Chef des polices politiques de Ahidjo et Biya, il inspirait la peur et la terreur. Le roi de de la torture. Quelques jours avant sa mort, il fit venir son neveu et lui fit des révélations qui seront consignées dans un livre. Lisez plutôt !
« S’il m’était demandé ce soir de faire un vœu, je souhaiterais me retrouver entre quatre murs avec M. Biya. Je lui poserais deux questions et m’en irais sans attendre les réponses. Tu sais, il y a des jours où j’ai le cafard à force de me demander si j’ai fait tout ce parcours pour me retrouver à attendre les informations de treize heures, dans l’espoir d’une hypothétique nomination.
Non pas que ma vie en dépende mais je voudrais tant me faire une raison, pouvoir mettre un point final à une certaine vie et commencer une autre, même si celle-là ne devrait durer que le temps d’une récolte de café. J’aimerais entendre de la bouche du décideur que c’est fini.
Il y a des moments où je me surprends en train de faire la différence entre les deux hommes d’Etat que j’ai servi, et de ressortir l’appréciation que chacun d’eux a faite sur mon travail. Mais, chaque fois que je pense à Ahidjo, j’ai plutôt des remords.
Je crois que nous sommes nombreux qui devrions en avoir aujourd’hui ; un groupe d’hommes qui évitons de nous regarder dans les yeux, conscients d’avoir chacun trahi son maître, de l’avoir abandonné au moment où il avait besoin de nous. Ma propre dignité en a pris un coup, mais que veux-tu ?
Quand on est tous les jours à la conquête de « plus de pouvoir », a-t-on seulement le temps de penser que l’on n’est qu’un être humain et que, comme disait Ahidjo : « la valeur d’un être humain se détermine par rapport à ce qui lui reste de dignité après qu’il ait acquis ce qui lui tenais le plus à cœur ».
Quand je dis que nous l’avons abandonné, cela ne veut pas dire que nous l’aurions suivi dans son exil, puisque de commun accord, nous étions appelés à rester pour continuer à servir l’Etat et à aider Biya (qu’il avait lui-même choisi), à assurer la continuité de son mandat. Ce que j’ai personnellement et fidèlement fait.
Mais, ai-je bougé le petit doigt quand, du jour au lendemain il avait fallu, pour asseoir une nouvelle autorité, effacer et dénigrer toutes les œuvres d Ahidjo ? Non, je tenais à ma place et tous les chants de coq n’ont suscité en moi aucun brin de remord tant que je suivais mon bonhomme de chemin.
On a écrit et dit beaucoup de choses sur la manière dont Ahidjo était devenu le premier Président du Cameroun, sur la manière dont il avait réussi à conserver le pouvoir pendant près d’une trentaine d’années. Ce n’est pas de tout cela que je voudrais te parler.
Je préfère te raconter ce que j’ai personnellement vécu et te laisser le soin où à ceux à qui l’envie te prendra de le rapporter, de juger. Ce qui pour vous ne sera déjà pas facile car les actes se jugent selon les époques et les circonstances dans lesquelles ils ont été posés.
On peut aussi apprécier un acte à partir de ses conséquences or, ici apparaît le facteur temps qui est le seul juge impartial de l’Homme d’Etat sur qui reposent la responsabilité et la destinée d’une nation. »
La suite en lisant « les révélations de Jean Fochive »