Titus Edzoa dresse un tableau apocalyptique de la situation du Cameroun

L’État a perdu sa fonction de protecteur

Sun, 27 Feb 2022 Source: www.camerounweb.com

Titus Edzoa est ancien secrétaire général à la présidence de la République

Il est sorti il y a 8 ans

Selon lui, l’État a perdu sa fonction de protecteur

Cela fait 8 ans jours pour jours que l’ancien secrétaire général Titus Edzoa est sorti de prison. A l’occasion de ses huit ans après sa libération au terme de dix-sept années de prison, l’ancien secrétaire collaborateur de Paul Biya dresse un tableau apocalyptique de son pays.

En 2018, dans un ouvrage au vitriol intitulé Combat pour mon pays, il décrivait un Cameroun qui avait perdu toute crédibilité et respectabilité.

Aujourd’hui, Titus Edzoa, 77 ans, choisit de célébrer le huitième anniversaire de sa sortie de prison en enfonçant le clou.

Accusé officiellement de détournement de fonds publics et détenu dans les sous-sols du secrétariat d’état à la Défense pendant dix-sept ans, le chirurgien alerte sur la situation du Cameroun, qu’il juge extrêmement préoccupante.

Celui qui dit avoir pardonné après s’être mentalement libéré, depuis fort longtemps, du « joug mortifère de ses bourreaux », assure s’exprimer sans acrimonie aucune.

Il ajoute « je relève que l’affadissement des institutions républicaines s’est transformé en véritable incinération. L’État a perdu sa fonction de protecteur, de sécurité. Et en plus de cela, la société est corrompue. C’est une corruption qui est comme organisée. Donc, on est tétanisé ».

En 1997, accusés d’avoir détourné près de 350 millions de F CFA (533 000 euros) destinés à l’Office national de commercialisation des produits de base (ONCPB), Titus Edzoa et un de ses collaborateurs, Thierry Michel Atangana, ont été condamnés à quinze ans de prison.

Depuis 2009, ils sont de nouveau accusés par la justice camerounaise : ils sont cette fois accusés d’avoir voulu détourner 61 milliards de F CFA, alloués au financement du Comité de pilotage et de suivi des projets routiers Yaoundé-Kribi et Ayos-Bonis (Copisur) et à l’organisation d’un sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1996. Des faits que Titus Edzoa nie avoir commis. « Tout cela, affirme-t-il, c’est du folklore judiciaire. »

Débarrassé de la barbe et de la coiffure afro qu’il arborait dans les années 1990, Titus Edzoa est convaincu que l’on cherche à le faire taire. « Ils ont une peur bleue de ce que je pourrais révéler, dit-il. En 1997, lors de ma première comparution, privé d’avocat, j’avais refusé de m’exprimer. Plutôt que de renvoyer l’audience, en une nuit, ils m’ont condamné à quinze ans, soit deux septennats. À présent qu’il les a accomplis, il peut me rendre ma liberté. » « Il », c’est le président Biya, jadis admiré, aujourd’hui détesté.

Le clash s’est produit le 20 avril 1997. Ce jour-là, à la surprise générale, Titus Edzoa démissionne de son poste de ministre de la Santé, annonce sa candidature à l’élection présidentielle, prévue la même année, et fait d’Atangana son directeur de campagne. A posteriori, Edzoa affirme qu’il s’agissait d’une « démarche intellectuelle à laquelle Paul Biya, aveuglé par un entourage incompétent, n’a rien compris ».

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