L'éruption du volcan près de Tonga le 15 janvier a mis la planète entière en alerte.
Le volcan Hunga Tonga-Hunga, situé sur une île volcanique dans l'archipel des Tonga dans l'océan Pacifique, a provoqué une explosion ressentie jusqu'aux États-Unis, provoquant des vagues de plus d'un mètre sur la côte de Tonga.
Le ministère des Affaires étrangères a confirmé mardi deux décès, dont une femme britannique, selon la station Radio New Zealand. Il s'agit d'Angela Glover, 50 ans, qui tentait de sauver ses chiens lorsque l'eau l'a emportée.
Les communications dans la région sont paralysées, ce qui rend difficile d'établir l'ampleur des destructions.
Plusieurs pays, dont le Japon et le Chili, ont émis des alertes au tsunami.
Au Pérou, à 10 000 km du volcan, la mort de deux femmes a été signalée en raison de vagues anormalement hautes.
À quoi ressemblent les volcans sous-marins comme celui de Tonga et comment parviennent-ils à déclencher des événements aussi puissants ?
Dans ces zones de forte activité sismique, le magma monte et s'accumule entre les fissures des roches du volcan, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place et qu'il explose.
Selon le NOAA, les trois quarts de l'activité volcanique de la planète correspondent à des éruptions sous-marines.
Certains océanographes estiment qu'il y a un million de volcans au fond de l'océan Pacifique, selon le National Maritime Museum du Royaume-Uni.
La colonne de fumée et de cendres a atteint 20 km de hauteur et 260 km de diamètre.
M. Cronin affirme qu'il s'agit de l'une des éruptions les plus fortes de ces 30 dernières années dans la région de Tonga.
Le volcan des Tonga est de type basaltique, comme ceux d'Hawaï ou des Canaries, c'est-à-dire que ses éruptions ne sont pas aussi violentes que celles des autres types de volcans.
Les éruptions basaltiques sont caractérisées par un déversement de magma fluide.
"La différence provient du contact du magma avec l'eau de mer", explique à BBC Mundo le géologue Daniel Melnick, chercheur à l'Institut des sciences de la terre de l'Université Austral au Chili.
L'expert fait référence au fait que lorsque le magma, qui peut avoisiner les 1 000℃, entre soudainement en contact avec l'eau, il se produit une réaction extrêmement violente qui fragmente le magma.
Ce phénomène est connu sous le nom d'"interaction combustible-frigorigène".
A partie de là, une réaction en chaîne commence, dans laquelle les nouveaux fragments de magma entrent en contact avec l'eau, générant de nouvelles explosions qui lancent des particules volcaniques et des détonations à des vitesses supersoniques, selon Cronin.
Le volcanologue indique toutefois que la violente explosion ne peut s'expliquer uniquement par l'interaction du magma avec l'eau.
Selon lui, "cette explosion montre que de grandes quantités de magma frais et chargé de gaz sont sorties de la caldeira."
L'expert mentionne que grâce à l'analyse des cendres des éruptions précédentes et aux techniques du radiocarbone, il a pu établir que ces éruptions à Hunga Tonga-Hunga Ha'apai se produisent tous les 1000 ans.
La dernière s'étant produite en 1100, "l'éruption du 15 janvier semble se situer juste dans le cadre temporel pour être "importante"", écrit Cronin.
Melnick, pour sa part, avertit qu'il est trop tôt pour savoir comment la dimension de cette éruption se compare à celles d'autres éruptions récentes d'autres volcans.
Il faudra peut-être des semaines avant que la situation ne revienne à la normale, selon l'expert.
Il affirme également qu'il pourrait y avoir davantage d'activité volcanique, "mais il n'y aura pas d'éruption comme celle-ci, pas question".
"Ce qui peut arriver, c'est un nouvel effondrement car tous les matériaux sont instables, il pourrait y avoir un effondrement sous-marin et générer un autre tsunami, mais avec des effets plus locaux dans les Tonga ou les Fidji."
Cronin, pour sa part, ajoute que bien que cet événement ait libéré une grande pression de magma, on ne sait pas si c'était le point culminant de l'éruption.
L'expert indique que d'autres éruptions de la caldeira de ce volcan ont comporté plusieurs explosions distinctes.
"Nous pourrions être à plusieurs semaines ou même à plusieurs années d'un bouleversement volcanique majeur du volcan Hunga-Tonga-Hunga-Ha'apai", déclare Cronin.
"Pour le bien des habitants des Tonga, j'espère que non", conclut le volcanologue.