Un article de Jeune Afrique consacré à Marcel Niat Njifenji, qui vient d'être réélu à la tête du Sénat camerounais, révèle qu'il avait tenté de se suicider pendant son incarcération à Kondengui. L'article retrace également le parcours professionnel de Niat Njifenji, qui a étudié les mathématiques et les sciences physiques en France avant de travailler pour l'administration camerounaise en tant qu'ingénieur. En 1984, il a été arrêté pour sa proximité avec des élites du Nord lors de la tentative de coup d'État visant le président Paul Biya. Les accusations portées contre lui comprenaient la vente des plans du réseau électrique de Yaoundé aux putschistes. Niat Njifenji a été libéré sans charge retenue contre lui huit mois plus tard, mais a connu une période difficile avant de retrouver son poste de directeur général de la Sonel en 1989.
« Si Paul Biya intègre le lycée parisien Louis-le-Grand, Marcel Niat Njifenji fait la découverte de la campagne française. Inscrit à la faculté de Clermont-Ferrand, à portée de randonnée du sommet du Puy-de-Dôme et en pleine terre de rugby, l’homme de Bangangté étudie les mathématiques et les sciences physiques. Son diplôme en poche, il monte à son tour à Paris, intègre Supélec – l’École supérieur d’électricité où s’inscrira plus tard l’actuel Premier ministre ivoirien, Patrick Achi – et obtient le statut d’ingénieur, tandis que Paul Biya fréquente quant à lui l’Institut d’études politiques de la capitale française. De retour au Cameroun, il est logiquement intégré à l’administration. Sa carrière d’ingénieur des services techniques de l’État y est toute tracée », a évoqué Jeune Afrique.
« En 1962, Marcel Niat Njifenji débarque au bureau d’études d’Enelcam, l’agence de l’électricité au sein de laquelle il gravit les échelons durant une décennie. Nommé ensuite directeur général adjoint d’Électricité du Cameroun (EDC), il coordonne la fusion de cette dernière avec sa première société en 1974 et prend la tête de la nouvelle entité, la Sonel, qu’il dirige jusqu’en 1984.« C’est d’abord un technocrate, qui faisait partie des premiers Camerounais formés à l’étranger et revenus travailler pour l’administration d’Ahmadou Ahidjo, se souvient un de ses visiteurs réguliers. À ce titre, il a participé à tous les projets d’infrastructures énergétiques du Cameroun postindépendance ». Mais, pour Marcel Niat Njifenji comme pour d’autres, 1984 marque un coup d’arrêt.
L’ingénieur, qui a développé dans les années 1970 des réseaux au sein des élites du Nord proches d’Ahmadou Ahidjo, est en effet arrêté lors de la tentative de coup d’État visant Paul Biya, arrivé au pouvoir deux ans plus tôt. On l’accuse d’avoir vendu aux putschistes les plans du réseau électrique de Yaoundé et, surtout, on lui reproche une trop grande proximité avec certains « Nordistes », tels que le très influent Moussa Yaya Sarkifada, cet ami de longue date d’Ahmadou Ahidjo exclu du parti unique en décembre 1982 pour s’être opposé à la passation de pouvoir entre Paul Biya et le premier président camerounais. Le 17 avril 1984, onze jours après la tentative de putsch, Marcel Niat Njifenji est mis en détention », rappelle Jeune Afrique.
Concernant sa tentative de suicide, le Magazine panafricain a été on ne peut plus claire sur les révélations.
« À la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé, il est bien entouré. À ses côtés, Marafa Hamidou Yaya, Garga Haman Adji, Victor Ayissi Mvodo ou encore Issa Tchiroma Bakary ont eux aussi été pris dans les mailles du filet de Paul Biya, rescapé bien décidé à purifier l’État et l’administration de ce qu’il considère comme un poison nordiste au service de son prédécesseur. Au fil des semaines, Marcel Niat Njifenji vit mal son incarcération. Ses codétenus le trouvent souffrant et dépressif. Selon plusieurs sources, il tente même de se suicider, en s’ouvrant les veines du poignet. Il se réfugie surtout dans la religion, demande à Issa Tchiroma Bakary de lui lire la Bible, ce que le futur ministre du Travail accepte de bon gré . Huit mois passent avant qu’il recouvre la liberté, aucune charge n’étant finalement retenue contre lui. « Il a sans doute payé d’avoir été proche de Moussa Yaya Sarkifada, qu’il a connu lorsque ce dernier était au conseil d’administration de la Sonel », se souvient un proche de la présidence. La traversée du désert va durer plusieurs années. Ce n’est qu’en 1989, plus de cinq ans après son incarcération, que Marcel Niat Njifenji retrouve son poste de directeur général de la Sonel. Un retour en grâce qu’il doit en grande partie à l’influence d’un des hommes les plus puissants de Yaoundé : Jean Foumane Akame. Cet intime de Paul Biya, très écouté du chef de l’État, se trouve alors être le président du conseil d’administration de la société d’électricité camerounaise », révèle Jeune Afrique.