Dans un rebondissement inattendu de l'affaire Hervé Parfait Mbapou, qui secoue les plus hautes sphères de l'État camerounais, une conversation entre la Première Dame Chantal Biya et le contre-amiral Joseph Fouda, conseiller spécial du Président Paul Biya, vient jeter une nouvelle lumière sur les enjeux de pouvoir qui se jouent en coulisses.
Selon des sources proches du dossier, Chantal Biya aurait personnellement contacté Joseph Fouda pour lui demander de retirer sa plainte contre Hervé Parfait Mbapou et ses présumés complices. Cette intervention directe de la Première Dame souligne l'importance et la sensibilité de cette affaire qui menace de déstabiliser l'équilibre précaire au sommet de l'État camerounais.
La réponse de Fouda à cette requête aurait été sans équivoque. Lors d'une rencontre dans sa chambre à Genève, le contre-amiral aurait déclaré à Chantal Biya : "Madame, je ne retire pas [ma plainte]. Si vous voulez libérer vos enfants, faites-le." Cette réplique laisse entendre que des proches de la Première Dame pourraient être impliqués dans cette affaire d'escroquerie à grande échelle.
Pour rappel, l'affaire Mbapou a éclaté il y a quelques mois avec l'arrestation d'Hervé Parfait Mbapou, soupçonné d'être à la tête d'un vaste réseau d'escroquerie ciblant des hauts dignitaires de l'État camerounais. L'enquête a révélé que ce réseau aurait opéré pendant près de neuf ans, utilisant des informations sensibles et des fausses notes de renseignement pour faire chanter ses victimes.
L'implication présumée de Judith Marionne Nyandjock, une proche de Chantal Biya employée au bureau des renseignements du Secrétariat général de la présidence, a particulièrement attisé les tensions. Nyandjock, considérée comme la nièce de la Première Dame, a été arrêtée et incarcérée à la prison de Kondengui avec d'autres suspects le 11 septembre.
C'est cette arrestation qui aurait poussé Chantal Biya à intervenir directement auprès de Joseph Fouda et du ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo. La Première Dame, alors en Suisse, aurait multiplié les contacts pour obtenir la libération de sa protégée.
Face à la pression exercée par l'entourage présidentiel, les enquêteurs se sont retrouvés dans une situation délicate. Comment satisfaire la demande de la Première Dame tout en préservant l'intégrité de l'enquête ? La solution trouvée a été de libérer l'ensemble des suspects le 20 septembre, y compris Hervé Parfait Mbapou lui-même.
Cette décision a cependant soulevé de nouvelles questions sur l'influence de Chantal Biya dans les affaires de l'État et sur les rivalités qui opposent les différents clans au sein du pouvoir camerounais. L'affaire Mbapou semble avoir mis en lumière les failles et les tensions qui traversent l'appareil sécuritaire et politique du pays.
La position du contre-amiral Joseph Fouda, jusqu'ici considéré comme le gardien des secrets de Paul Biya, semble particulièrement fragilisée par cette affaire. Son refus apparent de céder aux demandes de la Première Dame pourrait avoir des conséquences sur son avenir politique.
Alors que l'enquête se poursuit, de nombreuses zones d'ombre subsistent. Qui sont les véritables bénéficiaires de ce réseau d'escroquerie ? Jusqu'où s'étendent ses ramifications au sein de l'État ? Et surtout, quel sera l'impact de cette affaire sur l'équilibre du pouvoir au Cameroun ?