«A tous les Camerounais, je dis ceci: dans la vie d’une nation, il y a des moments difficiles. En ces moments-là, il faut faire preuve de courage, de solidarité et de patriotisme. Pour ce cas précis, je dis que le Cameroun a eu à traverser d’autres épreuves. On a eu à lutter à Bakassi, on a éradiqué les maquis, les mouvements révolutionnaires, on est venu à bout des villes mortes. Ce n’est pas le Boko Haram qui va dépasser le Cameroun». Ainsi s’exprimait Paul Biya le 2 août 2014.
Deux semaines avant le président de la République avait déclaré la guerre à Boko Haram à Paris en France lors d’un sommet sur la sécurité au Nigéria. Et si l’on en croit International Crisis Group(ICG), comme à son habitude, Paul Biya est en passe de tenir sa promesse.
«La baisse d’intensité du conflit depuis 2016, qui se manifeste par la réduction du nombre d’attaques et l’important taux d’échec des attentats-suicides, ainsi que les redditions de combattants depuis octobre 2017 confirment l’affaiblissement du mouvement jihadiste», écrit l’Organisation non gouvernementale (ONG) dans un rapport rendu public ce mardi 14 août 2018.
A en croire IGC, certains officiers supérieurs de l’armée basés à Yaoundé et à Garoua envisagent même la fin du conflit en 2020. Pour y parvenir, l’ONG recommande de baliser minutieusement le chemin vers la stabilisation. Selon le rapport, pour construire une paix durable, le gouvernement camerounais doit se saisir de deux enjeux sécuritaires majeurs : le devenir des anciens membres, y compris combattants, du mouvement jihadiste, et celui des comités de vigilance.
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Pour les anciens membres de Boko Haram, ICG préconise de distinguer les militants dangereux, pour lesquels une procédure judiciaire formelle et probablement une incarcération s’imposent, d’autres individus pour lesquels des travaux communautaires et des confessions publiques semblent plus appropriés, et soutenir les communautés prêtes à réintégrer ces derniers.
Car pour IGC, « une politique adéquate à l’égard des anciens membres de Boko Haram pourrait pousser les combattants camerounais encore actifs à se rendre». Ce qui affaiblirait davantage Boko Haram et signera sa fin.
Concernant les comités de vigilance, l’ONG conseille de mieux assister les membres qui sont encore nécessaires pour lutter contre Boko Haram, d’intégrer certains au sein de la police municipale et démobiliser les autres. Les membres des comités accusés d’abus devront faire l’objet d’enquêtes et les décisions de justice devront être rendues publiques. Objectif ici est d’éviter que certains membres des comités de vigilance pourraient se tourner vers des activités criminelles après la fin du conflit s’ils ne sont pas encadrés.