on peut noter à ce sujet que ceux qui en parlent restent très évasifs, autant sur la date que le lieu de la prétendue audition.
Impasse
Aurore Plus peut également affirmer, avec certitude qu’une demande d’audition de Ferdinand Ngoh Ngoh, émanant du parquet du TCS, a bel et bien été adressée au président Paul Biya en juin 2021. C’était au lendemain d’un rendez-vous, en sa résidence du quartier du Lac, le 12 dudit mois, entre le Premier ministre et des OPJ de ce Tribunal. La requête de ladite cour n’a pas reçu de retour à ce jour, selon des sources proches du dossier.
Il se passe, indiquent des indiscrétions qu’il y a comme une impasse dans ce dossier sulfureux, qui exhale de fortes présomptions de détournements autour du fonds spécial de solidarité nationale contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales, garni de 180 milliards de francs et ventilé à 24 administrations publiques.
Au lendemain du rapport de la Chambre des comptes de la Cour suprême, avec – au passage «seulement» deux administrations bénéficiaires auditées – de lourdes accusations de dilapidation de fonds et de nombreuses fautes de gestion, c’est le Sg/Pr qui était monté au créneau à la suite de quelques auditions fortement médiatisées au TCS. Dans une correspondance du 6 avril au ministre d’État, ministre de la Justice, garde des Sceaux, Ferdinand Ngoh Ngoh répercutait les hautes directives du chef de l’État à Laurent Esso «prescrivant l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les auteurs, coauteurs et complices des cas de malversations financières y relevées». Le 22 suivant, M. Esso demandait à son correspondant de lui faire parvenir les pièces d’investigations de la haute juridiction, non jointes à sa correspondance.
Opacité
Il se passe, apprend-on que Laurent Esso n’avait guère apprécié les accents de la missive de l’autre ministre d’État. Il ne se contenta pas de le lui fit dire à sa manière. Le MINJUSTICE avait alors réussi à obtenir une audience auprès du chef de l’État, qu’il s’empressa d’aller rencontrer pour discuter des contours de la suite judiciaire à donner au dossier. Ce jour-là, affirment des sources concordantes, Laurent Esso n’était pas allé par quatre chemins pour démontrer au locataire d’Etoudi que son secrétaire général, à travers sa Task Force, était l’un des plus gros utilisateurs des «fonds Covid», et ce dans l’opacité la plus totale. Ne souhaitant pas mener une justice à tête chercheuse, le MINJUSTICE demanda alors à Paul Biya de bien vouloir permettre que toutes les personnalités citées dans le «Covidgate», à tous les niveaux de l’échelle des institutions républicaines, soient auditionnées, éventuellement inculpées, jugées et possiblement emprisonnées.
Le dossier des fonds dédiés à la riposte contre le coronavirus en est là jusqu’à ce jour, attendant le précieux visa présidentiel pour la mise en branle de la deuxième phase. Laquelle pourrait donc connaître l’audition de Ferdinand Ngoh Ngoh, mais aussi de patrons de bien d’autres administrations publiques jamais inquiétés par un rapport de la Chambre des comptes, mais tout aussi susceptibles d’avoir à répondre de leur gestion des fonds publics.