L’ancien ministre de la Justice malien, Me Mohamed Aly Bathily, a été placé sous mandat de dépôt le 8 juillet 2024, rejoignant d’autres figures politiques derrière les barreaux. Cette arrestation illustre la tension croissante dans le climat politique du pays. Me Bathily, également membre du barreau malien, avait été initialement interpellé le 20 juin lors d’une réunion privée chez Moustapha Dicko à Bacodjicoroni, avec dix autres leaders politiques. Bien qu’il ait été relâché quelques heures plus tard en raison de son statut d’avocat, il a été de nouveau arrêté le 5 juillet et gardé à vue avant d’être présenté à un juge qui a décidé de son incarcération.
Les leaders politiques arrêtés sont accusés de tentative de déstabilisation, atteinte à la sûreté de l’État et troubles à l’ordre public, des accusations basées sur un décret récent suspendant les activités politiques. Ces arrestations interviennent dans un contexte de tension politique et d’instabilité sécuritaire. Depuis fin mars, un décret a suspendu toutes les activités politiques pour permettre un dialogue inter-Maliens, achevé en mai, mais la suspension se poursuit, aggravant la situation politique.
Des observateurs et des acteurs politiques dénoncent cette suspension, la qualifiant de « mort programmée de la classe politique », et critiquent son application sélective, affectant principalement les activités hostiles aux autorités de transition. De nombreux acteurs politiques et organisations de la société civile ont dénoncé ces arrestations et exigent l’abandon des charges retenues, soutenant que ces actions visent à museler l’opposition et à restreindre la liberté d’expression.
En attendant leur procès, dont la date reste indéterminée, Me Bathily et les autres leaders politiques sont détenus dans diverses maisons d’arrêt. Le Mali demeure en proie à une instabilité politique, aucune nouvelle date pour un retour à l’ordre constitutionnel n’ayant été annoncée après la fin de la transition en mars dernier. Les participants au dialogue inter-Maliens ont recommandé une prolongation de la transition de deux à cinq ans et la possibilité pour le président de la transition de se présenter à la future présidentielle, dont la date est encore inconnue.