Tension maximale au Pakistan avant l'audition de l'ancien Premier ministre Imran Khan

Tension maximale au Pakistan avant l'audition de l'ancien Premier ministre Imran Khan

Wed, 10 May 2023 Source: www.bbc.com

Le Pakistan reste en état d'alerte, avant l'audition de l'ancien Premier ministre Imran Khan pour corruption, un jour après son arrestation spectaculaire.

Au moins deux personnes ont été tuées lors de manifestations en cours au Pakistan, selon les médias locaux.

Une maison d'hôtes de la police a été transformée en "salle d'audience" pour l'audience de ce mercredi, ont indiqué les autorités locales.

Dans les heures qui ont suivies l'arrestation d'Imran Khan, la police a effectué des descentes et a arrêté des partisans de sa formation politique.

L'ancienne star internationale du cricket fait face à des dizaines de chefs d'accusations dont des accusations de corruption et de sédition, qu'il estime motivées par des considérations politiques.

Tôt mercredi matin, heure locale, des images ont montré des rangées d'officiers devant la maison des hôtes de la police dans la capitale, Islamabad.

Le parti de l'ancien Premier ministre, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), indique qu'il n'a pas eu accès à un avocat et qu'il contesterait la légalité de son arrestation devant les tribunaux.

D'autres images montrent des dizaines de voitures brûlées et fortement endommagées à Karachi, la plus grande ville du Pakistan, après des manifestations nocturnes.

Les services d'Internet mobile ne sont toujours pas disponibles dans toutes les régions du pays. Les autorités pakistanaises chargées des télécommunications ont déclaré avoir suspendu les services sur instructions du ministère de l'intérieur.

Les écoles restent fermées, certaines autoroutes sont fermées et la circulation est faible dans les grandes villes.

Les manifestations devraient se poursuivre ce 10 mai, certains manifestants prévoyant de marcher jusqu'à Islamabad ; le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) a appelé à une grève nationale.

"Voilà comment c'était hier soir, et les foules seront plus nombreuses aujourd'hui pour protéger Imran Khan !", a écrit le mouvement sur son compte officiel Twitter, commentant un clip vidéo publié lors d'une manifestation de masse mardi soir.

Les partisans d'Imran Khan sont également descendus dans la rue au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada et dans d'autres pays pour protester contre son arrestation.

Intervenant dans l'émission "News Hour" de la BBC, le porte-parole de l'ancien Premier ministre, Rauf Hassan, a déclaré qu'il s'attendait "au pire" et que l'arrestation pourrait plonger le pays "dans le chaos et le désordre".

"Nous sommes confrontés à de multiples crises. Il y a une crise économique, une crise politique et une crise du coût de la vie. Par conséquent, ce qui se passe aujourd'hui sera l'occasion pour eux de manifester, et je crains qu'un bon niveau de violence ne revienne à la suite de cela", a-t-il ajouté.

Imran Khan a été arrêté mardi alors qu'il comparaissait devant un tribunal d'Islamabad pour répondre à des accusations liées à diverses affaires de corruption.

Des images vidéo ont montré des dizaines d'agents de sécurité en train de faire sortir de forcel'homme âgé de 70 ans, du tribunal, puis de le faire monter dans une voiture de police.

Une nouvelle affaire au coeur de cette arrestation.

L'arrestation de mardi faisait suite à un nouveau mandat d'arrêt dans une autre affaire de corruption liée à une affaire de transfert de terrains à l'université Qadir, près d'Islamabad. Il s'agit du dernier épisode en date d'une bataille politique de plus en plus intense entre Khan et la puissante armée pakistanaise.

De nombreux analystes estiment que la victoire électorale de Khan en 2018 s'est réalisée avec l'aide de l'armée. Mais aujourd'hui, il est dans les rangs de l'opposition et est devenu l'un des critiques les plus virulents de l'armée.

Imran Khan a été évincé de son poste de premier ministre en avril 2022 et depuis, il fait campagne pour des élections anticipées. Ces élections sont prévues pour la fin de l'année.

Quelques heures avant l'arrestation de Khan, les responsables de son parti ont diffusé une vidéo préenregistrée exhortant ses partisans à soutenir la "vraie liberté".

Dans la vidéo, il déclare : "Ô Pakistanais, lorsque ces mots vous parviendront, je serai détenu dans le cadre d'une affaire illégale".

"Une chose qui devrait être claire pour vous tous, d'après ce qui se passe, c'est que les droits fondamentaux au Pakistan, les droits que nous confèrent notre constitution et notre démocratie, ont été enterrés", ajoute-t-il.

La communauté internationale réagit au chaos qui règne au Pakistan.

L'Union européenne a déclaré dans un communiqué mardi que "la retenue et le calme sont nécessaires" en ces temps difficiles.

"Les défis auxquels le Pakistan est confronté ne peuvent être relevés, et leur voie ne peut être déterminée, que par les Pakistanais eux-mêmes, dans le cadre d'un dialogue sincère et conformément aux dispositions de la loi", a-t-elle commenté.

Pour sa part, le porte-parole du département d'État américain a appelé au "respect des principes démocratiques et de l'État de droit dans toutes les parties du monde".

Source: www.bbc.com