Celles-ci surviennent après une déclaration des ex-otages expliquant qu’ils n’avaient pas été libérés par les éléments du Bir.
Récit d’une scène de guerre. Nous sommes le 02 avril Sous la bannière de l’ « African Adventure », 12 touristes -07 Suisses et 05 Italiens- entrent au Cameroun par la localité d’Ekok, dans le Sud-Ouest. Les Européens sont attirés par une merveille locale : les « Twin Lakes ». Des lacs jumeaux situés à Moungo-Ndor, dans l’arrondissement de Nguti, département du Kupe-Manengouba. Ils sont malheureusement interceptés sur le chemin par un groupe d’hommes armés et cagoulés. Les visiteurs sont identifiés et voient leurs clés de voitures, ainsi que leurs documents officiels confisqués. Le rapport des évènements mis à disposition par le ministère de la Communication (Mincom) relève que les ravisseurs planifiaient l’exfiltration de leurs otages vers le Nigeria. Dans le même temps, une patrouille du Bataillon d’intervention rapide (Bir) est en ratissage entre les localités de Koumba et Nguti.
Des sources leur signalent la présence de plusieurs « Blancs » à bord de sept véhicules. Trouvant la situation suspecte, le capitaine Onana, chef de ladite patrouille, engage les recherches avec ses hommes. Le but de la manoeuvre est de connaître le mobile de leur présence dans cette zone dangereuse sans escorte des forces de sécurité. Arrivés à Nguti, le commando du Bir apprend que le convoi se dirige vers Moungo-Ndor. A l’entrée dudit village, ils constatent que les touristes sont encerclés par plusieurs hommes. Le capitaine Onana descend alors «du blindé léger dans lequel il était embarqué, pour faire signe aux Blancs de venir vers lui. Il sera surpris par une salve de tirs à l’arme de chasse de calibre 12 dont deux plombs vont le blesser», l’un l’atteignant sur une dent qui s’est cassée et l’autre sur la partie basse de son casque lourd de protection. Le combat s’engage.
Libération
Le capitaine se met aussitôt à couvert pour organiser la riposte contre les assaillants qui se servent des touristes comme boucliers humains. Il ordonne ensuite «au conducteur du blindé léger de procéder à une manoeuvre de reculement et de rotation sur 180° et de délivrer des tirs de dissuasion cadencés et précis au-dessus des terroristes et des otages». Face à la précision des tirs, les «terroristes prennent peur et s’enfuient. Dans leur tentative de retraite, ils sont arrosés par des éléments du Bir placés en embuscade.
«Certains seront neutralisés et d’autres parviendront à se fondre dans la brousse dense de la localité, mieux connue d’eux. Les ex-otages [sains et saufs] quant à eux sont conduits au poste de commandement Bir à Bachuo/Mamfé, après un premier ratissage de la zone de tirs». Au bilan, le capitaine Onana et deux soldats sont légèrement blessés et une arme des assaillants, dont plusieurs ont été tués, est récupérée.
Confusion
Si un rapport détaillé des évènements est parvenu à notre rédaction, c’est parce que la semaine dernière s’est achevée dans la confusion. Après l’enlèvement et la libération des touristes, le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary donne un point de presse le 03 avril dernier en compagnie des ex-otages qui ont été conduits à Yaoundé. Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji et son homologue des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, sont aussi présents. Mais, un évènement rapporté par la presse un jour plus tard sème le doute au sein de l’opinion.
Après le point de presse, les touristes font en effet une déclaration qui vient contredire le Mincom. S’ils avouent avoir été effectivement interpellés, ils affirment dans le même temps qu’ils se seraient extirpés eux-mêmes des griffes de leurs interlocuteurs armés, après avoir directement négocié avec eux. Les forces de sécurité camerounaises seraient intervenues bien après les négociations et n’ont fait que les escorter par la suite.
Une affaire qui amène néanmoins à s’interroger sur l’opportunité des touristes à faire une telle déclaration après et non pendant leur présentation aux médias. Par ailleurs, pourquoi s’aventurer sans escorte dans une zone hautement dangereuse, avec la présence potentielle de groupes sécessionnistes armés, lesquels ont déjà fait plusieurs otages, y compris des autorités administratives et des expatriés ? Des enlèvements parfois suivis de demandes de rançon.