Tensions intercommunautaires : après les morts, la panique s'installe

Ce 25 juillet 2023, il est environ 11h. Devant la chefferie de Warba, des gendarmes sont présents pour le maintien de l’ordre et la sécurité. Non loin de là, quelques membres de la communauté musulmane assis devant la mosquée échangent. Le long de l’axe routier qui traverse Warba, quelques boutiques vandalisées et brulées sont visibles. Cinq jours après les tensions entre les chrétiens et les musulmans, le calme revient progressivement dans cette localité située dans l’arrondissement de Mora, département du Mayo Sava. D’après les informations recueillies sur le terrain, ces tensions ont éclaté jeudi entre les deux communautés et ont abouti à un affrontement dans la soirée du samedi 22 juillet 2023.

Ces affrontements ont causé des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants. Du coté des musulmans 02 personnes ont perdu la vie. Il s’agit d’Oumaté Brahim âgé de 93 ans et Adama Hassan âgé d’environ 80 ans. S’agissant des blessés, 20 personnes ont été enregistrées. Du coté des chrétiens, aucun mort n’a été enregistré mais plusieurs personnes ont été blessées dont 04 graves d’après nos sources. D’après certains membres des communautés rencontrées, une mauvaise gouvernance de la part des autorités traditionnelles et administratives seraient l’élément catalyseur du déclenchement des affrontements.

«Il y’a eu affrontement entre un peuple montagnard et quelques musulmans. On ne peut pas dire que ça concerne tous les chrétiens et tous les musulmans. Ça s’est généralisé dans le sens ou c’était un petit problème entre deux familles, deux personnes et que l’administration et le chef de Warba n’ont pas pu gérer. C’était le problème des terres que ces autorités n’arrivent pas à trancher qui nous a plongés dans cette situation aujourd’hui. Il y’a des problèmes de 2005 qui n’ont pas été résolus» confie un membre de la communauté qui a requis l’anonymat.

A cela s'ajoutent un manque de leadership au sein de la communauté. «Il y’a une concurrence entre l'opérateur économique des musulmans qui est Chetima et l'opérateur économique des chrétiens qui est Adji. Chetima est accusé d’amener des Boko Haram pour exterminer les chrétiens et Adji est accusé de monter les jeunes chrétiens pour finir les musulmans. C’est ça le véritable problème. Il y’a des audio de haine qui circulent sur les réseaux sociaux pour monter les uns contre les autres» confie une autre source sous anonymat. Malgré les cicatrices que ces affrontements ont laissées aujourd’hui, les membres de deux camps sont animés par un profond désir du retour de la paix et de la coexistence pacifique.

«En tant que croyant, je sais que Dieu est au contrôle de tout. Ce ne sera pas du jour au lendemain mais ce qui est sûr c'est que la paix va revenir à Warba. Que ce soit de notre côté ou du côté des musulmans, personne n’a voulu à ce que cet incident arrive. Mais malheureusement c’est arrivé. Comme nous ne l’avons pas souhaité, nous allons faire l’effort d’oublier. Que l’administration soit clémente et brève dans la résolution de ce conflit. Par ce que plus on tire l’affaire, plus les tensions se multiplient» confié un membre de la communauté . A l’heure actuelle, des enquêtes sont ouvertes par des autorités compétentes afin d’élucider la cause principale de ce conflit et de préciser les responsabilités de chacun dans cette situation. Des résolutions et décisions seront prises à coup sûr pour un retour définitif de la paix à Waraba.